DRESDE ET VITTORJA. -
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fours, afin de pouvoir
y
nourrir une centaine
de mille hommes pendant neuf ou dix jours,
on va voir dans quelle intention. Sur le ro–
cher opposé situé a la rive droite, celui de
Lilienstein, presque tout était a créer. Napoléon
co~manda
des travaux rapides qui permissent
d'y l'oger deux mille hommes en sureté, et en
chargea le général Roguet, l'un des généraux
distingués de sa garde. Puis il
fit
ramasser le
nombre de bateaux nécessaires pour y jeter un
pont spacieux et solide, capable de donner pas–
sage a une armée considérable, et qui, protégé
par ces deux forts de Lilienstein et de Koonig–
stein, ftit
a
l'abri de toute attaque. Dans sa pro–
fonde prévoyance, Napoléon calculait que si une
armée ennemie, réalisant les pronostics de plus
d'un esprit alarmé, débouchait de la Bobeme
sur ses dcrrieres, pour attaqucr Desde pendant
qu'il serait sur Bautzen par exemple,
il
pour–
rait passer l'Elbe a Krenigsteio, et prendre
a
revers ce.tte armée imprudente. Oo reconnaitra
bientót quelle vue pénétrante de l'aveoir sup–
posait une telle précaution.
Apres Koonigstein et Lilienstein, placés au dé–
bouché des montagnes, venait Drcsde, centre
des prochaines opérations, Dresde, qui allait
devenir, cornme nous l'avons déja dit, ce ;que
Vérone avait été dans les guerres d'Italie. Pen–
dant sa derniere campagne d'Autriche, ne vou–
lant pas exposer Dresde a etre le but des opéra–
tions de l'ennemi' et désirant épargner
a
son
placide allié, le roi de Saxe, l'épreuvc d'un
siége, Napoléon avait conseillé aux ministres
saxons de démolir les fortifications de Dresde,
et de les remplacer par celles de Torgau. Par
une négligence trop ordinaire, on avait démoli
Dresde sans édifier Torgau, dont les ouvrages
étaient
a
peine commencés. C'était chose fort
regrettable, mais Napoléon y pourvut par des
travaux qui, bien qu'improvisés, devaient suffire
a
leur objet. De l'enceinte de Dresde il restait
les bastions, qu'il
fit
réparer
e~
armer. Il suppléa
aux courtines par des fossés rcmplis d'ca u et par
de fortes palissades. En avant de Dresde, cornme
dans toutes les villes déja anciennes, il existait
de grands faubourgs, dont la défense importait
autant que celle de la ville elle-meme. Napoléon
les
fit
.envelopper de palissades, et, en avant de
toutes l,es parties saillantes de leur pourtour,
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ordonna de construire des redoutes bien armées,
se flanquant les unes les autres, et oífrant une
premicre ligoe d'ouvrages difficile
a
forcer. Sur
la rive droite, c'est-a-dire dans la Neustadt (ville
neuve),
il
décida la construction d'nne suite
d'ouvragcs plus serrés, qui devinrent bieotót
une vaste tete de pont prcsque complétement
fortifiée. Deux ponts en charpente, établis l'un
au-dessus, l'autre au-dessous du pont de pierre,
servaient avec celui-ci aux communications de la
ville et de l'armée. Les choses ainsi disposées,
trente mille hommes devaient se soutenir dans
Dresde environ quinze jours contre deux cent
mille hommcs, si un chef de grand caractere
était cbargé du commandcment. A ces moycns
de défense, Napoléon ajouta d'immenses maga –
sins, doot nous ferons bientót connaitre le mode
d'approvisionnement, ainsi que de vastes hópi–
tattx, suffisants pour l'armée la plus nombreuse.
11 y avait déja seize mille malades ou blessés
dans Dresde ; il en prépara l'évacuation, afin
d'avoir a sa disposition les seize mille lits qui
deviendraient vacants, outre tous ceux qu'il
allait établir encore . Avec les toiles de la Silésie
il avait de quoi se procurer le principal matériel
de ces hópitaux.
Apres Dresde Napoléon s'occupa de Torgau et
de Wittenberg. 11 avait pour príncipe qu'avec
du bois on pouvait tout, et que des ouvrages en
tert·e pourvus de fortes palissades étaient capa–
bles d'opposer la plus longue résislance. C'est
aiosi qu'il résolut de suppléer
a
ce qui manquait
aux fortifications de Torgau et de Wittenberg, et
il
donna les ordres oécessaires pour que ces tra–
vaux fussent achevés en six ou sept semaines.
Des milliers de paysans saxons bien payés tra–
vaillaient jour et nuit a Krenigstein, a Dresde,
a
Torga u,
a
Wittenberg. Sur ces deux deroier
points comme sur les autres, l'établisscment des
magasins et des hópituux accompagnait la con–
struction des ouvragcs défensifs. A Magdcbourg,
l'une des plus fortes places de l'Europe,
il
n'y
avait ríen ou presque ríen
a
ajouter en fait de
muraillcs; il suffisait d'en terminer l'armemcnt
et d'en composer Ja garnison . Napoléon résoluL
d'y consacrer un corps d':wmée, qui, sans etrc
entier ement immobilisé, put tout
a
la fois servir
de garnison et rayonner autour de la place, de
maniere
a
Her entre elles nos deux principales
mas~es
agíssantes, celle du haut Elbe et celle du
has Elbe. Dans cette vue, il imagina de tT'ansfé–
rcr
a
Magdebourg la pI'esque totalité de ses bles–
sés, et de plus le dépót de cavalerie du général
Bourcier. D'abord
il
importait que nos blessés et
le dépót de nos remontes en Allemagoe fussent
a
l'abri de toute attaque, et dans un emplacement
qui ne genat pas le mouvement de nos forces