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LIVRE QUARANTE-HUITIEl\IE.

aprcs l'Oder, l'ancienne frontiere qui avait tou–

jours séparé la Saxe de la Prusse, ce qui Jaissait

en notre possession tous les États de la Saxe; en–

fin la ligne de l'Elbe, depuis Wittenberg jusqu'a

la mcr, sauf ce qui serait avenu des villes han–

séatiqucs. Il fut stipulé en outrc que les garnisons

bloquées de la Vistule et de l'Oder seraient suc–

cessivement ápprovisionnées a prix d'argent. On

apprit le jour méme que Hambourg et les villes

hanséatiques étaient rentrées dans les mains du

maréchal Davoust, ce qui nous en assurait

l'occupation pendant la suspension d'armes.

Tel fut ce déplorablc armistice, qu'il fallait

cértainemcnt accepter si on voulait la paix, mais

rejeter absolument si on ne la voulait point, car

il valait mieux dans ce cas achevcr sur-lc-champ

la ruine des coalisés, et que Napoléon au con–

traire, accepta justcment parce qu'il était opposé

a

cetle paix, et qu'il désirait se procurer deux

mois pour achever ses armemcnts, et étre en

mesure de rcfuser les conditions de l'Au triche

1

!

Cette faute, qui procédait de toutes les autres,

1

Nous n'en sommes point réduits aux conjcctures rclative–

mcnt aux motifs de ce fameux armisticc, si justcmenL bl:imé

commc une grande fautc poli tique et militaire, puisqu'il donna

le temps de se sauvct· aux coal isés réduits aux abois. Jusqu'ici

on avait preLé

¡\

Napoléon les rnotifs les plus ridicules, et qui

n'élaient conformes ni ;\ son caracterc, ni

a

son génie. niais,

heureusemcnt pour l'hisloire, il écrivit au prince Eugcnc,

a

M. de Bassano, au ministre de la gucrrc, les raisons qui le dé-

et les résumait

a

elle seule, faisait partie de cette

suite fatale de résolutions follement ambitieuses,

qui devaient précipiter la fin de son regne. Elle

causa cependant, excepté chcz les Prussiens, une

fausse et univcrselle joie dans toute l'Europe,

parce qu'elle avait une forte apparence de paix.

Na1?2léon, en faisant entrer son armée dans ses

cantonnements, décréta la construction d'un

monument placé au sommet des Alpes, et qui

porterait ces mots : NAPOLÉON AU PEUPLE FRAN–

<}AIS, EN !llÉMOIRE DE SES GÉNÉREUX EFFORTS CONTRE

LA COALITION DE 1815. - Cette idée avait bien

toute la grandeur de son génie ; mais, pour ce

peuple frarn;ais et méme pour lui, il cut mieux

valu envoy¡er

a

Paris un traité de paix stipulant

l'abandon de la Confédération du Rhin, de Ham–

bourg, de l'Illyrie, de l'Espagne, avec ces mots :

SACIHFICES DE NAPOLÉON AU PEUPLE FRAN<;:AIS. -

Napoléon fUt demeuré un personnage, non pas

plus poétiquc, rnais plus véritablement grand, et

ce noble peuple n'eut pas perdu le fruit de son

sang le plus pur versé pendant vingt années.

ciderent, cL

011

y

voit que, forcé de s'cxpliquer avcc l'Autrichc

sous quelques jours, et exposé des lors

a

avoir cettc puissance

immétliatcment sm· les bras,

il

signa l'armistice pom· gagncr

dcux mois, tcmps néccssaire

a

la sccondc séric de ses armc–

menls. Dans cecas, on peut dirc que la faute de l'armislice ne

fut autre que celle rnémc de ne vouloír pas co11senti1· aux con–

ditions de l'Aulríche.