LUTZ:EN ET BAUTZEN. -
MAI
181 5.
sout si cnfants, que, frappés de ce spectacle, les
Saxons furent émus eux-memes, et pour ainsi
dire apaisés par Ja vue des deux monarques r é–
conciliés.
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faut ajouter que les Russes s'é–
taient eomportés en Saxe de maniere a dimi–
nuer beaucoup la haine qu'inspiraient les Fran–
-;ais.
Napoléon eonduisit Frédéric-Augu ste
a
son
palais, qu'il affecta de luí reodre, et dina le jour
meme asa table en tres -grande pompe.
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s'était
logé provisoirement au palais du roi, rnais avec
le .pr9jet publiqu ement annoncé de se ch oisir
une dcmcure plus militaire, moins gcoante , et
dans l'intention aus i de laisser
a
son hóte l'ap–
parence d'un princc tout a fait maitre chez lui.
On cherchait pour Napoléon une maison de cam–
pagne aux portes de Dresde, ou
il
pourrait jouir
de la plénitude de son temps et de la beauté <le
la saison, et aurait l'air, qui lui allait si bien, de
camper.
Apres ces démonslrations viorent les épanche–
mcnts et les explications entre Napoléon et le
vieux roi. Ce prince agité fit-il a Napoléon les
aveux dont on l'accusa depuis pour justifier la
spoliation d'une partie de ses États? On l'a pré–
tcndu en effet, mais tout, dans les documents
existants, prouve le conlraire. Il est probable
que les vues de l'Autriche durent, sans qu'il
fUt
infidele, se déeouvrir d'elles-memes daos ses ré–
cits, et que s'il les révéla, ce fut sans le vouloir,
car elles étaient fort claires par elles-memes, et
peu coupables apres tout, bien que Napoléon les
prit dans le moment en fort mauvaise part.
JI
est certain ·que les révélations qui avaicnt com–
plétemeot changé les dispositions de Napoléon
a
l'égard de l'Autriche lui étaient parvenues
avant le
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mai, jour de l'entrée du roi Frédérie–
Auguste
a
Dresde, et qu'il avait tout appris soit
par
1\1.
de Nurbonne, soit par les dépeehes inter–
eeptées, et 1·ien par le roi de Saxe, encore abscnt
de sa capitale.
Napoléon daos cet entreticn rassura Frédéric–
Auguste sur les suites de la guerre, lui fit parta–
gcr sa confiance, et lui rendit autant de calme
que ce princc pouvait en éprouvcr au milieu du
tumulte des .armes, pour lesqucllcs il était si peu
fait. L'union était redcvenue cnticre, et Napo–
léon voulut surtout qu'elle parut telle, car il lui
convenait de se montrer en parfaite intimité avec
ses alliés, dont on le disait aussi craint que h ni',
ce qui étnit vrai assurémcnt des pcuplcs alle–
mands, mais beaucoup moios de leurs souve–
rains.
CONSIJLAT,
5,
Le prcmier avantagc que Napoléon tira de la
présence du roi a Dresde, fut de mettre la main
sur ses troupes. La cavalerie saxonne était su–
pcrbc. En la complétant avec quelqucs recru es,
clic deva it monter a environ trois mille cavaliers ,
séduits déj a comme leur roi par les habites
caresses de Napol éon. On la confia le jour meme
au brave Latour-Maubourg. Quant a l'infantcric
enferméc dans Torgau , elle fut exposée a une
épreuvc assez dangereuse. Le général Thielruann,
l'un des patriotcs allcmands les plus ardents et
le plus sinceres, s'était fort comprornis par sa
conduit.e. Il était alié visiter
a
Dresde l'cmpc–
reur Alexandre, lui avait témoigné son dévoue–
ment
a
la cause des coalisés , mais, en sujct sou–
mis, n'avait pas osé lui livrer Torgnu , ayant
l'ordre de son r oi de n'ouvrir cette place qu':rnx
Autrichiens. Rcvenu a Torgau
il
avait été déscs–
péré de voir, apres la oataille de Lutzen, son roí
rctombé dans les mains des Frauc;ais, et de plus
il avn it con-;u pour son propre compte des craintes
assez vives. Cédant au double stimulant dupa–
triotisme et des inquiétudes personnclles, il avait
alors cssayé d'ébranler la fidélité de ses troupes,
et de les amcncr
a
passer du cóté des Russcs, en
se fond ant sur ce que le roi n'était pas libre, et
ne <lonnait que des ordres arrachés par la force.
Bien qu e ses accents patriotiques retentissent au
cmur de ses officicrs ,
il
ne put les cntrainer, et
tous avec leurs soldats dcmeurcrent fülelcs
a
l'autorité de leur souverain.
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s'enfuit, apres cettc
tentati ve infruclucusc, nu camp d'Alexandre ,
abandonnant son infanterie, qui des ce momcnt
rentra saos difficulté sous le commanclemcnt du
général Reynier, pour les talents et le carnctcre
duquel elle nvait con -;u un e estime méritée .
Pendant ce temps, le maréchal Ney, se confor–
mant aux instru ctions qu'il avait r e-;ucs ,. avait
traversé Leipzig, et s'était transporté
a
Torgau,
ou il avait recueilli les Saxons. Un peu agauche,
a
Witlenberg, ce maréchal avait le duc de Ucl–
lune avec ses bataillons orga nisés,
h
droitc le
général Lauriston établi avec son corps
a
Meissen.
Le général Sébastia11i amenant la cavalcrie remon–
tée en Uanovre, et la division Puthod (ccllc du
corps de Lauriston qui était r estée en arricrc),
n'était pas encorc arrivé. Néanmoins avcc Rcy–
nier, Víctor, Lauriston, le maréchal Ney avait
assez de forces pour marcher sur Bcrlin, et
il
en
ntt.cndnit l'ordrc avcc impnticuce.
Napoléon , nvant de le lui expédi cr, voulait
avoir des renscigncments précis sur les desseins
des coalisés . Déja il avniL por té au <lelñ de l'Elbe
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