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. 'tl80

LIVRE

CINQUANTE-TROISJEl\'IE.

alors

Ja

famille d'Espagne, on pouvait compter

sa docilité cnvcrs Napoléon. Le bon Charles IV

avait pour le héros du sieclc une admiration, un

dévouement sans bornes. La nation elle-meme,

enthousiaste du Premier Consul devenu Empe–

rcur, sembluit dcmander ses conseils pour les

sui vre. Comment

a

de tclles gens r épondre par

Ja guerre? De plus

il

y

avait en Espagne un

pcuple ardent, fier, neuf, et capable d'une ré–

sistancc

irn~révue,

qui pourrait bien n'etre pas

aisée

11

domptcr. Sous l'impu issance apparente

de la cour d'Espagne se cachaient done des diffi–

cultés graves. Peut-etre en sachant attendre, on

eut trouvé la solution dans la corruption meme

de la cour d'Aranjuez. Un roí honnete, mais

d'une foiblesse, d'une incapacité extremes, et

telles qu'on les voit seulcmcnt

a

l'extinction des

races, une reine impudique, un favori effronte

déshonora nt son maitre, un mauvais fils vou–

lant profitcr de ces désordres pour hater l.'ouver–

ture de la succession, et une nation indignée

prete

a

tout pour se délivrcr de ce spectaclc

odieux, o:ffraient des chances

a

un voisin ambi–

tieux et tout-puissant . 11 était possible que la

com· d'Espagne s'abimat dans sa proprc corrup–

tion) et demandat un roi

a

Napoléon. Déja on

lui avait demandé une reine pour etre l'épouse

de Ferdinand, et ce moyen moins dircct de rat–

tacher l'Espagne au grand Empire avait été mis

a

sa disposition. Mais Napoléon ne voulait rien

d'indirect ni de différé. 11 voulait tout entiere

et tout de suite la couronne d'Espagne.

Jl

ima–

gina une séric de moyens qui aboutirent

a

une

révolte universelle.

Il avaiL déja envahi Je Portugal sous prétexte

de le fermer

a

l'Angleterre, et la famillc de Bra–

gance avait fui au Brésil. Ce fut pour lui un

trait de lumiere. 11 imagina en accumulant les

troupes sur la route de Lisbonne, avec tendance

a

prcndre la route de l\Iadrid , d'cífrayer les

Bourbons, de les faire fuir, et puis de les arre–

tcr

a

Cadix. Grace a cctte machination , la cour

d'Espagne illlait s'enfuir, et le complot réussir,

quand le peuple espagnol indigné courut

a

Aran–

juez, empecha le départ, faillit égorger Godoy,

et proclama Ferdinand VII qui accepta la cou–

ronne arrachée

a

son pere. Napoléon, dans cet

actc dénaturé, lrouvant un nouveau theme, en

place de celui que le peuplc d'Aranjuez venait

de lui cnlever, atLira le pere et le fils

a

Bayonne,

et les mit aux prises. Le pere leva sa ca one pour

battre son fils devant Napoléon, qui poussa des

cris d'indignation, prétendit qu'on lui avait

manqué de respect,

fit

abdiqucr le pere pour.

incapacité, le fils pour indignité, et eñ présence

de l'Europe révoltée de ce speetacle, de l'Espagne

confondue et furieusc, osa metlre la couronne

de Philippe V stir la tete

de

son frerc Joscph, et

transporta celle de Naples sur la tete faible et

ambitieuse ·du pauvre Mural. Ainsi

commcn~a

cette fatale g uerre d'Espagne, qui consuma, pen–

dant six ans enliers, les plus belles armées de la

France, et prépara aux Anglais un champ deba–

taille inexpugnable.

Cette derniere faute commise, les conséquen–

ces se précipitercnt. Napoléon avait cru que

quatre-vingt mille conscrits avec quclques offi–

ciers tirés des dépóts suffirai.ent pour mettre

a

la raison les Espagnols. Mais sous un tel climat,

en présencc d'une insurrection populaire qu'on

ne pouvait pas vaincre avec des masses habilc–

mcnt maniées, et qu'on ne pouvait soumettre

qu'avec des comLats opiniatrcs et quotidiens, ce

n'étaient pas des conscrits qu'il aurait fallu.

Baylen fut la

premi~re

punition d'une grave er–

reur militaire et d'un coupable attentat poli–

tique. Ce prernicr acte de r ésis.tance au grand

J~mpire

émut l'Europe, et rendit l'espérance

a

des crours que la Irni ne dévorai t. Napoléon, frappé

du mouvement qui s'étaít manifesté dans les

espríts depuisSéville jusqu'a KamigsLcrg, appela

son allié Alexandre

a

Erfurt pour s'entendre

avcc lui, et fut obligé alors de sortir du vague

de ses promcsses magnifiques. Il en sortit en

accordant les , provinces danubiennes. C'était

trop, mille fois trop, car c'était mettre les Russcs

aux portes de Constantinople. Alexandre, qui

avait

r«~vé

Constantinople, feiguit d'etre satis–

fait, parce qu'il voulait achever la conquétc de

la Finlande, et qu'il trouvait bon ·de prendre au

moins les bords du Danube en attendant miet,tx.

Napoléon et luí se quittcre!1t en s'embrassant, en

se promettant de devenir beaux-frercs, mais

a

moilié déscnchantés de leur menteuse alliance.

Uassuré par l'entrevuc d'Erfurt, Napoléon mena

en Espagne ses mcilleurcs armées, celles devant

lesquelles le contincnt avait succombé. C'était le

momen t attcndu par I'Aulriche et par tous les

r essentiments allemands. Alors eut licu une nou–

vclle levée deh<rucliers européenne, celle de

1809.

Napoléon, apres avoir chassé <levant Jui, mais

non dompté les Espagnols qui fuyaicnt sans cesse,

allait détruire l'armée anglaise de Moore qui ne

savait pas fui r aussi vite, quand

l'

A

utriche, en

passant l'Inn, lerappela au nord.

II

quiLla Valla–

dolid

a

franc étricr ,

Cll

promettant que dans