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52

LJVBE

QUARANTE-HUlTIEi\'IE.

\

apporter néanmoins bcaucoup de changements

a ses résolutions.

11

écouta lrs propos1tions que

1'1.

de Bubna avait a lui faire, non pas a titre de

conditions, car toutes les formes étaicnt soigneu–

sement observées envers lui, mais a titre de con–

jectures sur ce qu'il était possible d'obtenir des

puissanccs belligérantes,

a

titre de propositions

que l'Aut.riche serait décidée

a

appuyer

coro.me

raisonnables. Ces diverses propositions étaient

déja connues de Napoléon, et s'il n'était pas con–

vertí, il était du moins un peu calmé

a

leur

égard. Il les écouta avec attention, fcignant de

les cntendre énoncer pour la premiere fois, de–

meura tranquille pendant qu'on les lui exposait,

mais peu

a

peu laissa voir la vraie raison de ses

refus, et cette raison, c'était l'orgueil, J'orgueil

qui souffrait en Jui d'abandonner, ou des titres

qu'il avait pris avec un grand appareil, ou des

territoires qu'il avait annexés solennellement

a

l'Empire. Le grand-duché de Varsovie était

perdu, il avait péri

a

Moscou. Sous ce rapport

tout le désagrément était subí. D'ailleurs, la

grandeur de la catastrophc avait quelque chose

qui était digne de la destinée de Napoléon. Son

parti était done arreté

a

ce sujet, et au surplus

il

ne s'agissait pas la de son empire, il s'agissait

d'une vaste combinaison politique, le rétablisse–

ment de la Pologne, qu'il avait tenlée, disait-il ,

dans l'intéret de l'Europe elle-meme, et

a

la–

quelle

il

n'était pas tenu de se sacrifier, les

hommes et la Providence n'ayant pas voulu l'y

aidcr. Sur un autre sujet, plus grave peul-etre,

l'Espagne, Napoléon (ce qui étonna profondé–

mcnt l\L de Bubna) ne se montrait plus aussi

absolu, bien qu'il évitat de s'expliquer. U ue di–

sait pas ce qu'il céderait relativement a celte

qucstíon, mais il paraissait décidé

a

céder quel–

que chose, et, quant

a

présent, afin d'amener

l'Angleterre

a

négocier, il se déclarait pret a

a<lmettre les insurgés espagnols aux conférences.

Jci se révélait, sans que M. de Bubna put la pé–

nétrer, la nouvelle disposition de Napoléon

a

se

montrer plus facile pour la Russie et l'Angleterre

que pour les puissances allemandes. l\L de Bubna,

qui n'espérait pas tant

a

l'égard de la qnestion

espagnole, fut surpris et enchanté. Mais les points

mcmes auxquels l'Autriche tenait le plus étaient

justement ceux qui faisaient éprouver

a

Napo–

léon les plus pénibles émotions. Récompenser la

Prusse de sa défcction en la reconstituant, lui était

singulieremcnt antipathique. Pourtant comme il

était

a

la fois violcnt et prompt

a

pardonner, sur

ce point on pouvait l'adoucir encore. Mais re-

noncer au titre de protecteur de la Confédéra–

tion du Rhin, luí semblait une humiliation qu'on

voulait lui imposer. L'abandon des départernents

hanséatiqucs' réunis constitutionnellement a

I'Empire, lui semblait une autre humiliation tout

aussi diffieile

a

dévorer. M. de Bubna avait beau

dire que le titre de protecteur <le la Confédéra–

tion du Rhin élait un vain titre, sans aucunc

utilité pour la France, Napoléon s'armait de cctte .

raison meme pour 'répondre que l'inulilité du

titre rcndant la chose de nulle valeur, le désir

de l'humilier en devenait plus évÍdent. Relativ,e–

ment aux territoires hanséatiques, le negociatcur

autrichien affirmait que ce serait déja une diffi–

cile concession

a

arracher aux puissances belli–

gérantes que celle de la réunion de Ja Hollande

a

la France, mais que pour les tcrritoires hanséa–

tiques,

l'

Angletcrre

a

cause de la mer, Ja Prusse .

a

cause du voisinagc, la Russie

a

cause du duché

d'Oldenbourg

1

ne consentiraient jamais

a

nous

les accorder. Napoléon avait

a

leur sujet une

raison, qui n'ét11it pas tout a fait d'orgueil, mais

de politique, et devant Iaquelle

l\L

de Bubna

était moins armé de bonnes réponses, c'est que

Ja France avait besoin de ces territoires, commc

moyen d'échange, pour se faire · restituer ses

colonies par l'Angleterre. M. de

Metlernic~

lui–

meme s'était placé a ce point de vue' dans

pl~s

d'un entretien sur cette question. Jci M. de Bubna'

répondait qu'il n'apportait que des propositions

préalables, qui n'avaient ríen de définitif, qu'on ·

pourrait débattre plus tard, et modifier au gré

de tous; que l'Aógleterre étant présente, on

pourrait mettre Lubcck, Hambourg, Breme en

balance avee la Guadeloupe, l'ile de France, le

Cap, et ne céder les unes que contre les autres ;

et

il

faisait de vives instances pour qu'on se

réunit au moins dans un congres,

a

Prague, par

exemple, ou l'empereur Frarn;ois se rendrait

lui-meme, pour etre plus pres des puissances

belligérantes, et pouvoir employer plus efficace–

ment ses bons offices.

Celte entrevue avait duré plusieurs heui·es.

Napoléon paraissait adouci, sans donner

a

penser

toutefois qu'il fut ébranlé, ·et on convint qu'il

reverrait le lendemain

l\f.

de Bubna, avant de

partir pour rejoindre l'armée. Bien qu'il füt

décidé

a

ne pas subir les conditions qu'on cher–

chait

a

lui faire agréer, surtout

a

ne pas les subir

de la part de l'Autriche, bien qu'il se crut en

mesure d'imposer.d'autres conditions moyennant

qu'il cut deux ou trois mois pour achever ses

derniers armements,

il

était cependant fÍ·appé de