Table of Contents Table of Contents
Previous Page  89 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 89 / 616 Next Page
Page Background

DRESDE ET VITTORIA. -

Ju11"

'1815.

notamment

a

la France qui était instamment

priée de faire connaitre les siennes. M. de Bubna

devait, a ceLle occasicin, témoigner le désir de

l\'1. de Metternich de venir un moment

a

Dresde,

pour tout terminer sur les lieux, da ns un entre–

tien cordial avec Napoléon.

La,

en effet, on pou–

vait~nir

en quelques heures, · car si

l\f.

de

Metternich parvenait

a

persuarler Napoléon, tout

serait dit, les coalisés étant daos l'impossibilité

de refuser les conditions que l'Áutriche décla–

rerait acceptables.

Telles sont les clioses, fort importantes comme

on le voit, que M. de Bubna, rcvenu a Dresde,

voulait communiquer

a

Napoléon, et dont

il

ne

disait qu'une partie

a

M. de Bassano, sachant

l'inutilité des explications avec ce ministre, qui

recevait les opinions de son maitre et ne les fai–

sait pas. Napoléon étant arrivé le 10 juin, l\f. de

Bubna avait remis le 11 une note pour déclarer

que la Russie et la Prusse avaient officiellement

accepté la médiatioq de l'Autriche, que celle-ci

était occupée

a

leur demander leurs conditions

de paix et qu'on attendait que la France voulut

bien énoncer les siennes. Ce n'était la qu'une

mise en demeure, ayant pour but non d'amener

une entiere et immédiate énonciation des con–

ditions de la France, mais de provoquer les

pourparlers préliminaires , les épanchements

confidentiels, préalable indispensable et plus ou

moins long, suivant le temps dont on dispose,

des déclarations officielles et définitives.

Si Napoléon avait voulu la paix, celle du

moins qui était possible et dont il connaissait les

conditions ,

il

n'aurait pas perdu de temps ,

quarante jours au plus luí restant pour la négo–

cier. On était en effet au 10 juin, et l'armistice

expirait au 20 juillet. Avec son ardeur accoutu–

mée, il aurait appelé M. de Metternich a Drcsde,

aurait taché de lui arracher quelque modifi–

cation aux propositions de l'Autriche, ce qui

était tres-possible avec le désir qu'elle avait d'en

finir pacifiquement, et aurait renvoyé ce ministre,

une, deux et trois fois, au quartier général des

puissances alliées, pour aplanir les difficultés de

détail toujours nombreuses dans tout traité, mais

dcvant l'etre bien davantage dans un traité qui

allait embrasser les intérets du monde entier.

Mais

la

preuve évidente qu'il ne la voulait pas

(indépendamment des preuves irréfragables con–

tenues dans sa correspondance), c'était le temps

qu'il perdait et qu'il allait perdre encore. Son

projet, comme nous l'av¡ns dit, c'était de différer

le moment de s'expliquer, de multiplier pour

cela les questions de forme, puis de paraitre

s'amender tout

a

coup lorsque la suspension

d'armes serait pres d'expirer, de se montrer

alors disposé a céder, d'obtenira la faveur de ces

manifestations pacifiques une prolongation d'ar–

mistice, de se donner ainsi jusqu'au·1

cr

septem–

bre pour terminer ses préparatifs militaires, de

rompre

a

cette époque sur un motlf bien choisi

qui put faire illusion au public, et de tomber

soudainement avec toutes ses forces sur la coali–

tion, de la dissoudre, et de rétablir plus puis–

sante que jamais sa domination actuellement

contestée, calcul pardonnable assurément, et

dont l'histoire des princes conquérants n'est que

trop remplie, s'il avait été fondé sur la réalité

des choses

!

Avec de telles vues,

il

n'était pas

temps encore de recevoir l\L de Bubna, et de

lui répondre par oui ou par non, sur des condi–

tions qui se réduisaient

a

un petit nombre de

points dont aucun ne pretait

a

l'équivoque.

Aussi Napoléon prit-il la résolution de laisser

passer quatre ou cinq jours avant d'admettre

aupres de Iui M. de Bubna et de répondre a sa

note, ajournement fort concevable si aucun terme

n'avait été fixé aux négociations, et si, comme

lors du traité de Westphalie, on avait eu pour

négocier des mois et meme des années. Mais

perdre quatre ou cinq jours sur quarante pour

une premiere question de forme, qui en suppo–

sait encoremille autres, c'était trop dire ce qu'on

voulait, ou plutót ce qu'on ne voulait pas.

Toutefois Napoléon venait d'arriver

a

Dresde,

fatigué sans doute, accablé de soins de tout

genre, et a la rigueur on pouvait comprendre

qu'il ne reyUt point M. deBuhna le jour meme. 11

n'y avait pas d'ailleurs de souverain au monde

qui füt plus dispensé que lui de se plier aux con–

venances d'autrui, et qui s'y pliat moins. Ces re–

tards envers M. de Bubna n'avaient done encore

rien de bien significatif. Seulement Napoléon

prouvait ainsi qu'il n'était pas pressé, car lors–

qu'il l'était, les jours, les nuits, la fatigue, lerepos,

tout devenait égal pour lui, et n'etre pas pressé

de la paix eo ce moment, c'était ne pas la dési–

rer. l\L de Bassano reyut la dépeche de M. de

Bubna, aífecta de la trouver infiniment grave,

<lit que sous trois ou quatre jours on répon–

drait, et que sous trois ou quatre jours aussi

Napoléon donnerait audience a M. de Bubna, et

s'expliquerait avec lui sur le contenu de sa note.

Daos cet intervalle la réponse fut préparée et

rédigée. Elle était de nalure, plus encore que

le tcmps volontairemen

t

pcrdu '

a

révéler les