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WTZEN

ET BAUTZEN . -

MAt

1815.

chaient 1es mamelons occupés par l'armée prus–

sienne. En ce moment il se demandait si cette

nouvelle bataille ne

se~·a it

pas prévenue par la

réponse

a

sa lettre du

18,

dans laquelle il adhé–

rait au principe d'un armistice proposé par l'Au–

triche, et annon1tait l'envoi de l\f. de Caulaincourt

pour le négocier. l'lfais le 20 au soir cette réponse

ne lui

~ait

point parvenue, soit qu'on ne voulUt

point recevoir

:M.

de Caulaincourt et lui permct–

tre d'approcher l'empereur Alexandre, soit qu'on

préférat tenter encore une foi s le sort des armes.

De ces deux suppositions, la seconde était celle

qui convenait le mieux

a

Napo1éon, car il était

sur que la nouvelle bataille provoquerait de sages

réflexions chez les plus r écalcitrant.s de ses en ne–

mis. Quoi qu'il en put etre, il se livra

a

son rt'pos

aecoutumé la veille des grandes batailles.

Vis-a-vis de lui, dans une position qui corres–

pondait assez exactement

a

la sienne,

a

Ja maison

de postedeNeu-Burs<;hwitz, les souverains alliés,

agités comme le sont toujours les gens inexpé–

rimentés en présence des süuations graves, étaien t

engagés dans une délibér-ation triste et laborieuse,

qui dura toute la nuit. Quant

a

braver les chances

d'une ·seconde bataille, ils y étaient fcrmemen t

déeidés. Ils avaient

re~u

la lettre r elntive

a

l'ar–

mistice et

a

la mission de

1\1 .

de Caulaincourt, et

leur parti

a

cet égard

avai~

été arreté sur-le-champ.

Ils s'étaient dit que s'ils admettaient aupres d'eux

M. de Caulaincourt, l'Au trichc concevrait

a

1'in–

stant les plus grands ornbrages, et·ne manquerait

pas de voir dans celte admission la probabilité

d'un arrangernent direct entre la France et Ja

Russie. Ils avaient done pris la détermination de

renvoyer tres-poliment M. de Caulaincourt

a

M. de

Stadion , comme au représentant de la puissance

médiatrice chargée de tous les pourparlers, meme

de ceux qui étaient relatifs

a

l'armistice, et de

différer en outre cette réponse jusqu'apres le

résultat de la bataille, car le parti des patriotes

allemands, qui menait directement l'armée prus–

sienne et indirectement l'armée russe, aurait

jeté les bauts cris, si on avait accepté un armi–

stice avant d'y

et.re

contraint par la nécessité la

plus impérieuse. Résolus

a

la bataille, les souve –

r ains alliés s'étaient mis

a

en discuter les chances.

Le roí de Prusse se flattait peu, l'empereur de

Russie beaucoup. Celui-ci élait rempli d'un beau

feu de guerre qui ne lui laissa it pas de repos. Il

s'était pour ainsi dire emparé du commandcrnent

supreme, et, pour l'exercer plus

a

son aise, l'avait

conféré nominalement au comte de Wittgenstein ,

qui avait pour inspirateur le général Diebitch.

Le commandement rée! aurait du appartenir

a

Barc1ay de Tolly,

a

cause de ses antécédents et

de son rang, mais on s'était débarrassé de son

inflexibilité en luí assignant une espece de róle

isolé

a

l'extreme droiCe ·des coalisés, dans les

terrains inondés entre le Bloesaer-Wasser et la

Sprée,

a

la position <lite du moulin

a

vent. La

discussion entre Alexandre et les nombreux offi–

ciers russcs et prussiens, qui lui apportaient tour

a

tour Ieur avis, et Je lui faisaient successivement

adopter, roula précisément sur la position de

Barclay de Tolly. On avait singulicrement

re~forcé la gauche de Miloradovith; le centre était

couvert par les fortes redoutes de BascbüLz, et

défendu par Ja garde impériale russe. La droitc sur

les mamelons étai t invincible, suivant Blucher, et

les Prussiens juraient que ces mamelons devien–

draient, grace

a

eux, les Thermopyles de l'Alle–

magne. Mais Barclay de Tolly pourrait-il résister

a

Ney, qui semblait se diriger vers lui? Telle

était la vraie question. Alexandre, dont le coup

d'reil n'était pas encore tres-exercé, s'était per–

suadé que Napoléon voulait lui arracher l'appui

des montagnes, et par ce motif il n'entendait

affaiblir ce cóté au profit d'aucun autre.

l\f.

de

Muffii ng, officier d'état-major distingué, qui avait

soigneusement reconnu le terrain, insistait sur

le danger qui mena1tait .Barclay de Tolly, et finit

par se faire écouter d'Alexandre, porté du reste

a

écouter tous les donneurs d'avis par bienveillance

de caracterc et désir honnete de tou

t

comprendre.

l\fois sur la réponse du comte de Wittgenstein

que Barclay de T·olly avait

11>

mille hommes,

Alexandr e parut rassuré et tout l'état-major avec

lui , excepté M. de Muffiing. Puis le jour com–

inen¡;ant

a

paraitre, il fallut bien terminer la dé–

libération et couri r chacun

a

son poste.

Napoléon, en efiet, y appelait tout le monde,

et était au sien de grand matin. De la position

ou se trouvaient les souverains , on le 'voyait, sur

le plateau de Bautzen,

a

cheval, donnant des

ordres, et tout

a

fait

a

portée du canon ennemi.

Lord Cathcart, l'ambassadeur britannique, ayant

une excellente lunette anglaise avec laquelle on

apercevait tous les mouvemen ts de Napoléon,

chacun l'empruntait pour voir ce terrible adver–

saire et aurait voulu deviner ce qui se passait

dans son esprit, comme on discernait ce qui se

passait autour de sa personne. Un uniforme jaune

et galonné qu'on découvrait

a

coté de luí , était

Je sujct <l'une extreme curiosité.

Oo

se demandait

si celui qui était revetu de cet uniforme ne serait

pas l\Iurat, dont le costume était toujo.urs sin-