PASSAGE DU
Nll~MEN.
-
ntCE>JDRE
1811.
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pcndait d'cllc, avait répondu aux ministres eles
dcux puissanccs : Conseillcz la paix
o
d'aulres,
puisquc vous y tcocz tnnt, conseillcz-ln surtout
:\
ccux qui \
1
culcnt la gucrrc, et m'obligcnt
rnalgré moi
a
Ja préparer 1.
Aforce rl'entcndre répéter qu'on devrait bien
s'cxpliqucr avaut de s'égorge1', que le princc
Kourakin, usé aupri:s de Napoléon, plus proprc
i1
Ja rcpréscnlrtLion qu:aux affaircs, ne suffisaiL
pas pour apaiser Ja querelle, on avait fini i1
Saint-Pélcrsbourg par tourner les yeux sur un
hornmc trcs-proprc i1 rétnblir Ja bonnc intúlli–
gcncc si clic pouvait ctrc rélablic, sur M. de
Ncssclrodc, sccrétnire¡wincipnl de In légntiondc
Paris 1 fort jcunc alors, mais déji1fort remarqué,
esprit fin, clairvoyant et sage, inspirant des cctle
époque grande confiance
a
Alcxandrc, pris nu
sérieux par Napoléon bcaucoup plus que le
prince Kourakin, et actuellcrnent en congé
a
Saint-Pétcrsbourg. On lui avait cntcndu dire dc–
puis son rclour de Paris que, si on
Je
roulnit
bien, tout pourrait s'arrangcr ; que Napoléon
n'élait pas aussi passionné pour
In
g11crrc
qu'on
Je croyait généralcrnent ; qu·avcc lui il fallait
s'cxpliqucr dirccterncnt, parler clair et net, et
c¡u'cn s'y prcnant de Ja sortc on pouvait avoir sa–
tisfoctioni et arrivcr
ü
un nccommoclcmcnl liono–
rablc. On avait done songé i1 M. de Nessclrode,
et on était tenté de fonvoycr
a
Pnris
:l\'CC
des
instn1ctions et des pouvoirs pour t1·aiter loutcs
les qucstions récrmmcnl soulcvécs, et
crweni–
mécs bien moins pnr ce qu'on avail dit que ¡rnr
ce c¡u'on avait omis de dirc. M. de Ncssclroclc se
montrait flatté,
i1
son
ñ~c,
d'unc si lrnule mis–
sion, et disposé
ii
tout fairc pour en assurc1· le
succcs. Malheurcuscmcnt ce qui le flatlnit iuspi–
rait une fñchcusc jalousic
¡,
M. de RomanzofT,
fort intércssé pourlnnt i\ prévenir la gucrrc,
mais prcnant ornbra¡;e des progri:s du jcunc
diplomatc et de la eonfiancc qu'Alcxnndrc scn1-
hlait tui témoigncr.
JI
opposait done ecrtnincs
objcctions
¡,
ccttc mission, bien que du reste
il
füt pre!
iJ
bcaucoup de sncrificcs JlOUr mninlcnir
In paix, et mernc l'allianee avce Ja Fi·ancc. Une
objcction de M. de RomanzofT, qui louchait
Alcxandrc ¡, cause de Ja susccptibilité russc,
c'était de paraitrc implorcr la paix par l'cnvoi
d'uo diplo111atc ayant rnission spéciale de la né–
gocicr, surlout quand onn'était pas les prcmicrs
nuleursdesmesuresjuslemcnt considérécscornme
provocalriccs.
1
Jc'parlcd'aprl:slcs tlépCchcs p1'11ssicnncs clnnt1·ichic1111cs
c\les-m(:mcs.
CO!UtJLAT.
4
Toutcfois un événcmcnt hcurcux pour les
Russcs, surrcnu réccmment enTurquic, fournil
une occnsion qu'on résolut dcsaisirpour cnvoycr
JI.
ele Ncssclrocle
a
Pnris, sans se donner une
apparcncc de faiblcssc. Le ¡;énéral Kutusof,
clrnrgé en ce momcnt de dirigcr lagucl'l'e, nrnit
mi
h
profit l'incurie des Tures. <¡ui :-iprCs avoir
rcpris Rulschuk étaicnt dcrncurés inaclif·, les
avait altirés pres ele Nicopolis en fcignant d'y
vouloir ¡rnsscr le Danubc, puis l'avail fr:rnchi
pres de Rulschuk, avait surprisle campdn vizir,
dispersé une portie ele ses troupes, et tcnait Je
reslc ét11oitcmcnL bloqué dans une ilc du ílcuvc.
Ce
succC~,
qui scmblnil dcvoir conlrnindrc la
Porte
a
traitcr, nYnil causé une ¡;rancie joic :'1
Sainl-Pélcrsbourg, oU il nvnil été eonnu en
novcmhrr 181
J.
Sur-lc-champ on avaiLautorisé
le
générnl l<utusof
:1
ouvri1•une négocialion, el
i1 ¡u·oposcr la paix en se désislant des prcmii:rcs
prélentions russcs. Ainsi on ne drmnndait plus
les provinres clu Danuhc, e'rst-i1-dirc Ja Bcssa–
rahie, Ja
~lolclavie
el Ja Valachic,
nrni~
Ja Hcssn–
rnbic et In Moldnvic sculcmcnt, ccllc drrnii:1·r
jnsqu'au Sc1·c1h; une so1·te cl'indépt'nclancc pou1·
la Yalochic et Ja Scr1•ic, un pclit tcr1·iloirc du
cólé du
Cnucnsc,
i1
l'cmliouchurc du
Plrnsc,
et
une sommc de ''ingl millions de pinslrcs
i1
litre
d·inclemnité de gucrrc. Des poul'p:1lcrs s'éLnirnl
eng:igés sur ces hnscs
~1
Giurgewo, el un rirmi–
slicc de plusicur·s moisnvail élé
cnmcnu.
Achn–
q11c
inslant
on
cspc:rnit ;\
S:1inl-Péterslwurg
Yoii·
nrrirc1·un courricrqui annoncernit Inconclusion
ele Ja paix.
Ces résultats, quoiqu'ils fusscnt moins brillants
que ccux qu':wait revés Alcxandrc,
C:ll'
¡¡ s'élnit
flntté, outrc la Finlande, cl'njoutcr elu rneme
coup
n
son rmpirc Ja llcssarahic, la Moldavic
et la Valachie, étaicnt cléji1
fort
bcaux. et Ja scule
acquisition ele la Finlande et ele Ja Jlcssarabic
signalnit
d\mc
nrnniCrc bien nssez éclnt:rntc les
délwts d\111 rcgne qui promcltait d'étre fort
long cncore. Mais ces résultnts lui conrcnaienl
bien dtwnntnge sous un nutre rapport, e'éLniL de
pouvoir cnvoycr M. de Ncssclrocle
:'1
Paris, sans
qu'on c1·i:il it In faiblcsse dans les snlons de Saint–
Pélcrsuourg.
~Jailrc
de loutes ses forces
p:11·
la
fin ele la guerrc sur Je Danuhc, il paruissait nu–
lnntdonncrJa paixque l:i rcccrnir, snns comptcr
<tu'ilétait en mesure ele l'oblenir bien mcillcure.
On prépnrn done les instruclions ele M. de
Ncsselrodc. Alexand1·c prit Inpeine de les rédigcr
Jui-mcmc, et aulorisa M. de Lauriston it aonon–
ccr le prochain départ clu no111·eau plénipolen-
9