LUTZEN ET BAUTZEN. -
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et cnsuite d'exiger ses troupes pour les joindre
a
celles du prince Eugene. Murat avait employé
rout sol} temps, depuis
f
808,
a
créer une armée
napolitaine, et
il
était le seul homme capablc d'y
réussir, car, outre sa renommée, il avait pour
cbarmer les Napolilains sa belle etgracieusetigure.
Environ dix mille soldats de cette arméc avaient
été dispcrsés <fª et la dans l'immensité des trou–
pes envoyées en Russie, et de ces 10 mille sol–
dats, on en avait sauvé 5
a
4 mille. 1\1ais Murat
avait encore s.ous les ar-mes pres de 40 mille
ho.mmes parfaitement organisés , et Napoléon
imagina d'en prendre 20 mille pour les adjoindrea
Eugene. Quand l'Autriche verra cent mille com–
battants sur I'Adíge, dit-il au vice-roí, elle sen tira
que e'esta elle acompter avec nous, et nou pas nous
avec elle. - Ces instructions donnécs verbale–
ment au prince Eugene, pu is consignées fHlr écrit
en plusieurs dépech(}s, Napoléon Íui serra la
main avec une affection dont il ne s'était jamais
départi envers ce prince, bien qu'il s'en déflat
quelquefois, comme de tout ce qui luí était le
plus cher, et il le
fit
partir le jour meme.
On a vu quelles dispositions il avait prises pour
rassembler une armée
a
:Mayence, avec les cadres
revenus d'Espagne. La consommation des lwm–
mes·, incessante dans la Péninsule, permettant
de comprendre ce qui restait daos des cadres
toujours moins nombreux, Napoléon comptait
sur soixante cadres de bataillons
a
l\Jayence, fes–
quels
devaient.seremplir chaquejourdeconscrits
des anciennes classes. 11 espérait y joiodre aussi
les cad·res de soixantc cscadrons de cavalerie ,
recrutés avec les cavaliers formés da ns les dépóts,
et montés avee les chevaux tirés de France. En
W estphalie, la réorganisation des corps du maré–
chal Davoustet·du duc de Bellune devait fournir.
comme on a vu , cent douze hataillons,
c'cst-a~
dire au moins 90 mille hommes d'infonterie.
Déjales viogt-huit seconds
bat~illons
réor.gani–
sés
a
Erfurt étaient réonis sous le duc deBellune,
qui, outre les douzc qui Jui appartcnaient, avait
lesseizedu maréchal Davoust. Vingt-huitvenaient
d'arriver
a
Breme sous le général Vandamme.
Les autres devaient bientót suivre ceux-la. Lors–
qu'ils seraient tous formés, on se proposait,
comme nous l'avons déja dit, de mettre ensem–
ble les qoatre bataillons de chaque régirnent, de
recomposerainsi les vingt-huit anciensrégiments,
d'en donner seize au maréchalDaivoust, douze au
marécha1 Víctor, et de c1'éer une armée de
120
mille hommes, avcc une nombreuse artillerie
tirée de Hollande et des départements hanséati-
ques, avec le reste de la cavalerie remontée par
le général Bourcier. Si le Danemark, objet
en
ce
moment des cares el? de l'Angleterre et de la
Russic, qui tacbaicnt de lui arracher, moyennant
indemnité, le sacrifice volontaire de la Norwége,
nous rcvenait comme tout Je faisait espérer, on
pouvait se promettre douze
~1
quinze mille Danois,
excellents soldats, ce qui devait por ter
a
150 mille
hommes au moins l'armée du has Elbe. C'étaient
done trois
~rmées,
une
a
Milan, une
a
l\fayence,
une
a
Hambourg, que Napoléon préparnit, indé–
pendamment de ce qu'il avait déja sous la main,
et dont l'organisation avan<fait a chaque heurc '
surtout dcpuis qu'il était a Dresdc. 11 comptait
sur 100 mi lle hommes en Italie, sur 70 mille
~1
l\Jayence, sur 150 milie entre Magdebourg et
Hambourg, c'est-a-dire sur 600 mille eombat–
tants, en compreoant ce qu'il avait en Saxe, force
énorme, bien propre
,a
altérer, il faut le recon–
naitre, larectitude de son jugemcnt, en luí inspi–
rant une confiance sans bornes.
11
adressa au maréchal Davoustles instruclioos
les plus préciscs pour ces diverses organisations,
dont une partie devait se faire sous la forte et
savante main de ce maréchal. 11 luí annoh<f:i
qu'on lui rendrait bientót les bataillons qu'on
lui avait empruntés pour les preter au duc de
Bellune; il lui prescrivit de rcntrer le plus tót
possible dans Hambourg, de profiter pour celn
du mouvement proje'té sur Berlín, d'excrcer
partout, et notamment a Hambourg, une justice
rigourcuse. Napoléon était exaspéré contre les
villes hanséatiques, qui venaient d'expulser les
douaniers , les pcrcepteurs des impóts, les offi–
eiers de police fran9ais, et en plusieurs endroits
de les assassiner, qui avaient accueilli les Cosa–
ques avcc transport, et qui semblaient le butdes
cfforts militaires et diplomatiques dela coalition.
11 voulait ramener ces villes sous son autorité
par la force et par la terreur, et s'il fallait les
rendre, les reodre ruinées
a
l'Allemagne. 11 or–
donna au maréchal Davoust de faire fusiller les
membres de l'ancien sénat qui s'étaient remis
en possession de lcur pouvoir, les principaux
meneurs qui avaient excité l'insurrection, quel–
ques-uns des officiers de la légion banséatique
qu'on avait levée cor1tre nous;
il
ordonna d'ar–
r etcr· et ele priver de leurs hicns les cinq cents
principaux négociants, qui passaicnt pour enne–
mis de la France; enfin, de saisir parlout, sans
examen, les denrées coloniales et Jes marchan–
dises anglaises , qui depuis l'insurrection de
Hambourg avaient pénétré par l'Elbe avee abon-