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58

LIVRE

QUARANTE-HUITIEl\fE.

ou le rui_sseau du Bloesaer·Wasser prenait sa

source entre Jenkwitz et Pilitz, et devait la dé–

fendre

a

outrance contre notre droite établie sur

le Tronberg. Le centre, composé des gardes et

des réserves russes, chargé de défendre le milieu

de la position, s'était placé en arriere du Illoe–

saer-Wasser, c'est-a-dire a Baschütz, sur un

relevement du terrain qui se trou vait en face de

Nadelwitz et de Nieder-Kayne, et s'y était établi

sous la protection de plusieurs redoutes et d'une

forte artillerie. Le centre des coalisés présentait

aiusi un ampithéatre h érissé de canons, et, si

pour l'aHaquer , J\forrnont, la garde et l\'Iacdonald,

formant le centre de l'armée fran9aise, descen –

daicnt du plateau de Bautzen, franchissaient le

Bloesaer-Wasser

a

Nieder-Kayne ou a Bazank –

witz, il leur fall ait traverscr une prairie maréca–

geuse sous un feu plongeant épouvantable, puis

enlever a découvert la hauteur de Basckütz

garnie de rcdoutcs.

Vers leur droite, c'cst-a-dire vcrs notre gau–

che, les coalisés, au lieu de s'étaulir en arriere du

Bloesaer-\Vasser , s'étaient postés en avant. Atla–

chant avcc r aison une grande importaucc a ces

mamelons boisés qu e la Sprée perc;ait pour dé–

boucher en plaine, et derriere lesquels coulait le

Bloesaer-Wasser, ils y avaientlaissé Blucherpour

les disput er avec sa vigueur accoutumée, de

maniere que leur ligne, a son extrémité, au lieu

de rétrograder comme le Bloesaer-,Vasser, pré–

sentait une espece de pron10ntoiJ·e avancé. Blu–

cher était la avec vingt mille hommes , attendant

que le général Bertrand voulut sortir du pied-

a–

terre qu'il s;élait assuré la veille en passant la

Sprée

~

Nieder-Gurck. Blucher avait

a

sa gauche,

le long du Bloesaer-Vlasser , c'est-a-dire

b.

Kreck–

witz, les r estes tres-fatigués de Kleist et d'York,

puis, au revers des mamelons, la cavnlerie prus–

sienne et une parlie de la cavalerie russe pour

couvrir ses derrieres. Enfin, dans la plaine hu–

mide et verdoyante qui s'étendait au dela de ces

mamelons, et au milieu de laquelle la Sprée et le

Bloesaer-Wasser allaient se confondre, se trouvait

sur une légere éminence, marquée par un moulin

a

vcnt, Barclay de Tolly avec ses quinze mille

Russcs. Il était la pour résister aux lentatives du

maréchal Ney, dont les coalisés ne pouvaient pas

encore apprécier toute l'importance.

C'était done un ensemble formidable de posi–

tions

a

cnlever' car notre droite, sous le mar échal

Oudinot, devait se maintenir sur le Tronberg

qu'elle avail conquis, Je dépasser meme, s'il était

possible; notre centre sous l\facdonalcl et Mar-

mont, appuyé par la garde, devait descendre au

bord du Bloesaer-Wasser, le franchir, traverser

la prairie au dela , sous le feu des redoutes uusses

de Baschütz , et emporter ces redoutes. Notre·

gauche enfin, sous le général Bertrand, avait la

difficilc tache de s'élever sur les mamelons dét'en–

dus par Blucher et de les lui arracher. On aurait

bien pu succomber

cctte triple tache , devant

des obstacles de terrain aussi nombreux, derriere

lcsquels étaient rangés pres de cent mille Russes

et Prussiens déterminés, si on n'avait cu contre

cux que la ressource d'une attaque de front. l\lais

Ncy, arrivé daos la soirée meme

a

Klix avec 60

mille hommes, devait

y

passer la Sprée, traverser

la vaste plaine entrémelée de prairies et d'étangs

qui était

a

notre _exlrerne gauche et

a

]'extreme

droite des coalisés , forcer tous les/ obstacles qui

seraient sur son chemin, défiler par derriere les

mamclons occupés par Blucher, et se diriger sur

le clocher de Hochkirch , qu'on apercevaitau fond

meme de ce champ de bataille' rccouvert d'un

cuivre verdatre et brillant. De tout cóté on voyait

ce clocher, et Napoléon l'avait indiqué au maré–

chal Ney comme but frappant de ses efforts. Le

ma.réchal avait ord rc de se metlre en mouvement

des Je matin, de franchir Ja Sprée

a

Klix coute

que coule, de déboucher cnsuitc sur les derrieres

de l'ennemi, et de fa ire le plus tót possible enten–

dre son canon vers Preit.itz et Klein-Bautzen ,

sur la route de Hochkirch. C'est ce moment que

Napoléon atlendait pour faire attaquer Blucher,

de front par Bertrand , de fl anc .par Marmont,

pour franchir ensui te le ruisseau du Bloesaer–

Wasser, et aller assaillir les redoutes du centre,

défendues par la garde russe. II était possible

que si Ney avait paru

a

temps

a

Klein-Bautzen,

Blucher füt non-seulement repoussé, mais pris

lout entier. 11 était certain au moins que sa re–

Lraite devait déterminer celle de t.oute l'armée

ennemie.

Tellcs étaicnl les savanles dispositions de Na–

poléon pour la journée du lendemain 21, les–

quellcs, ordonnées d'un peu loin, surtout pour

Ney qui ch eminait

a

grande distance, laissaient

un pcu plus

a

faire que de coutume

a

l'intelli–

gence de ses lieutenants. Cliacun coucba au bi–

vac sur le terrain qu'il avait conquis, par un

tres-beau temps, et avec

plei.ne

confümce daos

le résul tat de la prochaine journée. Napoléon bi–

vaqua au milieu des carrés de sa garde, sur le

platca u de Bautzeu, apercevant, du point ou il

était, toutes les positions de l'ennemi, mais non Je

terrain que Ney devait parcourir , et que lui ca-