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LUTZEN ET BAUTZEN. -

J UIN

1.8!5.

69

On avait done réexpédié sur-le-champ

M.

de

Bubna fO,ur le ·quartier général

fran~ais,

avec c;es

deux

mo~ificatio~s,

qui étaient

~n

cffet fort im–

portantes, et l'cmpereur

Fran~ois

avait adressé

une nouvelle lettrc

a

Napoléon, dans Jaquelle,

répondant

a

la priere que celui-ci Jui avait faite

de soigner son honneur,

i1

disait ces mots : Le

jour ou

~vous

ai donné

~a

filie, votre bonneur

est devenu le mien. Ayez

confia~ce

en moi, et je

ne vous demandera{ rien dont votre gloire ait

a

souffrir. - A 'ious ces témoignagcs,

l\'I.

deBubna

dev~if

ajouter la déclaration formelle que l'Au–

triche n'était

encor~

engagée avec personne, et

que si Napoléon acceptait les conditions de paix

ainsi

modi~ées,

el1e était prete

a

se lier avec Jui

par de nouveaux articles joints au

tra~

d'alliance

du 14 mars 1812'.

Tefles étaient les dispositions de Ja cour de

Vienne Jorsque

l\'I.

de Bubna s'était remis en

route, et elles étaient sinceres,

e.ar

a

ce moment

l'Autrichen'avait pas cncore cntendu parler d'ar–

rangement direct entre Ja Russie et la France; elle

n'avait done ni mécontentement, ni raison parti–

culiere de se hater, et elle offrait ces conditions

parce qu'elle était assurée de les faire agréer

a

la

Russie et

a

la Prusse par la seule menace de

s'unir

a

Napoléon.

l\f.

de Bubna, ayant fait dili–

gence, était

arriv~

Je 50 mai

a

Liegnitz, aupres

de M. de Bassano, et avait Jonguement exposé

les propositions qu'on l'avait chargé de faire.

Malgré la froideur de

l\f.

de Bassano , il les avait

exposées avec bonne foi, et avec la chaleur d'un

homme qui désirait réussir, pour son pays d'a–

hord, et aussi pour sa gloire personnelle. l.'\'J. de

Bassano rendit compte sur-le-champ, et par éerit,

de cette conférence

a

Napoléon, sans dire un.

seul mot pour appuyer ou eombattre des propo–

sitions dont le rejet est le plus grand malheur

qui soit jamais avenu

a

la France.

Certes une parei1le nouvelle aurait du sembler

bien bonne

a

Napoléon, car

il

dépendait de lui

de terminer sa Jongue lutte avec l'Europe, et

de la terminer en obtenant un empire magni–

fique, en obtenant surtout la paix maritime, qui

par l'effet qu'elle devait produir-e aurait couvert

bien suffisammcnt le sacrifice de Hambourg et

de la Confédération du Rhin. l\folhcureusement

cette communication )'irrita au lieu de le satis–

faire. Il

y

vit la résolution de l'Autriche d'inter–

venir immédiatement, ce qui était vrai, et de ne

pas laisser prolonger les hostilités sans imposer

son arbitrage. Or, il fallait, ou qu'il consentit

a

des conditions dont il ne voulait

a

aucun prix,

meme modifiées, ou qu'il courut la chance d'avoir

a

l'instant meme l'Autriche sur les bras, et

il

ne

pouvait etre en mesure de faire face

a

ce nouvel

cnnemi que sous

deu~

mois. Ce fut done le coup

d'éperon qui ledécida

a

cédersurquelquespoints

contestés dans l'armistice. Au lieu d'etre accom–

modant avec l'Autriche, qui lui demandait des

sacrificcs définitifs, il 'le devint avec la Prusse et

Ja Russie, qui n'cxigeai nt que des sacrifices pro–

visoires. 11 écrivit

a

M. de Bassano en chiffres :

Gagnez du temps, ne vous expliqucz pas avec

l\f.

de Bubna, emmenez-lc avec vous

a

Dresde,

et retardez Je moment ou nous serons obligés

d'accepter ou de refuser les propositions autri–

chiennes. Je vais conclare l'armistice, et alors

Je lcmps dont j'ai besoin sera tout gagné. Si

pourtant on persiste

a

exigcr pour la conclusion

de cet armistice des conditions qui ne me con–

viennent pas, je vous fournirai des thcmes pour

prolonger les pourparlers avec

l\f.

de Bubna, et

pour me ménager les quelques jours qu'il me fau–

d~ait

pour rejeter les coalisés loin du tcrritoire ·

de l'Autriche. -

Dans Je moment, pour son malheur et Je notre,

Napoléon venait de recevoir Ja nouvelle que le

maréchal Davoust était aux portes de Hambourg,

et

s~rait

certainement entré dans cette ville le

t er

juin. On était au 5; il imagina done de ré–

soudre Ja difficulté de Hambourg, en disant dans

l'armistice que, relativemcnt aux provinces han–

séatiques, on accepterait ce que le sort des armes

aurait décidé le 8 juin

a

minuit. Quant

a

Breslau,

il

accorda qu'on laisserait entre les deux armées

un terrain neutre d'une dizaine de licues, lequel

comprendrait Breslau, et quant

a

la durée de

l'armistice, qu'elle s'étendrait jusqu'au 20 juillet,

avec six jours de délai entre la dénonciation de

l'armistice et la reprise des hostilltés, ce qui con–

duirait jusqu'au 26 juillet, et ferait pres de deux

mois. 11 envoya ces conditions avec injonction de

rompr·e

a

l'instaut meme si elles n'étaient pas

admises.

M. de CauJaincourt les ayant présentées le

4 juin , les commissaires, qui avaient ordre de

céder si Breslau ne rest.ait pas dans les mains de

Napoléoo , cédcrent en effet, et cet armistice

fu–

neste, qui a été l'un des plus grands malheurs

de Napoléon, fut signé le 4 juin.

ll

fut convenu

qu'on adopterait pour ligne de démarcation entre

]es deux armécs

Ja ~

Katzbach , afin de laisser

Breslau en dehors comme

tre; qu'apres la

Katzbach on prendrait l'Oder, ce qµi nous assu–

rait la basse Silésie pour y stationner et

y

vivre ;