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DRESDE ET VITTORIA. -

JUIN

-1815.

89

J,e comte de Valmy,

fils.du

vieux duc de Valmy,

fiut placé

a

la tete du.quatrieme. Napoléoo <m

voulllJ~

créer un cinquieme avec des

régimer~ts

nouvel1leID;ent tirés d'Espagne. D.epuis qu'il avait

donné l'ordre d'évacuer

l\fad~'id,

et de coucentrer

tolilles les foi:ces franc¡aises daos le nord de Ja

Péninsule, la cavalerie qui avait eu pour mis–

sion principale de lier entre cux tes divers corps

d'occupation, était beaucoup moins

nécessai.re

.

Il y avai·t enoore trente-six régiments de cavalerie

dans la Péninsule, dnnt vingt de dragoJ¡ls, onze

de chasseurs,

ci.nq

de hussards. Napoléon crut

que c'étaj.t assez de vi,ngt, Slil.rtout en ne prenant

que

J.es

cadres, et

~n

laissant Ja plus grande pali-tie

des hommes en. Es.pagne.

ll

ordonna done. Je

dépiri¡t de dix I,'égiments de dragons, quatre de

chasse.urs, deu.x de bussards. Il en destina deux

a

l'Italie, quatorze a l'A11emagoe, et recommanda

de transporter tout de suite ces cadrcs

a

Mayence,

ou ils. a1llaicnt se remplir de sujets empruntés

aux dernieres conscriptions et

déj~

passablement

i.nstruits. Les chevau.x requis en France, et payés

comptant, devaient servir a les monter. Napo–

Iéon se pNtnettait en,core quatorze ou quinze

miHe cavalicrs, pro,veuant de cettc origine, et

enfermés tous dans des cadres excellents. C'était

un derniev supplément qui a

l'au~omne

devait

p@rter a soixante-quinze mille hommes au moins

le total cl.e sa cavalerie. A ces préparatifs pour

l'infanterie et la cavalerie, Napotéon ajouta ceux

qui conccrnaient l'artillerie, et il

fit

ses disposi–

tions

pe.ur

qu'elle put met.tre en mouvement

miUe bouches a feude

ca~pagne.

Ainsi établi sur Ja Iigne de l'Elbe, qu'il avait

rendue .formidable par les appuis qu'il s'y était

ménagés, Napoléon se flattait d'avofr sans les

garnisoos 400 mille combattants, plus 20 mille

en Baviere et 80 mille en Italie, ce qui porterait

la

to~al~té

de ses ressources

a

ñOO

mille hommcs

de troupes actives, et

a

700 mille en y compre–

nant les no.r;i. présents sous les armes. C'était pour

atteindre

a

ces nombres énormes, suffisants dans

sa puissante main

po.ur

battre la coalition, meme

accrue de l'Autriche, qu'il avait consentí a un

armistice qui donnait aux coalisés le temps

d'échapper

a

ses poursuites, et malheureusernent

aussi celui d'augmenter considérablement leurs

forces. La question était de savoir si, en fait de

création de ressourccs, le temps profiterait aux

coalisés autant qu'a Napoléon. Les coalisés, il

est vrai, n'avaient pas son génie, et c'est sur quoi

il foodait ses espérances, muis ils avaient la pas–

sion, seule chose qui puisse suppléer au génie,

surtout quand elle est ardente et sincere. Napo–

léon, ne tenant guere comple de la passion,. avait

supposé que le temps lui servirait plus qu'a ses

ennemis, et c'est dans cct espoir qu'il mettait tant

d'art a le bien cmploycr en fait de préparatifs

militaires, et

a

le perdre en fait de négociations.

La réponse envoyée

a

M. de

1\1

etternicb, le

15 juin, avait été interprétée comme elle devait

l'etre, et l'habile ministre aulrichien avait par–

faitement compris que lorsque sur quar¡;¡nte jours

restant pour négocier la paix généralc, on en

perdrait d'abord cinq pour répoqdre a la r;iote

constitutive de la

média~ion;

indépendamment

de ceu.x qu'on allait perdre encore pour

i

1

ésoudre

les questions de forme,

il

fallait en concl,ure

qu'on était

p.eu

pressé d'arriver a une soJution

pacifique. 11 se pouvait, a la vérité, que N:;ipo–

léon ne voulUt dire sa véritable pensée que daos

les derniers momcnts; il se pouvait aussi que

dans les difficultés qu'il avait soulevées, il y

er~

eut quelqu'une qui Jui tint sérieusement

a

creur, et par ces considéra tions M. de Metter–

nich ne désespérait pas complétement de la paix,

soit aux conditions proposées par l'Autriche,

soit

a

des con.ditions qui s'en approcheraient.

Dans !'un et l'autre cas, il avait pensé qu'il fallait

a son. tour attendre Napoléon , en employant

toute(ois un moyeu de le stimulcr. Les deux sou–

verains de Prusse et de Russie insistaíent vive–

ment pour voit' l'empereur Frarn;ois, da ns l'es–

pérance de l'attacher définitivemcnt

a

ce qu'ils

appelaient la cause européenne. Mais l'empereur

Franc¡ois, croyant devoir

a

sa qnalité de pel'e et

de médiatcur, d'observer une extreme réserve

a

l'égard de deux souverajns devenus ennemis im–

placables de la France, ne voulait pas, tant qu'il

n'aurait pas été contraint

a

nous déclarer la

guerre, s'aboucher avec eux. Les memes raisons

de réserve n'existaient pas pour M. de Metter–

nich, et ce ministre s'était rendu a Oppontschna

afin de conférer avec les deux rnonarques coali–

sés. Son intentíon était de profiter de cette occa–

sion pour les amener a ses idées, chose plus facíle

sans doute que d'y

am~ner

Napoléon, mais diffi–

cile aussi, et exigeant bien des soins et des

efforts, car ils voulaient la guerre tout de suite,

a

tout prix, et jusqu'au renversement de Napo–

léon, ce qui n'était pas encore, du moíns alors,

le point de vue de l'Autriche. M. de Metternich

était done parti ostensiblement, certain que lors–

que Napoléon le saurait en conférence avec les

deux souverains, il en éprouverait une vive ja–

lousie, et au lieu de luí refuser de venir

a

Dresde,