Table of Contents Table of Contents
Previous Page  148 / 570 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 148 / 570 Next Page
Page Background

t58

LIVRE QUARANTE-'fl\OISIEME.

sitions de l'Anglctcrrc, qu'il avait rcnvoyé ses

poudres, qu'il rcnvcl'l'ail égalcmcnl M. 'fhorn–

lon, si M. Thornton se préscntait, r1u'il endon–

nail sa parolc d'honncur d'hommc el de souve–

rain. Alcxandrc dil cnfin que dansccl étal de

choses, l'cnvoi de M. de Ncssclrodc n'élait plus

possiblc, que sa dignilé le lui défcndail, el le

bon scns égalemcnt, car ccttc missionn'nbouti–

rail

a

ricn. M. de Lauríslon insislanl, soulcnant

que M. de Nessclrode scrail bien accucilli

a

Paris, Alcxandrc lui rapporla alors toul ce que

nous avons raconlé du silcncc significalif de

Napoléon

a

l'égard de la missionde M. de Nessel–

rode, de sa froidcur cnvcrs le princc Kourakin,

dalant de la nouvcllc mémc de cctle mission, el

finil par déclarcr qu'on avail su par d'aulres

voics que Napoléon la désappl'Ouvail. Celle

voic, qu'Alcxandrc indiquail sans la nommcr,

étail cellc de la Prussc, qui

a

tres-bonne intcn–

tion, croyanl clrc ulilc au mainticn de la paix,

avail foil parl des réOcxions de Napoléon sur

l'inconvénicnl de donner tl'Op d'éclal au voyagc

de M. de Ncssclrodc. Ainsi ccllc puissancc, daos

son désir honnélc de la paix, avail nui

a

cctlc

cause au licude la servi1'.

Alcxandrc, en lcnanl ce langagc, avait paru

plus ému que jnmais, mais aussirésoluqu'ému,

el avait parlé évidemmcnl en hommc qui ne

crnignait pas de

mont1·c1·

son chngrin de la

gucrrc, parce qu'il élait détcrminé

a

la fairc, el

11 la fairc terrible. 11 laissa M. de Lauriston aussi

affccté qu'il l'étail lui-mcmc, car cct cxccllcnt

citoycn voyail la gucrrc avcc une sorlc de déscs–

poir, prévoyant tout ce qui pourrait en résulter.

Du reste, il avail

rc~u

d'Alcxandrc un accucil

parfailcrncnt amical, et il en avait été comhlé de

soins. Sculcmcnl, pour répondrc aux froidcurs

qu'avait cssuyécs le princc Kourakin, on l'invi–

tail moins souvcnl

a

diner

il

la cour et dans

l'inlfricur de la farnillc impériale. Mais partoul

ou on lercncontrail, les prél'enancesélaicnl les

memcs. L'cxcrnplc donné par Alexandrc

il

la

société de Saint-Pétersbourg avait élé compris

par clic.

~l.

de Lauriston lrouvail en lous licux

des égards infinis, une politessc réservée, une

résolulion lranquillc el sans jactance, en un

mol, du chagrin saos faiblesse.

11

ne voyail de

tout cóté quedes gensqui craignaicnl la gucrrc,

mais qui étaicnL décidés 1 l'acccpter plutól que

de rétrogradcr en

dc~i1

des li:niles tracécs par

lcur cmpcrcur. Les

Fran~ais

n'éprouvaic11t nullc

partni injurcs ni maul'ais

lrailcmcnls.On

allcn–

dait dans une sortc de calme le momcnl de se

livrcr aux furcurs du patriolisme et de la

hainc.

M. de Lauriston, qui avait

rc~u

du

2~

janvier

au 5 février toutes les communications que nous

venons de rapportcr, les transmil i1 sa cour par

un courricr du 5 fél'ricr avcc une serupuleusc

cxaclitudc, et en y ajoulant une pcinlurc aussi

vraie que saisissanle de la situation descsprils

a

Sainl-Pétcrsbourg. Son courl'icr arriva du 1

au

17 fél'rier i1Paris.

11

avait été d'aillcurs précédé

par d'aulrcs, qui indiquaicnl

¡,

pcu pres le mcmc

élat dechoscs, el qui faisaienl présumcr, ce que

le dcrnicr

annon~ail

cnfin positivcmenl, que

M. de Ncssclrorlc ne partiraiL pas.

Napoléon, en obtcnanl l'assurancc que M. de

Nessclrodc ne vicndrail point

a

Paris, étail ar·

rivé

a

ses flns, mais il trouvail pourlanl la

Russie lrop résolue, et., bien qu'cllc lui parul

sullisammenl intimidéc pour ne pas prendre

l'offcnsivc, il appréhcndail loujours que des

csprits ardcnts ne l'entrainassent

a

franchir le

Niémcn, et

a

dcvancer les Fran9ais

a

Kronigs–

berg et

a

Danlzig. En conséquencc, il jugea op–

portun de conclurc ses allianccs, el de mcttrc

définilivcmcnt ses troupes en marche, afin de

ne pas arrivcr le dernicr sur la Vislule, et

prit soin d'accompagner ces acles décisifs de

quclqucs démarches poliliqucs qui fusscnt de

nalure

a

calmc1>les émolions du cabinct russc

en lui rcndant ccrlaincs cspérances de paix.

Jusqu'ici Napoléon n'avait pas voulu condure

ses allianccs de pcur de donncr trop d'évcil

a

la

Russic, el

il

faisait allcndrc notarnmcnt la mal–

hcurcusc Prusse, qui craignail toujours que ces

longs délais ne cachasscnt un piégc abominable.

On doil se souvcnir que Napoléon avait impé·

1·icuscmcnt cxigé d'cllc l"intcrruption de ses

armcmcnts, en la mcna9ant d'cnlcvcr Ilcrlin,

Spandau, Gl'audcnlz, Colbcrg, le roi, l'arméc,

toul ce qui rcstail de la monarchic du grand

Frédfric, siclic ne mcttail fin i1ses prépm·atifs, ·

el en lui cngageant au contrairc sa parolc, si

clic cédait, de condure avcc clic un traité cl'al–

liancc, clonl le prcmicr arliclc slipulcrait l'inlé–

grilé du lcrriloirc prussicn. Depuis le mois

rl'octobrc dcrnicr il la lcnait en suspens sous

divcrs prétcxlcs, el enfin il lui al'ail dil le vrai

motif de ses ajournemenls, qui étaiL parfaitc–

mcnt al'onable. Le mois de févricr venu, el les

choscs étanL arrivées au poinL de ne devoir

plus différc1', il prit son parti, el causa un sen–

sible mouvcmcnl de joic au roi et i1M. de llar–

dcnbcrg, en lcur

annon~anl

qu'on allait signcr