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LlVRE QUARAN'fE-NEUVIEMB.
dispositions vé1·itab1es du gouvernement fran –
c;ais. On objecta d'abord
a
M. de Bubna qu'il
n'avait aucun caractere pour r emettrc une note.
Cet agerrt, en cffet, rec;u officieusement par
N'apoléon, et envoyé aupres de Jui comme Iui
étant plus agréalble qu'un autre, et comme plus
spirituel notamment que le prince de Schwar–
zenberg qui l'était peu, n'avait jamais été for–
mellement accrédité, ni
a
Litre de plénipoten–
-tiaire ni a titre d'ambassadcur; il n'avait done
pas qudlité pou'r remeHre une note. C'était
Ja
une diffi'culté bien mesquine, car on avait déja
échangé avec ce pérsonnage les ·communicatious
les plus importantes. Néanmoins on rédigea une
premiere r'éponse
a
M. de Bubna, daos Jaquelle
on soutint qu'il fallait que la note qu'il avait pré–
sentée füt signée de
1
M. de l\'.letternich, pour
prendre place daos les ar chives du cabinet fran–
<¡ais, car
il
n'avait, quant a lui, aucun titre qui
put donner a cette note un •caractere d'authen–
ticité. Apres cette difficulté de forme , on éleva
aes difficultésHe fond. La premiere
é~ait
relative
a
la m'édiation elle-meme. ·Sans doútc, disait-on,
Ja France avait paru disposée a admettre la mé·
diátion ·de ·l'Autriche, avai t meme promis de
l'accepter; mais une r ésolulion si importante ne
pouvait pas se "supposer, se déduire d'un simple
entretien, et
il
fallait un ::1ete o:fficiel , dans Je–
quel on déterminerait Je bút, Ja forme, la portée,
' la durée de eette médiation. Ce n'était pas tout:
cette médiation , ·comment se concili.erait-elle
avec le traité d'alliance? le cabinet autrichien
serait-il médiateur, c'est-a-dire arbitre, arbitre
pret
il'
se prononcer contre l'une ou l'autre par-
,tic, et
a
se ' prononcer -les armes
~
Ja main ,
comllie'
il
était
1
d'usage que' le
fil
un médiateur
armé'?
1
Alors que devenait le traité d'alliance..cle
TAutriche aveC' la France ? Il fallait s'expliquer
sur ce point. Enfin, quelle que
füt
la portée de
Ja médiation, il y avait unequestion de forme sur
laquelle' l'honneur ne permettait pas de garder
le si'lence. Ainsi le médiateur se saisissant si
brusquemcnt, et on peut dire si cavalierement,
de son role, annon<;ait déja une maniere de tt•ai–
ter qui ne pouvait convenir
a
la France.
11
parais–
sait en cffet vouloir s'entremehtre entre toutes
· les parties · belligérantes, porter lui seul la pa–
role dC"CClleS"CÍ a CCIJCS·la, et ne les jamais pla–
cer en présence les unes des autres (ce qui était
effe'ctivement Je secret désir de l'Autriche, afin
d'enipecher Yarrangement'direct). Une telle ma–
niere de négocier n'élait pas admissible. La
France ne reconnaissait
a
personne le droit de
trailer pour elle ses propres affaires. S'y prendre
de Ja sorte, c'était luí imposer . une paix con–
certée avec d'autres, et .Ja France, si longtemps
victorieuse, au point de dicter des conditions
a
l'Europe, n'en était pas r éduite, surtout quand
la victoire lui était revenue, a accepter les con–
ditions de qui que ce soit. Elle voulait bien,
po1~parvenir
a
la paix dont tout Je monde avait
besoin , renoncer
a
dicter des
conditio.ns; jamais
elle ne consentirait
a
s'en laisser dicter, l'Europe
füt-elle réunie tout entiere pour Iui faive la Joi.
On remplit plusieurs notes de ces chicanes, et
Napoléon en remplit Jui-meme un long entre–
tien avec M. de Bubna. Il luí accorda cet entre–
itien le 14
j
uin , et les notes fu11ent signées et re–
mises le
rn .
M. de Bassano les accompagna d'unc
·Jettre personnelle pg_ur
l\L
de l\fetternich, dont
le ton était memc contraire au but qu'on se pro–
posait d'atteindre, car Napoléon voulait qu'on
gagnát du temps, et la hauteur delangage n'était
pas un moyen d'y réussir. D'ans -cette lebtrc,
il
imputait le temps perdu a M. de .Metternich, se
plaignait maladroitemcnt de ce que l'armistice
ayantétésignéle 4juin
1
on ftit si peu avancé le 15,
comme si M. de Bubna n'avait pus été des .les
derniers jours de mai •au quartier général
fr.an–
<¡ais, demandant une entrevue saos pouvoir.l'@b–
tenir, comrne si l'Autrichc sur tous les points ne
se füt pas montrée impatiente de provoquer et
de donner des exp-lications. Enfin, ·q.uant au dé–
sir exprimé par M. de Metternich de ·venir
a
Dresde, 1\L de Bassano, sans mame éluder, .ré–
poodait d'une maniere
a
peine polie .que les
questions étaient. eocore trop peu miitries,pour
qu'une enLrevue de M. de Mett.ernich
~
soit avec
le ministre des affaires étrangeres, soit
av.ecNapoléon lui-meme, put avoir l'_utilité qu'on en
attendait, et qu'on en espéraü plus tard .
Telles furent les réponses dont M. de Bub·oa
dut se conteoter, et qui-furent expédiées a
l\'J.
de
Metternich
a
Prague.
11
fallait •un jour pm1r se
rendre dans cette capi tale de la Boheme, 0¡n j.our
pour en revenir, et si M. de Metternich et·son
maitre mettaient trois ou quat-re jours pour se
résoudre, on devait atteindre .le 20 juin avant
d'etre obligé de parler de nou:veau. De son .coté,
il
scraiL bien permis
a
]a diplomatie fran\la,ise
d'employer queJques jours
a
SC décider ·SUr le
texte de
la
convention par laquelle on accepte–
rait la médiation, d'employer •quelques jours
encore pour réunir les plénipotentiiafres, et on
aurait ainsi gagné Je 1
e
juillet,sans s
1
etre
abom~hé
avec la diplomatie européenne.
JI
suffirait alors