LUTZEN ET BAUTZEN. -
l\IA1
1815.
meme a l'archicbancelier Cambacéres, sans doute
sous l'influence de ses dernieres querelJes avec
,le clergé. --,,.-
ll
transporta
i1
la filie de Duroc le
duché de Frioul, ainsi que .tous les dons qu'il
avait accor.dés au pere, et désigna
l\f.
le comte
Molé pour son tutcur.
Mais teJie cst la gucrre
!
On s'émcut un instaot,
.puis, enlrainé par le torrent des événements, on
court des fa-nérailles de la veille
a
celles du len–
demaio, s'excusaot par l'oubli de soi-men;ie de
·l'oubli d'autrui. Le lendemain 25 ,mai, on entra
a
Gorlitz, et on franc11it la ·Neiss. Le 24, on fran–
chit la ,Queiss, et le 2!:S, le Bober. .Les coalisés
,s'~taient
séparés en deux colonnes, ·l''-'ne a notre
droite,
compos~e
des tuoupes de .Miloradovitch
et de la garde russe' l'autre a notne gaucbe'
.composée de Prus.siens et de Barclay de Tolly,
distribution correspondant
a
celle qu'ils présen–
taient sur le champ de bataille de Baulzcn. Na–
poléon iles suivit toutes deux ..Une colonne formée
des corps de Bertrand et de
1
1\'Iarmont marcha
sur la droite par .Gorlitz, Lauban, Golaberg ,
Schweidnilz, en suivant le pied des
mont~gnes.
Une autre comprcnaut les COl;'ps de Reynicr, de
.Lauriston ·, de Ney, la garde, et le quartier im–
périal, marcha au centre par Gorlitz, Bunzlau,
Haynau, Liegnitz, Breslau. Sur notre gauche, le
duc de Bellune, pnécédé de la cavalerie du géné–
ral Sébastiani, se dirigca vers l'Oder pour déhlo–
quer Glogau. Nous étions en pleine Silésie, daos
de riches campagnffs, sur le territoire du .roi .de
Prusse, que nous n'avions d'autre raison de mé–
nager que celle d'économiser pour nous-memes
les r.essources du pays. Nap.oléon ordonna la pLus
sévere discipline, par prévoyance d'abord, et
ensuite pour fair.e avec les Russes un contraste
qui fUt de nature a frapper les Allemands.
A•Haynau, la division Maison, la meilleure du
corps de Lauriston,essuya une surprise facheuse,
et ro.eme assez meurtrierc. Les coalisés se ,sen–
tant yivement poursuivis, et voulant nous rendi;e
moins pressants, imaginerent de nous tendre un
piége qui nous coutat un peu c,her, et le combi–
nerent. avcc beaucoup d'art. Daos la plaine de
Haynau, ou
il
y a;vait place pour une pombreuse
ca:valerie, et
ou ·
l'on pénétrait ::ipres avoir tra–
versé un village, on cacha. sur le cóté, et ho1·s de
vuc, cinq ou six .régiments ¡dtJ1gros,se cavaJ,erie,
- puis on ,nous
mo~tra
inir.
la
1
r,ou,te directe qne
cspece d
'arriere-gan.de1qui se retirait négligem–
ment.. Le géné11al
~Iaisqn, ax~nt
conc.u quelql,les
- craintes, s'avarn;ait avcc_pr.icaution; 11;1
,ais.le,¡:na–
réchal 1Ney, ·stimulé pal! les rep11oc.hes
~e,
Napo–
c:;oNsuuT.
5
Jéon , qui se plaignait saos cesse de ne
p~s
faire
de prisonniers , poussa le généra) :Maison en
avant, et se ruettaI)t
a
ses cótés, voulut dépou–
cher vivement daos la plaine. lis n'avaient pas
plutót franchi le dMilé du village, qu'on vit sur
la droite un moulin en flammes, et
a
ce signa!
(convenu par les cnnemis) une innombrable ca–
valerie
fond.itsur notre infanterie avant qu'elle
cut le temps de se fori:ner en carré. La déroute
fut grande, m9lgré toµs les effods du maréchal
-N~y
et du
génér~l
l\faison. Qo perdit trois ou
quatre pieces de canon, et un millier d'homrnes
sabrés ou
Qisper~és.
Le maréchal Ney ne parvint
que tres-difficilement
a
dégager sa personne' et
le génér,al ,Maison, apres des efforts inoui:s, réussit
enfin
a
rall~er
sa division, mais )'ame dévorée de
chngrin ' et conscntant avec peine
a
survivre
a
un accident, qui était, quant
h
lui, parfaitcrncnt
immérité. Les Prussiens payerent cetteaventure,
bonne pour eux, de la mort du colonel de Dolffs,
le meilleur de leurs
o~ciers
de el:)valerie apres
Blucher, et commandant chez eux la réserve de
cette arme.
Le lendemain, le général Séba$liani, qui mar–
chait en tete du corp "du duc de Bi¡illune vers
Glogau , vengea dans les environs <le Sprottau
l'échec du général Maison , en prenant un im–
mcnse pare d'a.rtillerie et 500 prisonniers. Ce
sont la
l~s
alterna tives quotidiennes de la guei·re;
majs,ces sortes d'escarmouchcs,éta)cnt en ce
mo–
me.ntde peu ,<je conséquence. On arriva le 27 sur
la ,Katzbach, a Liego* , et )lOlre corps de gau–
cbe, parvenu sur
l'Od~r, débloqu~
Glogau. Notrc
gar.nison, investic depuis cinq mois, se jeta pleine
de joie daos les bras
de
ses libérateurs.
J ..
e géné–
ral Lauriston, ayaot de son cóté joiot l'Oder, ar–
reta SOÍXante ,bateaux,,de yjvres
CL
de munitions
qui dcvaient servir au siége , de
~a
place, et qui
lui furent envoyés pour la r:;i.yitailler. Le maré–
chal Ney n'avait plus qu'une marche
a
exécutcr
pour entrer
a
Breslau.
On s'étonucra sa ns doute qu'il ne füt plus
question d'armistice apres la lettrc du général de
Bubna
a
M. de SL:;i.dion, et apres ce!le de
1\1.
de
Caulaincourt
a
M.
de~esselrode,
l'unc
:rnnon~ant
le projet d'armistice, et l'autre offrant les moyens
de Je négocier immédiatement. l\fajs, ainsi que
nous l'avons dé
ja
dit, on n'avait pas voulu admeltre
1\1. <le Caulajncourt ,afin de ne donner d'ombrage
ni aux alliés qu'on avait déja , c'est-a-dire aux
Prussiens, ni a ceux qu'on
espé~'ait, c'~st-a-dire
aux Autrichiens. On
avait
1
~onc
répondu que 13
1
rn~diation
del'Autrichc ayant été aeceptéc,,M. de
ti
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