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LIVRE QUARANTE-HUJTIEl\tf:.

dance.

11

y aurait la, disait-il, de quoi payer la

guerre dont les négociants de ces pays étaient en

partie la canse. Ne se cacJrnnt jamais 13.chement

derriere ses agents, quand il prescrivait des

mesures rigoureuses,

il

voulut que le maréchal

Davoust, en cxécutant ces instructions formida–

bles, déclarat qn'il agissait d'apres les ordres

forrnels de l'Empereur, et

il

compt.ait, ajoutait-il,

sur son intlexibilité connue, pour qu'aucune par–

tie de ces ordrcs ne restat inexécutée. Heureuse–

ment qu'il comptait aussi, saos le dire, sur l'hon–

neteté et la sngesse de ce maréchal qui, tout

rígoure11x qu'il était, snurait attendre pour agir

que la colere de son maitre se füt évaporée en

parolcs eífrnyantes. De tous ces ordres la prin–

cipale partie devait rcster sansexécution; et il ne

<levait en résulter que de grosses eontributions,

d~nt

l'armée vivrait pendant plus de six mois,

depuis Hambourg jusqu'a Dresde.

Napoléon , passant

a

cheval le temps qu'il

n'employait pas

a

travailler dans son cahinet,

nvait parcouru les bords de l'Elbe, reconnu Koo–

nigstein et Pirna, ainsi que tout Je paysau-dessus

et au-dcssous de Dresde, ordonné l'étahl issement

de deux ponts, un en charpente

a

Dresde memc,

pour raceorder les parties subsistantes du pont

de pierre, et un de radeaux a Pricsnilz, ou l'ar–

mée avait opéré un passage de vive force.

11

avnit fait construire de fortes tetes de pont em–

brassant ]'une et l'autre rive, pour le cas oú il

scrait oblígé de se replier sur la ligue de l'Elbe

n

la suite d'une bataille perdue, et avait veillé

Jui-memc

a

la création devastes hópitanx et de

vasles m:rnutentions de vivres, situés sur la rive

gauche, afinque rien·ne fút cxposé aux entre–

prises de I'ennemi. Tous ces travaux il les faisait

exéeuter

a

prix d'argent tiré de son trésor se–

erct, afin d'attirer

a

Iui le peuple <le Dresde,

qu'il voulait en meme temps intimider et satis–

fni1·e. Les détachements de cavalerie amenés des

drpóts par le duc de Plaisanee ayant rejoint, il

les avait fondus dans le corps du général Lá –

tour-Maubourg, de maniere

i1

remettre ensem–

ble les escadrons de chaque régiment. Ce corps

étaÍt monté aÍDSÍ

a

huit mille bcaUX C3Ya!iers, et

avec trois mille cavalíers saxons qui allaient r c–

\'Cnir, :ivec mille ou deux mille eavaliers bava–

rois et wurtembergeois qui étnient attendus,

dcvait sous quelques jours s'élever

a

12

mille

hommes a cheval. Quatrc mílle hommes de Ja

garde devaient portcr

a

16 mi lle le total de notre

cavalerie, ce c¡ui composait déja une force res–

pccll1ble, et indépendante des troupes légcres de

cetle :irme que chaque•eorps avait pour s'éclai–

rer. Des détachements venus des dépots sous le

duc de Plaisance, il restait au moins trois millc

c:ivalicrs, destinés au général Sébastiani, pour

compléter ses régiments lorsqu'il ·serait arrivé

a

Wittenberg. L'armée aurait alors

:rn

mille

hommes

a

cheval capables de charger en ligne.

C'était huit ou dix jours encore

a

attendre pour

pnsser d'un état presque nul en fait de cavalerie

a

un état asscz imposan.t. De plus le général Bar–

rois avait amené une seeonde division d'infan -

terie de la jeune garde, et il s'en préparait une

troi ieme en Franconie sous le général Delaborde.

Ainsi se complétaient , pendant ces quelques

jours de repos a Dresde les 500 mille hommes

qui form::iient'le premier armement de Napoléon,

et qui suffiraient peut-etre

a

dieter des lois

a

l'Europe eoalisée. C'est dans ce repos si actif

qu'il attendait le roi de Saxe, sommé de se ren–

dre

a

Dtesde, et le comte de Bubna, annoncé de

Vienne avec tant d'appareil.

Le roi de Saxe en cffet n'avait p:is perdu unf'.

heure pour déférer

a

la sommation de son redou -

table allié.

11

avait quitté Prague, demandant,

comme nous l'avons dit , et promettant le secret

a

l'Autriche sur tou-t ce qui s'était p:issé. Le

12

mai, le vieux roi, entouré de sa famille, de sa

bclle eavalerie, tant de fois reclamée en vain,

arriva, par la route de Peterswalde, aux portes de

Drcs e. Napoléon , qni avait résolu de jouer une

sorte de eomédie, mais grande comme il luí con–

vcnait, était sorti de

la

ville

a

la tete de sa

garde pour recevoir le monarque saxon, auquel

il était beureux, disait-il, de rcstituer

ses

États .

r econc¡u is p:ir les .armes de la France. L'armée

fr::in9aise était sur pied; le temps était superbe,

et tout se pretait

a

une scene irnposante. Napo–

léon, arrivé pres du vjeuxroi, descendit de che–

val et l'ernbrassa affectueusement , comme un

prince qui , pour le rejoindre, se SeJ'ait arraehé

aux rnains d'ennemis dangereux, et non comme

un prince r epentant qui revenait

:1

lui ra ;11ené

par la erainte. Frédéric-A11gu te ne p11t se

défendre d'une vive émolion, car s'il avait peur

de Napoléon, il l'aimait, n'en ayant

re~u

que

du bien , bien chimérique et écrasant pour

sa fa iblesse , puisque c'était la lourde couronne

de Polognc, mais bien enfin, et en le relrou–

vant si puissant, si amical, il

ful

saisi d'un sen- '

timent de reconnaissanee. Napoléon l'aceueillit

avecautantderespect quededignité, en présénce

des habitants de Dresde aceourus en foule pour

assisler

a

cclte entrevue, et, du reste, les pcuplcs