Table of Contents Table of Contents
Previous Page  72 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 72 / 616 Next Page
Page Background

62

LIVRE QUARANTE-HUITIEl\IE.

done, et passa en vue de Preititz, tout pres de

Ney, qui en élait resté maitre. Pa1· un uonheur

ioou1 pour lui, tandis qu'il descendait de ces

mamelons, ou il avait promis de rési ter

a

tou:s

les efforts des Franqais, et en descendant par

Klein-Baulzen , Ney, croyantplus prudentdc les

faire évacuer avant de se porter sur Hochkirch,

les gravissait par Preititz, de sorte que Ney y

monlait d'un cólé pendaot que Blucher en dcs–

cendait de l'autre. Dlucher pul done opércr sa

retraile saos facheusc rencon lre, traver a Je

lignes de Ja cavaleric russe et pru sie11ne, qui

était demeurée e11 bataille derrierc lui pour le

recevoir, et dont le long déploiement avait tant

imposé au maréchal Ney.

l\fais la victoire n'cn était pas moins as uréc.

Bertrand suivit Blucher cu retl'aile ; Marrnoot

avec son corps, Mortier avec la jcune garde,

voyant le rnouvement rétrograde

e.le

l'ennemi,

descendirent sur le bord du Bloe ace-\Vas er, le

franchirent, et traverserent la prairie inondée

qui s'étend:iit au pied des reuoule de Baschütz.

La jeune garde les escalada sans grand dom·

mage, car le mouvernent de retraite imprimé a

In droitc des coalisés s'élait communiqué au re te

de leur armée. Ce mouvemcol général viot

a

propos dégager Oudinot, qui,

a

notre droite, as–

sailli sur le Tronberg par loutes les force de

l\Iiloradovitch, avait été conlraint de sereplier et

de prendre position en arric1·e, la gauehe a Rabitz,

la droite

a

Grubtitz, ou

il

avait tro uvé l'appui de

l'intrépide Gérard , commandantla droitede Mac–

donul<l. Au bruit de la victoire reruporlt:c sur

toute cette immcnse ligne, Oudinot reprit l'offcn–

sive contre les Russcs qui e retiraient, et les

poussa vivcment. Sur une étenduc de troi lieues

on se mit

a

poursuivre les coalisés; mai , faute

d'un lerrain propre

a

la cavalerie, faute aussi

d'en avoir assez, on ne pu t recueillir en fait de pri–

sonniers el de canons que les blessés et les pieces

démontées, dont Je nombre uu surplus étai t con–

sidérable, et suffi ait pour donner un grand

éclat a cette victoire. Cer·tes, si le maréchal Ncy

etit élé cette fois aussi téméraire qu'il étAit in–

trépide, et

il

faut rcconnaitre que sa posilion ,

a

la dislance ou

il

se trouvait de Napoléoo, avait

dti luí inspirer de l'inquiétude, si l'heureuse au–

dace des temps passés l'avait a11imé, on aurait

ramassé daos cettcjournée plus de trophécs qu'a

Austerlitz,

i1

léna ou

a

Friedland, car on aurait

pris toutela droitede l'armée enncmie, et notam–

ment Ulucher, notre adversaire le plus ardent.

Telle quelle, la victoire étai t des plus brillantes;

elle faisait tomber une positiou formidable, dé–

fcnduc par pres de cent mille hommes, et la der–

niere\ illusion des alliés, du moios pour eette

partie de Ja campagne. lis ne pouvaienl plus se

flattcr de nous fermcr le chemin 'de l'Oder ; ils

ne pouvaient plus surtout,

a

moins d'un armi–

lice imrnédiat, rester attachés au territoire de

l'Autrichc, et, par son tcrritoire,

a

sa politique.

·Quant aux perles, bien qu'en aient dit depuis

les écrivains allcma nds, elles étaient moindres de

nolre cóté que du cóté des coalisés. Ceux-ci ont

a\·tJué pour le deux journées une pertc d'en–

viron 15 millc hommcs en morls et blcssés, et

elle fut beaucoup plus con i<lérahle. La nólre ne

pouvait pa , en s'en rapporta nt

a

de états fort

préci , elre évaluée

a

plus de 15 millc horomes,

en morts ou blessés, bien que nous fussions les

a aillant ' et que notre lache fut de bcaucoup

la plus laborieu e. La situation des combaltanls

explique cctte différence. Le maréchal Oudinot,

le 2·1 au matin, occupait une position dominante

que les Rus es avaient été obligés de lui enlever.

Au centre les maréchaux Macdonald et Marmont

n'a,•aient eu, dans cette meme journée du 21,

qu'a tirer du canon, saos elre exposés

a

souffrfr

de la canonnade de l'ennerni. Dans l'engagement

du général Bertrand contre Blucher, la situation

était également difficile pour les deux adver-

aires, et Je général Blucber avait essuyé une

horrible canonoade de flanc de la part du ma–

réchal l\Iarmont. Enfin, du cóté du maréchal

Ney, l'action la plus vive 'étaiL pa sée au village

de Preititz, qu'on s'était pris et rep1·is dans des

conditions égalemcn t meurtrieres pour les deux

pai·tis. Ce qui donna lieu

a

tous les faux bruits

que répandirent les coalisés, suivant leur usage,

ur les pertes que nous avions éprouvées, c'est

qu'abandonnant le champ de bataille, ils nous

Jais crent leurs blessés, et que les habitaots de

Ja Lusace, louchés du malheur de tant de victimes

la plupart allemandcs, se mirent

a

les ramasser

sur le champ de bataille, et

a

les porter les unes

et les autres daos de petites voitures de paysans,

qu elquefois dans de simples brouettes, soit aux

villes les plus prochaines, soit meme jusqu'a

Dresde. Or, daos ces nornbreuses victimes,

il

y

avait autant de blessés des coalisés que des nó–

tres. Sous un rapport seulement nous eumes a

regretter quelques pertes que ne ·firent pas les

coalisés, ce fut sous le rapport des égarés. C'est

le titre qu'on donne

a

ceux qui ne se retrouvent

ni parmi les blessés ni parmi les morts, et qui la

plupart du temps sont des déserteurs.

11

y eut