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CONCLUSION.

ti77

le czar renorn;ait

a

se meler de ce qui les con- '

ccrnait. Ma¡s il y avait deux famillcs -ouveraines

dont la Russie s'était constituée la patronne,

ccllc de Savoic et celle des Bouvbons de Naples.

La Russie aurait voulu la Sardaigne pour l'unc,

et la Sicile pour l'autre. A cette condition elle

était prete

a

sanctionner tout ce que Na poléon

avait fait. L'Anglcterre avait passé des ruains de

i\J.

Pitt aux mains de M. Fox. Le momcnt était

des plus favorables pour conclurc la paix mari–

time. M. Fox avait accrédité

a

Paris les lords

Yarmouth et Lauderdale. L'Angletcrre cntcn–

dait garder Malle et

le

Cap , et moyennant ccttc

concession elle nous laissait bouleverscr l'Eu–

rope comme nous l'avions bouleversée, sculcment

elle aurait bien voulu aussi qu'on accordat la

Sicile anx Bourbons de Naples, et la Sardaigne

a

la maison de Savoie. Ainsi le continent de l'Jtalie

eu t appartenu aux Bonaparte, auxqucls

i1

cut

fourni des apanages, et les deux grandes llcs

italiennes, la Sardaigne et la Sicilc, seraient dc–

venues l'indemnité des vieilles familles dépossé–

dées. A ce prix le grand Empire d'Occident, tel

qu'on l'avait constitué, cut été accepté par la

Russi e et surtout par l'Angleterre. C'était bien

le cas de traiter sur de semblables bases , mais

l'orgueil , et une faute d'habileté (genre de fautc

que Napoléon commettait rarement) empeche–

r ent ce prodigieux résultat.

Napoléon ne voulait traiter que séparémcnt

avec la Russie et l'Angleter rc, pour mieux leur

fairc Ja loí . Elles s'y prctercnt

a

un ccrlain <le–

gré, par désir d'avoir la paix.

l\J.

d'Oubril né–

gocia d'un colé, les lords Yarmouth et Lauder –

dale négociercnt de l'autr e, mais en s'entendant

sccretement. Napoléon, en c.ITrayant M. d'Ou–

bril, luí arracha la signature d'un traité séparé,

qui, au lieu de la Sicile, attribuait au x Bourb ons

<le Naples les Baléares qu'il se proposait d'ohte–

nir de l'Espagne moyennant échange. Cette

signature alarma l'Angletcrre , et c'était le mo–

ment ou jamais de tcrmincr avec elle, pendant

qu'elle était effrayée de son isolement. Napoléon

crut habilc d'attendre les ratifications russes, se

flattant de faire alors de

i'

Angletcrre ce qu'il

voudrait . .Mais pendant qu'il attendait, l\L Fox

mourut; l'Angleterre obtint que les ratifications

russes ne fussent pas données, et la paix fut

ninsi manquée. -Le calcul raffiné cst permis,

mais

a

la condition de réussir. Quand il échoue,

1

Les lecteurs de cettc hisloire se souviennent sans doulc

qu'a l'époque de la capitulat ion de Prcnzlow, les soldats de

CONSULAT.

5.

il

vau t

a

ccux qui se sont trompés le Litre de

r cnards pris au piége.

Cepcndant Ja paix n'était pas encore absolu–

ment impossiblc. En ce momcnt la fermentation

prussienne, que Napoléon avait produite, était

parvenue au comble. Placée entre l'honneur et

le Hanovrc, la Prussc était horríblemcnt agítée,

et en voulait crueliement a celui qui Ja mettait

dans cette alternative. De plus, il luí arri va

cou p sur coup deux nouvelles qui la pousserent

au désespoir. D'une part elle crut découvrir que

la France décourageait sccretement les princcs

allemands du Nord de se confédérer avec elle,

ce qui était vrai dans une certainc mesur e, et

ce que l'électeur de Hesae Jui exagéra jusqu'a la

calornnie ; d'autre part elle apprit que pour

avoir la paix maritime , Napoléon était prét

a

rendre le Hanovre a la maison royale d'Angle–

terre. 11 ne l'avait pas <lit, mais laissé cntendre,

et en effet son intention était de s'adresser; la

Prusse, de lui restituer Anspach et Bcrg, et de

lui reprcndre le lfonovre, en lui déclarant fran–

chement que la paix du monde était

a

ce prix.

l\iais il avait cu le tort de différer cettc franche

ouverture. La Prusse se considéra comme jouée,

bafouée, trai tée en puissance de troisiemc ordre,

et passa de l'agitation a la fureur. Napoléon la

Jaissa dire et fai rc, ne cru t pas de sa dignité de

lui donner des explications qui auraient pu etre

parfaitement satisfaisantes, et comine elle mon–

trait son épée, il luí montra la sienne. ll était

importuné d'cutendre parlcr sans cesse des sol–

dats du grand Frédéric qu'il n'avait pas vaincus,

et la guerrc de Prusse s'ensuivit. Naturellement

l'Angletcrre et la Russie. furcnt de la partie, et

Ja paix générale sur tcrrc et sur mer que Napo–

léon aurait pu obtenir avec Ja rcconnaissance de

son litre impérial et de son immensc empirc,

fu t ajournéc jusqu'a de nouveaux prodiges.

Le génie de Napoléon et la valeur de son

armée éta icnt

a

leur apogée. En un rnois

il

n'y

cut plus ni armée ni monarchic prussiennes, et

a

l'aspect de lamer du Nord ses soldats s'écrierent

sponlanémcnt :

Vive l'empereu1' d'Occident1

!

Leur cnthousiasmc avait deviné son ambition.

11 en

con~ut

une joie profonde, sans avouer du

reste la passion secrete qu'il nourrissait pour ce

beau titre. Les Russes s'étaient avancés au secours

des Prussiens. Napoléon courut

a

eux, les rejeta

au dela de la Vistule, et trouvant sur son chcmin

Lanncs pousserent ce cl'Í a la vue de la mcr du Nord, et que

Launes l'écriviL

¡1

Napoléon qui ne répondit rien.

,

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