Table of Contents Table of Contents
Previous Page  71 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 71 / 616 Next Page
Page Background

LUTZE ET BAUTZEN. -

MAI

1b!5.

61

instances de M. de Muflling, Blucher ordonna

a

quelques bataillons de Kleist et a deux de la

garde royale de quitter ses derricrcs, et d'uller

reprendre Preititz.

Eífectivement ces bataillons rcbrousserent

chemin, donnerent tete baissée sur Preititz, y

trouverent la division Souham qui n'était passur

ses gardes, et Jui enleverent ce village ainsi que

le pont du Bloesaer-\Vasser. Ney, surpris de cette

brusque

atlaque~

revint

a

la charge avec sa

seconde division, passa

a

son tour sur le corps

des bataiJJons prussicns, et rentra dans le vilfage

de Preititz. Ce village reconquis, il fallait mar–

cher devant soi, raJlier Lauriston par Ja gauche,

et, suivi de Reynier, tourner Ja position de Blu–

cher, recevoir en carré, comme on l'avait fait tant

de fois, les masses de

la

cavalerie prussieone,puis

gravir les pentes que défendaitBarclay de Tolly,

et aller couper les routes de Würschen et de

Hochkirch, qui devaient servir de retraite a l'aile

-droite des coalisés. On eut pris la 25 mille Prus–

siens et 200 bouches

a

fcu, et dissous la coalition.

Le général Jomini, chef d'état-major du corps

de Ney, adressa de vives instances

a

l'illustre

maréchal ponr qu'il en agit ainsi, mais celui-ci

voulut attendre que les détonations de l'artille–

rie, qui venaient seulement de se faire entendre

sur sa droite, fussent plus proooncées et plus

proehes, et qu'il fllt moins isolé sur ce champ de

hataille si vaste, si compliqué, dont il n'avait

aueune connaissance.

Cependant

il

en avait fait assez pour rendre

intenahle la position de l'ennemi. Napoléon, im–

patient de commencer l'attaque, mais ne cédant

jamais

a

sesimpatiences surle champ de bataille,

n'avait ordonné Je feu de son coté que lorsqu'il

avait jugé l'événement mur. En elfot, le général

Bertrand protégé par l'artillerie de Ja rive gauche

de la Sprée avait gravi les escarpements de la rive

droite, et était parvenu

a

déboucher en face de

Blucher. Celui-ci, adossé aux mamelons hoisés

dont nous avons parlé, avait na droite

a

ces ma–

melons, sa gauche au Bloesaer-Wasser et au vil–

lage de Kreckwitz, son infanterie

a

ses deux

ailes, sa cavalerie au milieu, et une loogue ligne

d'artillerie sur son front. Le général Bertrand

était venu se déployer devantlui, la division Mo–

rand

a

gauche, la division wurtemhergeoise

a

droite, la division italienne en réserve. Entre la

position du général Bertrand et Ja ville de Bautzen

se trouvaient Marmont, la garde et Macdonald,

souhaitant avee ardeur l'ordre d'entrer en action.

A peine;le canon de Ney avait-il reten ti sur les

derrieres de Bluchcr, que Napoléon s'était em–

prcsséde donoer Je sigoaL l\farmont, ayant outre

son artillerie toute celle dela garde, avait ouvert

un feu eífroyable sur les redoutes du centre qui

élaient devant lui, puis avait dirigé une partie

de ce

f

cu un peu obliquement sur Kreckwitz et

le flanc de Blucher, dont Ja position était ainsi

devenue fort difficile.

Aprcs quelques instants de cette canonnade,

Bertrand se meltait en mouvement pour aborder

la ligne de Blucher, lorsqu'il vit Ja eavalerie prus–

sienne fondre sur lui au galop. l\fais la division

l\forand la rec;ut en carré, sans en etre ébranlée,

la repoussa

a

eoups de fusil, puis se porta en eo–

lonnes <l'attaque sur Bluchcr. Pendant ce temps

la division wurtembergeoise s'avanc;ait sur Kreck–

witz, qui était dans le coudedu Bloesaer-"\Vasser,

sur le flanc des mamelons boisés. Le canon de

Marmont avait tellemcnt ébranlé les troupes qui

gardaient Kreckwitz, qu'un bataillon wurtem–

bergeois s'y élanc;ant avec vigueur parvint

a

s'en

cmparer. Blucher voyant son front menacé, attira

a

Jui sa seconde division, ecJle de Ziethen, et la

porta en ligne pourl'opposerau corpsdeBertrand.

Cette division trouva Morand tres-ferme

a

son

poste et ne le fit point reculer, mais elle gagna

du terraio sur la division wurtembergeoise, et

dépassant Kreckwitz enle".a le bataillon qui s'était

emparé de ce village. Marmont alors redoubla

son feu oblique sur Kreckwitz, tandis que Mo–

rand' de la défensive passant

a

l'attaque, fit plier

la division ZieLhen, et la poussa sur les mamelons

qui servaient d'appui

a

Blucher. 11 aurait fallu

en ce moment que Blucher put attirer

a

lui toute

la garde royale prussienne, Je corps de Kleist ef.

une partie des forces russes. Mais

a

toutes ses

demandes de secours on répondit que ces troupes

étaient occupées

a

disputer Preititz sur ses der–

rieres, qu'elles l'avaient meme perdu, et que s'il

ne se retirait bien vite, loin de s'ohstiner

a

dé–

fcndre la positioo que tout

a

l'heure il appelait

les Thermopyles de l'Allemagne,

il

allait etre pris

avee son corps d'armée par Je maréchal Ney.

Devant I'évidenee de ce danger, que M. de

Muffiing cut quclque peine

a

lui faire compren–

dre,

il

se déeida, le désespoir au creur,

a

battre

en retraite, ayant bonne envíe de se plaindre de

Barciay de Tolly, qui, disait-il, n'avait pas pro–

tégé ses derriercs, mais ne l'osant p!ls, et s'en

dédommageant par mille invectives contre l'état–

major russe, qui avait inutilement accumulé dans

les montflgnes des forces dont on aurait eu grand

besoin sur Ja droite des alliés. Bluchcr se retira