DRESDE ET VlTTORIA. -
JUIN
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plus par bataillons. Il ne manquait que les troi–
siemes bataillons, qui allaient elre bienlot dispo–
nibles
a
leur tour, et alors tous les régirnents
devaient etre
port.ésa
quatre bataillons. Le
maréchal Davoust forma avec les siens quatre
belle~
divísíons, et le maréchal Víctor trois.
Tandis que ces organisations s'achevaient, Napo–
léon arreta l'emplacement et l'emploi de ces
deux corps d'armée. Celui du maréchal Víctor,
resté en arriere jusqu'ici, fut acheminé sur la
ligne frontiere de l'armistice, et cantonné le
long de l'Oder, aux environs de Crossen, pour
achever de s'y instruire, et pour s'y appF.ovi–
sionner conformément aux prescriptions adres–
sées
a
tous les autres corps.
Napoléon pensant que, pour garder les dépar–
tements banséatiques et
l~
has Elbe, le maréchal
Davoust, rcnforcé par les Danois, aurait trop de·
quatre divisions, car d'apres toutes les vraisem–
blances les grands coups devaient se porter sur
l'Elbe supérieur, imagina de partager le corps
de ce maréchal, de lui laisser deux divisions,
d'en éonfier·deux au général Vandamme, et de
placer celles-ci
a
Wíttenberg, d'ou il pourrait les
attircr
a
luí, s'il en avait besoin, ou les l'envoyer
sur le has Elbe, si elles devenaicnt nécessaires
au maréchal Davou st.
Les autres corps destinés
fi
renforcer la masse
des troupes actives s'organisaient
a
Mayencc.
La, comme on doit s'en souvenir, se rendaient
les cadres tirés de France ou d'Espagne, qu'on
remplissait sur les bords du Rhin de conscrits
rapidement instruits, et qu'on réunissait ensuite
des qu'on avait pu se procurer deux bataillons
du meme régiment, afin d'éviter autant que
possible la formation vicieuse en régiments pro–
visoires. 11 y avait
a
Mayencc quntre divisions
dont i'organisation était prcsque achevée, et qui
dans deux mois seraient en aussi bon état qu'on
pouvait l'espérer dans la situation des choses.
Napoléon les destinait au maréchal Saint-Cyr,
blessé en
1812
sur la Dwina, mais actuellement
remis de ses fatigues et de sa blessure. C'étaient
par conséquent trois corps d'armée, ceux du ma–
réchal Victor, du général Vandamme, du maré–
chal Saint-Cyr, comprenant environ 80 mille
hommes d'infanteric, sans les armes spéciales,
dont Napoléon allait accroitre ses forces en Saxe
contre l'apparition éventuelle de ' l'Autriche sur
le théatre de la guerre. Ce puissant renfort était
indépendant de l'augmentation que clcvaient
recevoir les corps avec lesquels il avait ouvert la
campagne. Outre les quatre divisions déja pretes
a
l\layence, Napoléon avait encore rassemblé les
élémcnts de deux autrcs, qui allaient se former
sous le maréchal Augcreau, et etre rejointcs par
deux divisions bavaroises. La cour de Baviere un
moment attirée, comme la Saxe,
a
la politique
médiatrice de l'Autriche, s'était subitement
rejetée en arriere, des qu'on lui avait demandé
sur les bords de l'lnn des sacrifices sans compen–
sation. Elle s'était hatée de renouveler ses arme–
ments, et on pouvait compter de sa part sur deux
bonnes divisions,
a
la condition toutcfois que la
victoire viendrait contenir ]'esprit de son peuplc,
et encourager la fidélité de son roi. Ces quatre
divisions, deux franc;aises et deux bavaroiscs,
devaicnt menacer l'Aulriche vers le haut Pala–
tinat.
Enfin Napoléon avait suivi avec son attention
accoutumée l'exécution des ordres donnés au
prince Eugene, pour qu'avec les cadrcs rcvenus
de Russie, avec ceux qui revenaient chaque jour
d'Espagne, on rcfit en ILalie une · arméc de
soixante mille hoinmcs,
a
laquelle
il
voulaitjoin–
dre vingt mille Napolitains. l\'Jurat, toujours
flottant entre les sentiments les plus contraires,
blessé par les traitements de . Napoléon, mais
voulant avant tout sauver sa couronne, ne
sachant ayee qui elle seraitsauvée plus surement,
ou avec l'Autrichc, ou avec la Francc, faisait
encore attendre l'envoi de son contingent. Napo–
léon
a
peine rentr·é
a
Dresde l'avnit sommé de
se décider, et avait enjoint
a
M. Durand de
Mareuil, ministre de France
a
Naplcs, de se
retirer si les ordres de marche n'étaient donnés
immédiatement au corps napolitain.. 11 rcstait
dans les dépóts de quoi fournir six a sept mille
hommes de cavalerie légere
a
la future armée
d'Jtalie, ce qui suffisait dans cette contrée, ou la
cavalerie, trouvant peu l'occasion de cbarger en
ligne, n'était qu'un moyen de
s~éclairer.
Les
arsenaux et les dépots d'Italie contenaient encore
les éléments d'une belle artillerie. Napoléon se
flattait done d'avoir en Italie au 1
er
aout une
armée de 80 mille hommes, pourvue de 200
bouches
a
feu , menac;ant d'envahir l'Autriche
par l'Illyrie, et ayant pour but Vienne elle-meme.
11 calculait que l'Autriche, eut-elle armé trois
cent mille hommes, ce qui était bcaucoup dans
l'état de ses finances et avec le temps dont elle
disposait, n'cn pourrait pas tirer plus de deux
cent mille combatta.nts présents au fcu, dont
iLfaudrait qu'elle détournat cinquante mille pour
tenir tete au prince Eugene en Italie, trente
mille pour faire face au maréchal Augereau en