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LIVRE QUAHANTE-NEUVIE!\1E.

la-France et

a

offenser son honneur.

JI

écrivit

au prince Cambacéres, auqucl

il

avait remis en

partant le dépót de son autorité, que l'armistice

signé pourrait sans doutc conduire

a

la paix,

qu'il

ne f'allait pas toutefois que ce (út une raison

de ralentir les prépamtifs de guerre, mais au

contraire une raison de les redoubler

,

car ce

n'était qu'autant qu'on 1,errait que nous étions

formidables sur tous les points, que la paix

pourrait étre súre et honorable. - Mais

au prince

Cambacéres pas plus qu'aux autres, il n'osa dire

ce qu'il entendait par une paix sure et hono–

rable, et il se garda de lui avouer qu'il ne considé–

rait pas comme telle une paix qui, indépendam–

ment du Rhin et des Alpes, concédait directement

ou indirectement

a

la France la Hollande, la

Westphalie, le Piémont, la Lombardie, la Tos–

cane, les États romains et Naples.

A l\f. de Bassano seul, qu'il ne pouvait pas

tromper, puisque ce ministre était l'intermé–

diaire de toutesles communications de la France

avec les puissances européennes, et duquel

il

n'avait pas d'ailleurs la moindre objection

a

craindre,

il

découvrit sa vraie pensée, en lui con–

fiant le soin de recevoir

a

sa place M. de Bubna.

11

lui dit qu'il ne voulait pas voir cet envoyé,

pour n'avoir pas

a

se prononcer sur les condi–

tions de l'Autriche;

iI

lui enjoignit de l'emmener

a Dresde, ou devait bieutót revenir le quartier

général

fran~ais,

et de l'y retenir jusqu'a son

rctour, ce qui ferait gagncr une dizai11e de jours,

et conduirait a la mi-juin avant d'avoir réuni les

plénipotentiaires. En soulevant ens_uitc des diffi–

cultés de forme,

il

était possible d'atteindre le

mois

de juillet saos s'etre prononcé sur le fond

des choses. Puis en montrant au dernier moment

quclque disposition

a

traiter, et en argumentant

du peu de temps qui resterait alors,

il

serait

cncore possible de faire prolonger d'un mois la

durée de l'arrnistice, ce qui aprcs juin et juillet

assurerait tout le mois d'aout , et procurerait

ainsi trois mois pour armer, trois mois dont les

puissances coalisées profiteraient sans doute,

mais pas autant que la France, car elles n'étaient

adrninistrées ni avec la meme activité ni avec le

meme génie.

Ce plan arre té, Napoléon

fit

partir M. de Bas–

sano pour Dresde, en le chargeant d'annoncer sa

prochaine arrivée dans cette capitale, et de lui

chercher en dehors des résidences royales une

habitation commode et convenable, ou il füt a la

fois a la ville et

a

la campagne, ou il put travail–

ler en liberté, respircr un air pur, eL se trouver

a

portée des camps d'instruction établis au

bord de l'Elbc. Il ordonna d'y amener une

partie de sa maison, la Comédie franc;aise elle–

méme, afio d'y déployer une sorte de splendeur

pacifique, qui respirat la satisfaction,

la

confiance

et le penchant au repos, penchant qui n'avait

jama.i_s moins pénétré dans son ame.

Il

est

bon,

écrivit-il au prince Cambacéres,

qu'on c1·oie que

nous nous amusons ici.

Suivant son usage, Napoléon ne quilla point

ses troupes sans avoir assuré leur entretien, leur

bonne santé, et leur instruction pendant la durée

de la suspension d'armes.

11

s'était réservé,

d'apres les conditions de cet armistice, la basse

Silésie, pays riche en toutes sortes de ressources

tant pour la nourrit9re que pour le vetement

des hommes.

11

y

répartit ses corps d'armée,

depuis

les

montagnes de la BohCme jusqu'a

_I'Oder, de la maniere suivante.

11

pla~a

Reynier

a

Gorlitz avec le 7° corps, Macdonald a Lowen–

berg avec le

11

º,

Lauriston a Goldberg avec le 5°,

Ney

a

Licgnitz avec le 3°, l\farmont a Buntzlau

avec Je 6°, Bertrand a Sprottau avec le 4°, Mor–

tier aux enviTons de Glogau avec l'infanterie de

la jeune garde, Victor

a

Crossen avec le 2°,

Latour-Maubourg et Sébastiani au bord de l'Oder

avec la cavalerie de réserve. Le maréchal Oudi–

not, avec le corps destiné a marcher sur Berlin,

fut cantonné sur les limites de la Saxe et du

Brandebourg, lesquelles formaient de l'Oder

a

l'Elbe la ligne de démarcation stipulée par l'armi–

stice. Ces divers corps durent camper dans des

villages ou des baraques, manreuvrcr, se reposer

et bien vivre. lis devaient etrc entretenus au

moyen de réquisitions sur le pays, ménagécs de

maniere

a

pouvoir y subsister trois mois au

moins,

et

a

y former des approvisionnements

pour l'époque du renouvellement des hostilités.

Napoléon prescrivit en outre des levées de draps

et

de toilcs dans la partie de la Silésie qui lui était

restée, et qui les produisait en ahondance, afin

de réparer le vetement déja usé de ses soldats.

La Silésie devant, dans tous les cas, revenir

a

la

P1·ussc, puisque l'Autriche n'en voulait pas,

il

n'avait

a

la ménager que pour en faire durer les

ressources aussi longtemps que ses besoins.

De touLes ses places sur l'Oder et la Vistulc,

celle de Glogau ayant cu seule l'avantage d'étre

débloquée,

il

en renouvela la garnison et les

approvisionnements, et ordonna d'en perfection–

ner les moyens de défcnse..

11

expédia des offi–

ciers

a

Custrin, Stettin, Dantzig, pour apprendre

a

ces garnisons les derniers triomphes de nos