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DRESDE ET VITTORJA. ··"

JUIN

18.f.5.

81

de se mootrer coociliaot un moment, du

t er

au

10 juillet par exemple, pour etre fond é

a

dem:m–

der que l'expirati·cm de l'armistice füt reportée

du 20 juillet au 20 aout, ce qui, a'Vec six jours

pour la d·énoociation des hostilités, conduirait

au

2~011t,

fort pres de ce 1

cr

scptembre, terme

cl·ésiré par Napoléon. Tels éLaient ses calculs et

Jes moyens employés pour en obteriir le succes.

Pendant qu'il ne _visait qu'a perdre Je temps

d:ans les négooiations, il ne visait au contraire

qu'a le bien employer daos l'accomplissement

de ses vastes conceptions militaires. Le premier

projet de Napoléon, Jorsqu'il camptait sur l'al–

liancc ou

la

neu lralité de l'Autricl1e, était de

s'avancer jusqu'a l'Oder et

a

la Vistule, pour

rejeter les Russes sur le Niémen, et les ramener

chez eux vaincus et séparés des Prussiens. Tous

.Jes préparaitífs actaels étant faits dans la suppo–

sition de la guerre ·avec l'Autriche, les plans ne

pouvafont :plus etre les memes, car en

s'avan~ant

seulement jusqu'a l'Oder,

il

eut laissé les armées

autrichiennes sur ses flanes et ses derrieres. 11

n'avait done

a

choisir pour future ligue défensive

qu'entre l'Elbe et le Rhin, ou le Mein tout au

plus. Il préféra l'Elbe pour des raisons profondes ,

généralement peu connues et mal appréciées.

(Voir la carte nº 28.)

Di

sons d'abord que se porter

sur Je Rhin ou sur le Mein revenait

a

peu pres

au meme, car

'la

petite riviere du Mein , en dé–

crivant plusieurs contours

a

travers le pays

montueux de la Franconie, et venant a:pres un

cours tres-href tomher daos Je Rhi'n

a

Mayence,

pouvait bien servir

a

dé'fendre les approches du

Rhin, quand. on se battait avec des armées de·

soixante ou qualre-vingt mille hommes, mais ne

pouvait plus avoir cet avantage depuis qu'on se

batta-it.·avec des masses de cinq a six cent mille,

et eút été débordée par Ja droite ou par la

~auche

avant quinze jours. On devait done ne considérer

le Mein que comme une aonexe de la ligue du

Rhin, c'est-a-dire comme le Rhin Iui-meme, ·et

il n'y avait a choisir qu'entre le Rhin et J'Elbe.

PQser ainsi la queslion, c'était .presque la résou–

dre. Se retirer tout de suite sur le Rhin, c'était

faire

a

l'Europe un a'baadon de territoire plus

humiliant ccn-t fois que les sacrifices qu'el'le

d·emandait pour accorder la paix. C'était aban–

donaer non-seulement les a!Íiances de Ja Saxe,

de la Baviere, du Wurtemberg, de Bade, etc.;

mais les villes hanséatiques, qui nous étaient si

viveruent disputées,

mai~

la Westphalie

.et

la

Hollande qui ne l'étaient pas, car Ja Hollande

elle-memc n'est plus oouverte <ipiand on cst sur

CONSULAT.

5,

le Rhin.

Et

comment exiger dans un traité le

protectorat de la ·Confédération du Rhin, qu'on

déclarait en rélrogradant sur Je Rhin ne pouvair

plus défendrc? comment prétendre aux villes

hanséatiques ,

il

la Westphalie,

a

la Hollande,

qu'on reconnaissait ne pouvoir plus occuper ? A

prendre ce lei'rain pour charnp de bataille,

¡¡

cut

été bien p1'us simple d'accepter tout de suite les

conditions de paix de l'Autriche, car en r enon–

~ant

a

la Confédération du Rhin et aux villes

hanséatiques, on cut conservé au moins sanscon–

testation la Westphalie et la Hollande, et sous–

trait défioitivement

a

tous les hasards le treme

de Napoléon, et, ce qui valait mieux,

la

gran–

deur territoriale de la Fraoce. Indépendamment

de ces raisoos, qui politiquement étaient déci–

sives,

il

y en avait une autre, ql:li moralement

et patriotiquement était tout aussi forte, c'est que

rétrograder sur Je Rhin , c'était consentir

a

transporter en France le théatre de

la

guerre.

Saos doute, tant que le Rhin n'était point fran–

chi par l'ennemi, on pouvait considérer Ja guerre

comme se faisant hors de France; mais le voisi –

nage était tel, que pour les provinces frontieres

la souffrance était presque Ja meme. De plus, en

obtenant des victofres sur le haut Rhin, entre

Strasl;wurg et l\1ayence par exemple, Napoléon

n'était pas assuré qu'un de ses Jieutenants ne

laisserait

'}~as

forcer sa positi9n au-dessous de

lui, et alors la guerre se trouverait transportée

en France, et ce ne serait plus la situation d'un

conquéraint se battant pour la domination du

monde, ce serait cellc d'un envahi réduit

a

se

battre pour la conservation de ses propres foyers.

.Mieux eút val u, nous le répétons, accepter la

paix tout de suite, car outre qu'elle n'était pas

humiliante, qu'elle était meme infiniment glo–

rieuse, elle n'exigeait pas de Napoléon un sacri–

fice comparable

a

celui que luí eut infligé la

retraite volontaire sur Je Rhin. Ceux done qui Je

b!am·ent d'avoir adopté la ligne de l'Elbe feraient

mieux de lui adresser le reproche de n'avoir pas

accepté la paix, car cette paix entralnait cent

fois moins de sacrifices de tout gcnre que Ja

re~raitc

immédiate sur le Rhin. La déplorable

idée de eontinuer la guerre pour les villes han –

séatiques et pour la Confédération du Rhin

étant admise,

i1

n'y avait évidemment qu' unc

conduite a tenir' e'était d'occuper et de défen -

dre Ja Iigne de l'Elbe.

Le grand esprit de Napoléon ne pouvait pas

se tromper

a

cet égard , et planant comme l'aigle

sur la caTtc de l'Europe

1

il s'était abatlu sur

6