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586

LIVRE CINQUANTE-TROISJEME.

sion.

E¡11

Sujsse,

il

opéra ún,e seconde pa.cification

de la Venµée, au moyen d.e l'acte de médiatioo,

qui, en changeal)t de nom, est resté Ja

cons~itu-

.

tion définitive de la Suisse.

JI

reconstilu a l'Alle–

wagne bouleve,rsée par la gucrre en inde1¡p.nisant

les prjuces dépossédés avec fos biens d'Églisc,

et

cp

rétablissanl .entr,e les coufédérés u n juste

éqrUilibre. Te111mt ainsi d'uiie main équitable et

fer.me

la balance des intérets allemand s, et Ja

faisant lég,erement pcq.cher vers la Prussc sans

ré-velt(!r l'Autrjche,

il

prépara l'alliancc prus–

sienne, sc.ple possible alors, et en memc tcmps

s_uffisanle. .Apres avoir ainsi , au dedans commc

,au dehors, opéré Je -bien praticable et désirablc,

~dmiré

du mo,pd,e, ad,oré de la France,

il

ne lui

re~tait

qu'a s'cndormir au sein de celtc gioirc si

pure, et

ir

permcJtve au monde fatig ué de s'en–

dor.r:pir avcc lui.

Vain rcvc ! .cet hornme qui avait si bien jugé,

si bicn..téprimé les pa_ssions d'putrui, ne sut pas

se contenir des qh'on eut blcssé les siennes.

Des émigrés réfugiés

h

Londres l'ínsultcr ent :

l'Anglclerre les laissa dirc, parce que, d'apres ses

lois, elle ne pouvait les en cmpechcr, et de plus

elle les

écou.ta,

parce qu'ils flattai cnt sa jalousic.

Quel miracle qu'il en

fUt

ainsi, et quelle r aison

de s'en étonner, de s'en irriter surtout ! :Mais ce

héros, ce sage, que

Le

monde admirai t, ne se pos–

sédai,t d 'ja plus. 11 demanda vengeance, e.t ne

l'obtenant pas au gré de sa colerc,

il

outrngea

l'ambassadeur de la Grande-Bretagne. Tandis

qu'il n'aurait fallu que patienter quelq ues jours

pour que l'Anglcterre éva,cuat .l\'Ialtc, il rompit

la· paix d'Ami.ens, .et mit ainsi Malte pour jamais

dans les m_ains britanniques. Les émigrés qui

I'avaient injurié conspirerent contre sa vie, aya nt

malheureusement des

-p~inccs

pour confidents ou

pour complices. Dans l'impuissange d'atteindre

.lrs uns et les aulres,

il

alla sur le-tt:rritoire neutre

saisir un 1prince qui peut-etre n'igoorait pas ces

complot.s, mais qui n'y avait point trempé, et

j,J

le

fit

fusiller impiloyablement. L'Europc, r évoltée

de cettc violation de ter.ritoirc, récluma ; il insulta

l'Eu;ope. Hélas

!

dans son ame bouleversée, les

passions avai.ent vaincu la raison, et les révo1 u-

- Lions de cette ame puissante devenant celles du

monde, la poli tique forte et contenue du Consulat

fit place.a la politiquc aveugle et dés.ordonnéc de

l'Empire. Ce fut la premiere des grandes fauLes du

Premier ConsuJ, et la plus décisive, car elle de–

vint

la

source de loutes les autres.

Aux prises avcc la Grande-Brelagne , le P1·e–

mier .consul voulut la saisir corps

a

corps en

traver_sant le détroit. .l\Iais pour passer la mer

avec sécurité

il

aurait fallu apaiscr le continen_t,

et il prit Genes ! Alors le. cpn tinent éclata, et la

g uerre , de maritime de;vint

continenta~e,

ce qui

n'était pas a regretter, car on lui fournit ainsi

l'occasion de battre l'Angleterre dans la per-sonne

de ses alliés, et de résoudre la question sur terre

au licu de la

résoud1:~

sur mer. Apres avoir

écrasé l'Autriche a Ulm et a Aust.e;11litz,

il

ren–

voya chez elle la Russie bat.tue et confuse, et

coqvrit de ridícule la Prusse accourue pour lui

faire la loi . .C'était le cas de revenir a la rafaon,

ét de se replacer dans la paix de Lunéville et

d'Amiens consolidée et agrandie. En ne faisant

subir

a

l'Autriche que les pertes inévitable.s, en

la dédommageant meme au besoin ; en consolant

la Prusse de ]'embarras de sa position par des

égards, par des dons qui ne la couvrissent pas

de honte, en ne demandant rien

a

la Russie que

de se lenir hors d'une querelle qui luí était

étrangere , Napoléon aurait isolé l'Angleterre,

l'aurait contrajnte de traiter aux eonditions

qu'il voulait, et

il

serait rentré .dans la politique

consulaire avec son litre impérial universelle–

~ent

reconnu, avec quclques acquisitions de

plus, inutiles sans doute, mais brillantes. l\fal–

heureusement au lieu de faire de ses triomphes

d'Ulm et d'Austerlitz ce qu'ils étaicnt, ce qu'ils

devaient etre, le moyen de vaincre l'Angleterrc

par terre ,

il

'Y

chercha l'occasion 9.e la monar–

chie universelle. Ce fut

la

seconde de ses grandes

fautes et celle qui définitivement dcvait l'enga–

ger da:ns la voie de la poli tique follement conqué–

rante. Alors on le vit coup sur coup prendre

Naples pour son frere Joseph, la Lombardic

pour son fils a<loptif Eugene, la Hollande pour

son frere Louis, destinés tous les trois

a

devenir

rois vassaux du grand empire d'Occident, briser–

l'Allemagne qu'il avait reconstituée

~l

qui _était

l'un de ses plus glorieux ouvrages, oréer une

Allemagne frarn;aisc sous le titre de Confédération

du Rhin, une Allemagne dont la Prusse et l'Au–

tr iche étaient exclues, mettre la couronne des

Césars sur .sa tete , humilier la Prusse par le

don du Hanovre ! et cepcndant,

il

était si puis–

sant

a

cclte époque, qu'il n'avait pas encore

r endu la paix impossible par ces cxces, tant on la

désira' avec luí pour ainsi dire

a

tout prix. La

Rnssie lui avait envoyé M. d'Oubril, l'Angleterre

lord Lauderdale, et elles ne demandaient d'autre

satisfaction , aprcs tant d'entreprises exorbi-

. tan tes, que la Sicile pour la maison de Bourbon,

la Sardaigne pour la maison de Savoie. Napo-