CONCLUSION.
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le czar renorn;ait
a
se meler de ce qui les con- '
ccrnait. Ma¡s il y avait deux famillcs -ouveraines
dont la Russie s'était constituée la patronne,
ccllc de Savoic et celle des Bouvbons de Naples.
La Russie aurait voulu la Sardaigne pour l'unc,
et la Sicile pour l'autre. A cette condition elle
était prete
a
sanctionner tout ce que Na poléon
avait fait. L'Anglcterre avait passé des ruains de
i\J.
Pitt aux mains de M. Fox. Le momcnt était
des plus favorables pour conclurc la paix mari–
time. M. Fox avait accrédité
a
Paris les lords
Yarmouth et Lauderdale. L'Angletcrre cntcn–
dait garder Malle et
le
Cap , et moyennant ccttc
concession elle nous laissait bouleverscr l'Eu–
rope comme nous l'avions bouleversée, sculcment
elle aurait bien voulu aussi qu'on accordat la
Sicile anx Bourbons de Naples, et la Sardaigne
a
la maison de Savoie. Ainsi le continent de l'Jtalie
eu t appartenu aux Bonaparte, auxqucls
i1
cut
fourni des apanages, et les deux grandes llcs
italiennes, la Sardaigne et la Sicilc, seraient dc–
venues l'indemnité des vieilles familles dépossé–
dées. A ce prix le grand Empire d'Occident, tel
qu'on l'avait constitué, cut été accepté par la
Russi e et surtout par l'Angleterre. C'était bien
le cas de traiter sur de semblables bases , mais
l'orgueil , et une faute d'habileté (genre de fautc
que Napoléon commettait rarement) empeche–
r ent ce prodigieux résultat.
Napoléon ne voulait traiter que séparémcnt
avec la Russie et l'Angleter rc, pour mieux leur
fairc Ja loí . Elles s'y prctercnt
a
un ccrlain <le–
gré, par désir d'avoir la paix.
l\J.
d'Oubril né–
gocia d'un colé, les lords Yarmouth et Lauder –
dale négociercnt de l'autr e, mais en s'entendant
sccretement. Napoléon, en c.ITrayant M. d'Ou–
bril, luí arracha la signature d'un traité séparé,
qui, au lieu de la Sicile, attribuait au x Bourb ons
<le Naples les Baléares qu'il se proposait d'ohte–
nir de l'Espagne moyennant échange. Cette
signature alarma l'Angletcrre , et c'était le mo–
ment ou jamais de tcrmincr avec elle, pendant
qu'elle était effrayée de son isolement. Napoléon
crut habilc d'attendre les ratifications russes, se
flattant de faire alors de
i'
Angletcrre ce qu'il
voudrait . .Mais pendant qu'il attendait, l\L Fox
mourut; l'Angleterre obtint que les ratifications
russes ne fussent pas données, et la paix fut
ninsi manquée. -Le calcul raffiné cst permis,
mais
a
la condition de réussir. Quand il échoue,
1
Les lecteurs de cettc hisloire se souviennent sans doulc
qu'a l'époque de la capitulat ion de Prcnzlow, les soldats de
CONSULAT.
5.
il
vau t
a
ccux qui se sont trompés le Litre de
r cnards pris au piége.
Cepcndant Ja paix n'était pas encore absolu–
ment impossiblc. En ce momcnt la fermentation
prussienne, que Napoléon avait produite, était
parvenue au comble. Placée entre l'honneur et
le Hanovrc, la Prussc était horríblemcnt agítée,
et en voulait crueliement a celui qui Ja mettait
dans cette alternative. De plus, il luí arri va
cou p sur coup deux nouvelles qui la pousserent
au désespoir. D'une part elle crut découvrir que
la France décourageait sccretement les princcs
allemands du Nord de se confédérer avec elle,
ce qui était vrai dans une certainc mesur e, et
ce que l'électeur de Hesae Jui exagéra jusqu'a la
calornnie ; d'autre part elle apprit que pour
avoir la paix maritime , Napoléon était prét
a
rendre le Hanovre a la maison royale d'Angle–
terre. 11 ne l'avait pas <lit, mais laissé cntendre,
et en effet son intention était de s'adresser; la
Prusse, de lui restituer Anspach et Bcrg, et de
lui reprcndre le lfonovre, en lui déclarant fran–
chement que la paix du monde était
a
ce prix.
l\iais il avait cu le tort de différer cettc franche
ouverture. La Prusse se considéra comme jouée,
bafouée, trai tée en puissance de troisiemc ordre,
et passa de l'agitation a la fureur. Napoléon la
Jaissa dire et fai rc, ne cru t pas de sa dignité de
lui donner des explications qui auraient pu etre
parfaitement satisfaisantes, et comine elle mon–
trait son épée, il luí montra la sienne. ll était
importuné d'cutendre parlcr sans cesse des sol–
dats du grand Frédéric qu'il n'avait pas vaincus,
et la guerrc de Prusse s'ensuivit. Naturellement
l'Angletcrre et la Russie. furcnt de la partie, et
Ja paix générale sur tcrrc et sur mer que Napo–
léon aurait pu obtenir avec Ja rcconnaissance de
son litre impérial et de son immensc empirc,
fu t ajournéc jusqu'a de nouveaux prodiges.
Le génie de Napoléon et la valeur de son
armée éta icnt
a
leur apogée. En un rnois
il
n'y
cut plus ni armée ni monarchic prussiennes, et
a
l'aspect de lamer du Nord ses soldats s'écrierent
sponlanémcnt :
Vive l'empereu1' d'Occident1
!
Leur cnthousiasmc avait deviné son ambition.
11 en
con~ut
une joie profonde, sans avouer du
reste la passion secrete qu'il nourrissait pour ce
beau titre. Les Russes s'étaient avancés au secours
des Prussiens. Napoléon courut
a
eux, les rejeta
au dela de la Vistule, et trouvant sur son chcmin
Lanncs pousserent ce cl'Í a la vue de la mcr du Nord, et que
Launes l'écriviL
¡1
Napoléon qui ne répondit rien.
,
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