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DRESDE ET VITTORJA. -

ju1N

i8i5.

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fours, afin de pouvoir

y

nourrir une centaine

de mille hommes pendant neuf ou dix jours,

on va voir dans quelle intention. Sur le ro–

cher opposé situé a la rive droite, celui de

Lilienstein, presque tout était a créer. Napoléon

co~manda

des travaux rapides qui permissent

d'y l'oger deux mille hommes en sureté, et en

chargea le général Roguet, l'un des généraux

distingués de sa garde. Puis il

fit

ramasser le

nombre de bateaux nécessaires pour y jeter un

pont spacieux et solide, capable de donner pas–

sage a une armée considérable, et qui, protégé

par ces deux forts de Lilienstein et de Koonig–

stein, ftit

a

l'abri de toute attaque. Dans sa pro–

fonde prévoyance, Napoléon calculait que si une

armée ennemie, réalisant les pronostics de plus

d'un esprit alarmé, débouchait de la Bobeme

sur ses dcrrieres, pour attaqucr Desde pendant

qu'il serait sur Bautzen par exemple,

il

pour–

rait passer l'Elbe a Krenigsteio, et prendre

a

revers ce.tte armée imprudente. Oo reconnaitra

bientót quelle vue pénétrante de l'aveoir sup–

posait une telle précaution.

Apres Koonigstein et Lilienstein, placés au dé–

bouché des montagnes, venait Drcsde, centre

des prochaines opérations, Dresde, qui allait

devenir, cornme nous l'avons déja dit, ce ;que

Vérone avait été dans les guerres d'Italie. Pen–

dant sa derniere campagne d'Autriche, ne vou–

lant pas exposer Dresde a etre le but des opéra–

tions de l'ennemi' et désirant épargner

a

son

placide allié, le roi de Saxe, l'épreuvc d'un

siége, Napoléon avait conseillé aux ministres

saxons de démolir les fortifications de Dresde,

et de les remplacer par celles de Torgau. Par

une négligence trop ordinaire, on avait démoli

Dresde sans édifier Torgau, dont les ouvrages

étaient

a

peine commencés. C'était chose fort

regrettable, mais Napoléon y pourvut par des

travaux qui, bien qu'improvisés, devaient suffire

a

leur objet. De l'enceinte de Dresde il restait

les bastions, qu'il

fit

réparer

e~

armer. Il suppléa

aux courtines par des fossés rcmplis d'ca u et par

de fortes palissades. En avant de Dresde, cornme

dans toutes les villes déja anciennes, il existait

de grands faubourgs, dont la défense importait

autant que celle de la ville elle-meme. Napoléon

les

fit

.envelopper de palissades, et, en avant de

toutes l,es parties saillantes de leur pourtour,

i1

ordonna de construire des redoutes bien armées,

se flanquant les unes les autres, et oífrant une

premicre ligoe d'ouvrages difficile

a

forcer. Sur

la rive droite, c'est-a-dire dans la Neustadt (ville

neuve),

il

décida la construction d'nne suite

d'ouvragcs plus serrés, qui devinrent bieotót

une vaste tete de pont prcsque complétement

fortifiée. Deux ponts en charpente, établis l'un

au-dessus, l'autre au-dessous du pont de pierre,

servaient avec celui-ci aux communications de la

ville et de l'armée. Les choses ainsi disposées,

trente mille hommes devaient se soutenir dans

Dresde environ quinze jours contre deux cent

mille hommcs, si un chef de grand caractere

était cbargé du commandcment. A ces moycns

de défense, Napoléon ajouta d'immenses maga –

sins, doot nous ferons bientót connaitre le mode

d'approvisionnement, ainsi que de vastes hópi–

tattx, suffisants pour l'armée la plus nombreuse.

11 y avait déja seize mille malades ou blessés

dans Dresde ; il en prépara l'évacuation, afin

d'avoir a sa disposition les seize mille lits qui

deviendraient vacants, outre tous ceux qu'il

allait établir encore . Avec les toiles de la Silésie

il avait de quoi se procurer le principal matériel

de ces hópitaux.

Apres Dresde Napoléon s'occupa de Torgau et

de Wittenberg. 11 avait pour príncipe qu'avec

du bois on pouvait tout, et que des ouvrages en

tert·e pourvus de fortes palissades étaient capa–

bles d'opposer la plus longue résislance. C'est

aiosi qu'il résolut de suppléer

a

ce qui manquait

aux fortifications de Torgau et de Wittenberg, et

il

donna les ordres oécessaires pour que ces tra–

vaux fussent achevés en six ou sept semaines.

Des milliers de paysans saxons bien payés tra–

vaillaient jour et nuit a Krenigstein, a Dresde,

a

Torga u,

a

Wittenberg. Sur ces deux deroier

points comme sur les autres, l'établisscment des

magasins et des hópituux accompagnait la con–

struction des ouvragcs défensifs. A Magdcbourg,

l'une des plus fortes places de l'Europe,

il

n'y

avait ríen ou presque ríen

a

ajouter en fait de

muraillcs; il suffisait d'en terminer l'armemcnt

et d'en composer Ja garnison . Napoléon résoluL

d'y consacrer un corps d':wmée, qui, sans etrc

entier ement immobilisé, put tout

a

la fois servir

de garnison et rayonner autour de la place, de

maniere

a

Her entre elles nos deux principales

mas~es

agíssantes, celle du haut Elbe et celle du

has Elbe. Dans cette vue, il imagina de tT'ansfé–

rcr

a

Magdebourg la pI'esque totalité de ses bles–

sés, et de plus le dépót de cavalerie du général

Bourcier. D'abord

il

importait que nos blessés et

le dépót de nos remontes en Allemagoe fussent

a

l'abri de toute attaque, et dans un emplacement

qui ne genat pas le mouvement de nos forces