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{24

LlVfiE QUARANTE-DEUXIEl\lE.

pcu d'clfet, et s'était enfin mis en marche pour

venir au sccom·sde la place assiégée. 11 amcnait

avcc lui 1•ingt-quatre mille hommcs, sculc t1·oupe

active dont il lui füt pcrmisde disposer ens'obs–

Linant

a

conscr1•cr Grcnadc et Sévillc' et

il

accourait

ú

Llcrcna dans l'cspéranccd'y trouvcr,

commc l'été précédcut, le maréchal Marrnont

avec trente millc hommcs ! Vaine cspérancc! le

maréchal Marmonl n'y était pas! La nouvclle

du désastrc de Badajoz jeta le marécbal Soult

dans une véritable constcrnatiou, car le scul

trophéc de sa campagnc

<~Audalousic

lui avait

des lors échappé, et lord Wcllington, s'il était

tentéd'opéi-cr par l'Estramadurcet l'Andalousic,

en avoit d'avancc toutcs les portes ouvcrtcs.

Le maréchal Marmont , de son cóté, n'était

pas dcmcuré oisif. Fixé en Vieillc-Castillc par

les ordrcs formcls de Napoléon, il avait cu rc–

cours, en apprcnant l'cxtrémité ;\ laquelle était

réduite la ville de Badajoz,

a

la maureuvrc qui

lui avait été prescrito. 11 avait passé l'Agucda

arce cinq divisions, n'cnpouvantnmencr davan·

tage; il avait dispmé les bandcs qui infcstaieut

lepays, rcfoulé les détachements de troupes an–

glaiscs qui gardaient la fronticrcdu Portugal, et

puis s'était arrété par crainle de manqucr de

vinos, et par la conviction aussi qu'il faisait

quelquc chose de parfaitemcnt inutilc. Toutcfois

sa manreu1•1·e n'était pas absolurnent restéc sans

efl'et, car

ii

la nouvcllc de son apparition, !01·d

Wcllington, qui aUl'ait pu ét1·e tenté de sejeter

sur lemaréchal Soult qu'il savait réduit

a

vingt·

quatre mille hommcs, avait sur-le-champ sus–

pcndu sa marche, et repris la route du nord du

Portugal.

Napoléon, en voyant tombcr coup sur coup

les deux places qui avaient coúté Lant des;rng et

d'clforts, et qui étaicnt les principaux obstaclcs

placés sur la route des Anglais soit au nord, soit

au midi, ful aussi affiigé qu'ir1·ilé, et s'en prit

a

tout le monde, au maréchal Soult , qui avcc

80 millchomrncs ne faisail ricn, disait-il, au ma–

réchal Marmont, qui n'avait pas su modifier des

ordrcsdonnés

ii

trois cents licues du thé;\tre de

la gucrre. Ces reproches n'étaicnLque trcs-in–

complétcmcnl mérités. J,c maréchalSoult n'avait

gucrc en ce momcnt plus de

50

millo hommcs

disponibles, et n'aurait pu s'opposerséricuscmcnt

auxcntrcpriscs des Anglais qu'cnsacrifiantGrc–

nadc. Son tort vérilablc avaiL été de laissc1· inu–

tilement le corps dugénéral Drouct en Eslrama–

durc, oU ce corps ne pouvait ricn,

cL

de ne

l'avoir pas loul simplemcnt ramcné

ii

lui, en lais-

sant dix millc homn1cs el quclquc cavalcrie dans

Badajoz,avcc un approvisionncmcnt suffis::mL en

vi1•1·cs et en poudre. Jladajoz aurail ainsi tcnu

plusicurs mois, et donné le temps de venir 1son

secours. Quant au nrnrécLal Marmont, l'ordrc de

restcr en Vicillc-Caslillc, de ne pasdcsccndre en

Estrama<lure, et de n'allcr au sccoursde Badajoz

que par unedivcrsionopérée dans la province de

Bcfra, était si précis, qu'aucun général, quelque

hardi qu'il füt, n'aurait osé y manquer"

La position que ce maréchal avait prisc dans

!'origine, celle d'Almaraz sur le Tagc , était la

seulc convcnable, la sculc qui lui cut pcrmis de

se portcr tour

a

tour au seCOUl'S de Ciudad-Ro–

drigo oude Jladajoz.Siencfl'clonlui avaitaccordé

un rcnfort de viagt millc hommcs qu'il aurait

placés 1

Salamanr.uc

, il aurait pu marchcr sur

Badajoz avec les

50

millequ'il al'aitsur leTagc,

el réuni

u

l'armée d'Andalousic, il aurait pre–

senté

~5

millo combatlanls

a

lord. Wcllington,

ce qui cút suíli pour saul'cr Badajoz. Si au con–

trairc le dangcr avait été au nord,

il

aurait pu

rcpasscr le Guadarrama, et, y troub nt les

20

millc hommes élablis

a

Salamauque, il en

auraiL cnco1·e présenlé

50

mil!e 1 lord Wel–

lington sous les murs de Ciudad-Rodrigo, et

déjoué ainsi loutes ses

tcntativ~s.

En lui refusant

un rcnfort de vingt millehommcs et en le füant

enVieille-CasLillc, Napoléon avait rcndu prcsquc

inévitable la chute de Badajoz. Ccrtaincment la

penséc d'unc diversion dirigéc de Salamanquc

sur le Bc'ira était juste, comme loute penséc de

Napoléon sur la gucrrc devait l'clrc , et le ré–

sullat vcnait de le prouver, puisqu'elle al'ait ra–

mené lord Wcllington vcrs le nord du Portugal

le lcndcmain de la prisc de Badajoz : mais clic

l'al'ait ramcné le lcndcmain, et non la vcille

!

Celle pcnséc était juste, mais de cctte justcsse

Générale qui dans l'cxécut.ion ne suílit pas, car

sans une précision rigourcusc dans le calcul des

dislunccs, des tcmpset des forces, les pensées les

plus justes dcl'ienncnt ou chimél'iques ou fu–

ncstcs. Snns doutc si Badajoz avaiL contcnu dix

millc hommcs de gal'llison, de la poud1·c et des

vivrcsenquantitésuffisanlc, si leduc de fülguse

avait cu cinquantc millc hommcs, ou

1t

luí , ou

cmprunlés

a

l'arméedu général Cafl'arclli placéc

sousses ordrcs, s'il avaiL cu de plusdes magasins

toujours approvisionnés, et que dansces condi–

tions

il

Clit

sfricuscmcnt marché sur Coimbrc,

lordWcllinglonaurait infailliblcmcnL liichéprise

une sccondc fois, et abandonné le siégc de Ba–

dajoz. Mais Badajoz ayant

11

peine de quoi se