LUTZEN ET BAUTZEN. --
MAT
1815.
melées d'étangs, et s'étendant
a
perle de vue.
Telle était la prcmiere ligne, celle de la Sprée,
qui n'était pas facile
a
emporter. A droite, sur
les hautes montagnes et sur lcur pcncbant, on
apcrcevali_ des abalis de bois, et, derriere, beau–
coup de canons, de bafonnettes et d'uniformes
russes. Au centre, au-dessus et au-dessous de
Baulzen, on découvrait aussi un grand nombre
de troupes russcs, et
a·
gauche, sur les mamclo s
boisés
a
travers lesquels la Sprée s'ouvrai t un
chemin pour s'échapper dans la plaine, on dis–
cernait également des masses d'infanteric et de
cavalerie, les unes déployées en ligne, les autres
postécs deITiere des ouvrages de campagne , et
toutes dénotant par leur équipement qu'elles
apparlenaient
a
l'armée prussienne.
Napoléon résolut de forcer des le lendemain
20 mai celte ligoe de la Sprée, que défend aient
des troupes nombre.uses et bi en postées. Ce de–
vait etre l'occasion d'une premiere bataille. Puis
il se proposait d'en livrer une autre pour forcer
la seeonde ligne, qui s'apercevait derricr e la
premiere, et qui paraissait plus redoutable
encore. 11 décida que le lendemain le maréchal
Oudinot,
a
droite, passerait la Sprée vers les
montagoes, soit
a
gué, soit sur un pont de chc–
valets, et cherchcrait a rejeter l'ennemi sur sa
seconde position; qu'au centre le maréchal :Mac–
donald enieveraiL le pont de pierre construit sur
la Sprée en fa ce de Baulzen , et tacherait d'cm–
porter cette vi lle d'assaut; qu'un peu au-d essous
du centre le marécbal Marmont fran chirait la
Sprée sur des pontons, entre Bautzcn et le vil–
lage de Nimschütz, et s'établirait dans un e bonn e
posilion qui se trou e au dela ; qu'a gauche en fr n
le général Bcrtrand , opér anL son passagc
a
Nicder-Gurck, vis-a-vis des derniers mamelons
<lont la Sp1·ée baigne le pied avaut de se r épan–
dre daos les prail'ies, s'cfforcerait d'cnlever ces
rnamelons , ou du moins de s'établir daos le
voisinage. Telle devait etre l'reuvre de la pre–
miere journée. Pendant ce temps, le maréchal
Ney, achevant son mouvcment sur Hoyerswerda
avec une massc d'environ soixante mille homrncs,
al'l'iverait sur la basse Sprée, a Klix, q,uatre lieues
a1:1~dessous
de Bautzeo. U pourrait le lcndemain,
en for<;ant le passage a Klix meme, attaquer par
le fla•ne la seconde position que Napol éon atta–
querait de front. Il n'y
ava.itpas de redoutes ni
d'opiniatrelé qui pussent tenir devant cet en–
semble de combinaisons.
Dans la journée, et ''ers le soir du
i
9 , on avait
cnteodu au loin, sur la gauche, une canonnade
assez vive, Iaquelle, sans inspirer des inquétudes
pour le maréchal Ney, bien capable de se suffire
avec ses soixante rríillc hommes, avait cependant
donn é Jieu de µen ser que l'ennemi tentait un
effort pour empecher la jonction des deux parties
de notre aflnée. Des aides de camp vin1'ent daos
la soiréc
apprend~·e
c:e qui s'était passé.
Les coalisés, pretanta Napoléon des fautes qu'il
n'était pas dans l'habitude de commettrei avaient
supposé que le marécbal Ney s'avan<;ait avec son
corps seulement, fort suivant eux de vingt-cinq
mille hommes tout au plus, apres les pertes qu'il
avait essuyées
a
la bataille de Lutzen. lis avaicnt
détaché Barclay de Tolly, qui depuis son arrivée
de Thorn formait en qu elqu e sorte un corps isolé
sur les ailes de l'armée principale, et lui avaient
adjoint le général d'York avec 8 mille hommes,
ce qui portait a 23 ou 24 mille combattants la
fo rce de ce détach ement. On imaginai t que ce
sernit assez pour causer un grand <lommage au
maréchal Ney , grace
a
la surprise qu'il éprouve–
r ait,
a
son ig norancc des lieux qu' il traversait
pour la: premiere foi s , et que, sans le détruirc,
on le mettrait au moins hors de cause pour Je jour
de la bataille décisive . En conséquencc les géné–
r aux Bar clay de Tolly et d'York s'étaient ach e–
min és de Klix sur Hoyer swerd a, l'un lenant la
gauch e, l'autre la droi tc.
En ce momen t
la
division italicnne Pcyri , la
second c du corps de Bertrand , avait été détachée
clans la dircction de Hoycrswerda, pou r tendre la
main
a
Ney qui s'approchait. C'est Na poléon qui
en avait do nné l'orclrc, afio de tenÍl' toujo urs ses
corps en cornmunication. Malheu reusemeot le
gé néral Peyri n'avai t pas exécuté cctte commission
déli cate avecles précantions convenahles . Il ne s'é–
tait écla ir é ni sur la droite, par laquclle il pouvait
se tr ouver en contact nvcc l'armée enncmie, ni
devant luí, sur la route oú il devait r cnconlrcr
Ney. 11 lomba don e a l'improviste aux envit>ons
<le Krenigswarta avcc les sept ou huit milie jeunes
Italiens de sa division, au rnilieu des quinze mille
soldats ag uerrís de Barclay de Tolly, fut assailli,
cnvcloppé , se déf'cndit bravem·ent, mais aurait
succombé, si le général Kellermann (le fils du
vieux duc de Valmy). arrivant sur la route de
Hoycrswerda avec la cavalcri c de Ney , ne l'eút
dégagé en chnrgcant les Russes impétueusem<>n t.
Le général Peyri perdít néanmoins pres de deux
mille hommcs en morts, blessés ou pri ·onniers,
et trois pieces
el
e canon.
Au
m~me
instant le génér al prussien d'York ,
placé
a
la droite de Barclay de Tolly, cherchait le