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ET B.AUTZEN. -
MAI
18!5.
per une nouvelle foisJes fumées dont s'enivrait
l'orgueil des eoalisés. Déja Je maréehal l\facdonald
était en vue de Bautzen;
il
le
fit
appuyer a droite
et le long des montagnes par le maréchal Oudinot,
avec deux divisions franc;aises et une bavaroise,
a
gauche par le maréchal Marmont avec ses trois
divisions, dont deux franc;aises et une allemande,
plus
a
gauche encore par Je général Bertrand,
avec une division
fran~aise,
une italienne et une
wurtembergeoise. Il avait en meme temps tenu
le maréchal Ncy et le général Lauriston en avant
de l'Elbe, en mesure de se porter ou
a
droite vers
la grande armée, ou
a
gauche sur Berlin. Le
maréchal Ney était
a
Luckau, le général Lau–
riston
a
Dobriluch, Ge dernier liaut le maréchal
Ney avec la grande armée. (Voir la carte nº ti8.)
Napoléon leur enjoignit le
i5
mai , jour ou il
rec;ut les renseignements certains qu'il avait at–
tendus, de se di.riger saos délai sur Iloyerswerda,
de maniere
a
déboucher sur le flanc et les der–
rieres de la position de Bautzen, laquelle de–
viendrait difficile
a
conserver lorsque soixante
mille hommes seraient en marche pour la
tourner. Voulant utiliser toutes les forces dont
il n'avait pas ailleurs un besoin indispensable,
Napoléon enjoignit au général Reynier de suivre
Ney et Lauriston. Il laissa le maréchal Víctor,
due de Bellune, en avant de Wittenberg, comme
une menace permanente contre Berlín, menace
qui se réaliserait plus tard selon les événements,
et
il
s'appreta lui-rneme
a
partir aussitót que les
mouvements prescrits seraient assez avancés vers
le but indiqué pour que sa présence sur les Jieux
devint nécessaire. Déja la garde elle-meme avait
été acheminée sur Bautzeo, ou tendaient cu ce
moment toules nos forces, et ou allait les suivre
l'attention de l'Europe. Ayant
160
ou
170
mille
hommes
a
opposer
a
100
mili~,
quélque forte
que fUt la position <le ceux-ei, Napoléon ne de–
vait guel'e avoir d'inquiétude sur le résultat. La
mano.mvre ordonnée au maréchal Ney valait
tout.esJes posilions <lu monde, et l'armée fran–
~aise,
pour ".aincre, aurait pu se passer, meme
dans son état actuel, de sa supériorité numé–
rique.
Napoléon allait quitter Dresde, lorsque parut
enfin
.M.
de Bubna, le
16
mai au soir, venant de
,Vienne le plus vite qu'il avait pu, afin de rega–
gner le temps qu'on lui avait fait perdre
a
rema–
nier ses instructions au fur et
a
mesure des
nouvelles qui arrivaient <les <leux quartiers gé–
néraux. Napoléon lui donna audience sur-le–
champ, et bien qu'il eut résolu de dissimuler
a
l'égard de l'Autriche, bien qu'il eut beaucoup de
bienveillance personnelle pour
l\I.
de Bubna, il
lui
fit
au premier instant un accueil un pcu rude.
Loin des hommes, it calculait froidement, avec
toute l'exactitude de son esprit; quand it les avait
devant lui, sa nature ardente recevt:i it de leur
présence un stimulau t presque ir·résistible. 11 ne
sut pas contcnir l'irritation que luí inspiraient
les elforts de l'Autriche pour luí faire la
Joi,
a
luí
gendre et allié, et surtout les prétcndues dupli–
cités de
1\1.
de l\fotternich, dont il croyait avoir
la preuve. 11 s'emporta contrc ce deroicr, et
fit
a
son sujet des menaccs qui, rapportées par un
témoin malveillant, auraient pu avoir de funestes
conséquences. Heurcusement M. de Bubna avait
beaucoup d'esprit, par su ite beaucoup de pen–
chant pour son glorieux interlocutcur, beaucoup
de désir de la paix, et n'élait homme
a
ab user
d'aucuu des emportemcnts dont il était témoin.
I1 ne se troubla point, et tira d'abord de son
portefel!lille une lettre de l'cmpereur
Fran~ois
pour Napoléon,' Cette lettre était d'un pere et
d'un honnete homme, et renfermait l'entiere
vérilé. Tout
a
Ja fois affectueuse et sincere, elle
mootrait
a
Napoléon la gravité décisive de eettc
situation , le danger de déterminations irréflé–
chies, lui trac;ait clairement la limite qui séparait
les devoirs du pere de eeux du souveraio, et le
suppliait avec dignité, mais avec instance, <l'é–
couter pour son propre intéret et pour celui du
monde les ouvertures que M. de Bubna était chargé
de lui faire. Cette lettre était propre
a
émouvoir
une nature vive comme celle de Napoléon, et elle
produisit effective1i1Cnt une irnpression favorable.
L'empereur Franc;ois, plus réservé que
l\f.
de
l\fcttcrnich, ayant en outre moins
a
parler el
a
agir, avait pu gardcr plus aisément sa positioo,
avait été rnoins obligé de caresser alternativernent
les uns et les autres, n'avait done pas encouru
les memes reproches de duplicité, et quand il
alléguait d'ailleurs Ja doublc qualité de pere et
de souverain pour expliquer sa double conduite,
avait bien raison apres tout, car s'il avait accordé
a
Napoléon sa fille qu'it aimait, et s'il tenait
eompte de ce lien,
il
ne devait pas oublier cepcn–
dant l'intéret <lesa monarchie qui avait de grands
dommages
a
réparer, l'inLéret de !'Allernagne
sans laquelle l'Autriche ne pouvait exister, et s'il
cherchait
a
eoncilier ces inlérets divcrs,
il
était
certes dans l'exaet acomplissement de tou ses
devoirs a la fois.
Napoléon, quoique fort irrité, le sentait bien
au fond, et cette lettre l'adoucit visiblement, sans
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