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LIVfiE QUARANTE-HUlTIEME.

daos cette ville, afin de ne pas s'óter la possibi–

lité de la céder, s'il en

fall~it

faire le sacrifice. Il

s'était contenté d'y envoyer un détachement des

troupes du

mar~chal

Ney.

Le ton, les exigences des commi-ssaires alliés

l'irriterent singulierement

1.

11 leur fit répondre

que l'armistice ne luí était pas nécessaire, tandis

que pour eux il était indispensable ; que si on

voulait donncr a celte suspension d'armes le ca–

ractere d'une capitulation,

il

aHa,it marcher en

avant et les rejeter au dela de

la

Vistule; qu'ils

seraient battus une troisieme fois, une quatrieme,

aussi souvent, en un mot, qu'ils s'exposeraient a

rencontrer l'armée frarn;.aise; que si,

ave~

une

pa,reille conviction ,

il

consentait a s'arréter,

c'était pour rendre a l'Europe des espérances de

paix dont elle avait besoin, et n'etre pas accusé

d'avoir fait évanouir ces espérances; qu'il vou–

lail la moitié de la Silésie au moins, qu'il n'aba n–

doqnerait pas Hambourg, et que, quant aBreslau,

s'il y renon<;ait, ce serait pure complaisance de

sa part

1

car

il

en était maitre. Toutefois

il

évita

de s'expliquerd'une maniere absolue

a

cet égard,

laissant

entrevo.ir

que Breslau serait l'équivalent

de Hambourg. l\fais il fut péremptoire relative–

ment

a

la durée de l'armistice, disant que stipuler

un mois pour traiter tant de matieres si difficiles,

c'était tracer autour de lui le cercle de Popilius;

qu'il était habitué a y renfermer les autres, et

pas du tout

ay

étre enfermé lui-méme, et que

voulant sérieusement d'un congres, il demandait

le temps de le tenir, et de le faire aboulir

a

un

résultat. - Par malheur,

il

ne le voulait pas

franchement, et cherehait a se procurer Je temps

d'armer,. non eelui de négocier.

Les commissaires se revirent, et se mirent

a

disputer sur ces divers themes, au village de

PleiswiLz, apres avoir pris la précaution de stipu–

ler une suspension d'armes provisoire pendant

la durée de ces pourparlers. Les commissaires

alliés tenaient loujours

a

leurs prétentions, saos

néanmoins se montrer invincibles, car ils avaient

de l'armistice un besoin impérieux. De son coté,

Napoléon venait d'agprendre une nouvelle qui

le disposait

a

etre un peu plus accomi!iodant.

l\L de Bassano, récemment arrivé de Paris

a

Dresde, s'était transporté

a

Liegnitz, pour y re–

prendre ses fonctions diplomatiques a la suite

du quartier généra1, et a peine

a

Liegnitz, il y

ayait été rejoint par M. de Bubna revenant de

1

Nous possédons aux archives toule la correspondaucc de

Napoléon avec M. de Caulaincourt pendanl la négocialion de

1

Vienne, et apportant des explications détaillées

sur tous les points que Napoléon ava-it traités

avee luí

a

Dresde les

17

et 18 mai dernier. Voici

ce que

.M.

de Bubna racontait de

~on

voyage et

de ses négociations.

De rerour

a

Vienne, il avait peint Napoléon

comme plus débonnaire encore qu'il ne l'avait

trouvé, bien que Napoléon eut feint de se mon–

trer a lui plus accommodant qu'il ne voulait

l'etre. 11 avait surtout fait valoir sa disposition a

recevoir les insurgés espagnols daos un congres,

comme une concession inespérée, et mis un,

gra

soin

a

taire ses emportements contre

1\1.

de Metternich.H

n'avai~

parlé de ces empor–

tements qu'a

i\'I.

de Narbonne. Ce rapport tres–

adroit avait infiniment satisfait l'empereur Fran–

<;ois et l\L de l\'.letternich, qui désiraient l'un et

l'autre sortír de cette situation sans la guerre.

De plus, ils avaient été fort contents des lettres

de N¡¡poléon, et avaient tenu un eertain eompte

cíes répugnanees qu'il avait manifestées a l'égard

de quelques-unes des conditions proposées. Sur

Ja dissolution du grand-duché de Varsovie, sur

son démembrement au profit de la Prusse, de la

Russie, de l'Autriche, sur l'abandon de l'Illyric

a cette derniere, ils avaient considéré 'Napoléon

comme rendu, quoiqu'il ne l'eut pas formelle–

ment <lit

a

1\1.

de Bubna. Mais, puisque M. de

Bubna l'avait trouvé plus tenace sur la renoncia–

tion au protectorat de la Confédération du Rhin,

et sur la restitution des villes hanséatiques, l'em–

pereur Fran<;ois et

l\'I.

de Metternich s'étaient

décidés sur ces de,ux points

a

admettre quelques

modifications, et ils avaient imaginé les suivan–

tes; qui étaient de nature a sauver ce que Napo–

léon appelait son honneur. Les provinees hanséa–

tiques ne seraient restituées pour reconstituer

les villes libres de Lubeck; Bréme et

Hambou~g,

qu'a la paix avee l'Angleterre. De plus la ques–

tion de la Confédération du Rhin seraitrenvoyée

également a la paix générale,

a

celle qui com–

,prendrait tou tes les puissances de l'univers,

meme l'Amérique. Si on ne traitait dqns le mo–

ment qu'avec la

R~ssie,

la Prusse etl'Autriche,

on ajournerait ces deux poin'ts. Si au contraire

on traitait avec tout Je monde, .Napoléon-po1:1r–

rait bien faire

a

la paix universelle,_qui compre·

nait la paix maritime et devait luí procurer tant

d'avantages et tant de fostre, le

s~crifice

des

deux points contestés.

cet. arrnisticc, el c'est d'apres cette cort'espondance ellc-méme

que j'écris ce récit.