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LlVfiE QUARANTE-DEUXIEl\lE.
pcu d'clfet, et s'était enfin mis en marche pour
venir au sccom·sde la place assiégée. 11 amcnait
avcc lui 1•ingt-quatre mille hommcs, sculc t1·oupe
active dont il lui füt pcrmisde disposer ens'obs–
Linant
a
conscr1•cr Grcnadc et Sévillc' et
il
accourait
ú
Llcrcna dans l'cspéranccd'y trouvcr,
commc l'été précédcut, le maréchal Marrnont
avec trente millc hommcs ! Vaine cspérancc! le
maréchal Marmonl n'y était pas! La nouvclle
du désastrc de Badajoz jeta le marécbal Soult
dans une véritable constcrnatiou, car le scul
trophéc de sa campagnc
<~Audalousic
lui avait
des lors échappé, et lord Wcllington, s'il était
tentéd'opéi-cr par l'Estramadurcet l'Andalousic,
en avoit d'avancc toutcs les portes ouvcrtcs.
Le maréchal Marmont , de son cóté, n'était
pas dcmcuré oisif. Fixé en Vieillc-Castillc par
les ordrcs formcls de Napoléon, il avait cu rc–
cours, en apprcnant l'cxtrémité ;\ laquelle était
réduite la ville de Badajoz,
a
la maureuvrc qui
lui avait été prescrito. 11 avait passé l'Agucda
arce cinq divisions, n'cnpouvantnmencr davan·
tage; il avait dispmé les bandcs qui infcstaieut
lepays, rcfoulé les détachements de troupes an–
glaiscs qui gardaient la fronticrcdu Portugal, et
puis s'était arrété par crainle de manqucr de
vinos, et par la conviction aussi qu'il faisait
quelquc chose de parfaitemcnt inutilc. Toutcfois
sa manreu1•1·e n'était pas absolurnent restéc sans
efl'et, car
ii
la nouvcllc de son apparition, !01·d
Wcllington, qui aUl'ait pu ét1·e tenté de sejeter
sur lemaréchal Soult qu'il savait réduit
a
vingt·
quatre mille hommcs, avait sur-le-champ sus–
pcndu sa marche, et repris la route du nord du
Portugal.
Napoléon, en voyant tombcr coup sur coup
les deux places qui avaient coúté Lant des;rng et
d'clforts, et qui étaicnt les principaux obstaclcs
placés sur la route des Anglais soit au nord, soit
au midi, ful aussi affiigé qu'ir1·ilé, et s'en prit
a
tout le monde, au maréchal Soult , qui avcc
80 millchomrncs ne faisail ricn, disait-il, au ma–
réchal Marmont, qui n'avait pas su modifier des
ordrcsdonnés
ii
trois cents licues du thé;\tre de
la gucrre. Ces reproches n'étaicnLque trcs-in–
complétcmcnl mérités. J,c maréchalSoult n'avait
gucrc en ce momcnt plus de
50
millo hommcs
disponibles, et n'aurait pu s'opposerséricuscmcnt
auxcntrcpriscs des Anglais qu'cnsacrifiantGrc–
nadc. Son tort vérilablc avaiL été de laissc1· inu–
tilement le corps dugénéral Drouct en Eslrama–
durc, oU ce corps ne pouvait ricn,
cL
de ne
l'avoir pas loul simplemcnt ramcné
ii
lui, en lais-
sant dix millc homn1cs el quclquc cavalcrie dans
Badajoz,avcc un approvisionncmcnt suffis::mL en
vi1•1·cs et en poudre. Jladajoz aurail ainsi tcnu
plusicurs mois, et donné le temps de venir 1son
secours. Quant au nrnrécLal Marmont, l'ordrc de
restcr en Vicillc-Caslillc, de ne pasdcsccndre en
Estrama<lure, et de n'allcr au sccoursde Badajoz
que par unedivcrsionopérée dans la province de
Bcfra, était si précis, qu'aucun général, quelque
hardi qu'il füt, n'aurait osé y manquer"
La position que ce maréchal avait prisc dans
!'origine, celle d'Almaraz sur le Tagc , était la
seulc convcnable, la sculc qui lui cut pcrmis de
se portcr tour
a
tour au seCOUl'S de Ciudad-Ro–
drigo oude Jladajoz.Siencfl'clonlui avaitaccordé
un rcnfort de viagt millc hommcs qu'il aurait
placés 1
Salamanr.uc, il aurait pu marchcr sur
Badajoz avec les
50
millequ'il al'aitsur leTagc,
el réuni
u
l'armée d'Andalousic, il aurait pre–
senté
~5
millo combatlanls
a
lord. Wcllington,
ce qui cút suíli pour saul'cr Badajoz. Si au con–
trairc le dangcr avait été au nord,
il
aurait pu
rcpasscr le Guadarrama, et, y troub nt les
20
millc hommes élablis
a
Salamauque, il en
auraiL cnco1·e présenlé
50
mil!e 1 lord Wel–
lington sous les murs de Ciudad-Rodrigo, et
déjoué ainsi loutes ses
tcntativ~s.
En lui refusant
un rcnfort de vingt millehommcs et en le füant
enVieille-CasLillc, Napoléon avait rcndu prcsquc
inévitable la chute de Badajoz. Ccrtaincment la
penséc d'unc diversion dirigéc de Salamanquc
sur le Bc'ira était juste, comme loute penséc de
Napoléon sur la gucrrc devait l'clrc , et le ré–
sullat vcnait de le prouver, puisqu'elle al'ait ra–
mené lord Wcllington vcrs le nord du Portugal
le lcndcmain de la prisc de Badajoz : mais clic
l'al'ait ramcné le lcndcmain, et non la vcille
!
Celle pcnséc était juste, mais de cctte justcsse
Générale qui dans l'cxécut.ion ne suílit pas, car
sans une précision rigourcusc dans le calcul des
dislunccs, des tcmpset des forces, les pensées les
plus justes dcl'ienncnt ou chimél'iques ou fu–
ncstcs. Snns doutc si Badajoz avaiL contcnu dix
millc hommcs de gal'llison, de la poud1·c et des
vivrcsenquantitésuffisanlc, si leduc de fülguse
avait cu cinquantc millc hommcs, ou
1t
luí , ou
cmprunlés
a
l'arméedu général Cafl'arclli placéc
sousses ordrcs, s'il avaiL cu de plusdes magasins
toujours approvisionnés, et que dansces condi–
tions
il
Clit
sfricuscmcnt marché sur Coimbrc,
lordWcllinglonaurait infailliblcmcnL liichéprise
une sccondc fois, et abandonné le siégc de Ba–
dajoz. Mais Badajoz ayant
11
peine de quoi se