CONCLUSION.
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Jord Whitworth, et de la ruptnre de la paix
d'Amiens. Le Premier · Consul jura des Iors de
périr ou de punir l'Angleterre. Funeste serment
!
Les émigrés, nous voulons parler des irréconci–
liables, ne se bornerent pasa écrire, ils conspi–
rerent. Le Premier Consul avec son reil péné–
trant découvrant les trames que sa police ne
savait pas découvrir, frappa les conspirateurs, et
croyant 11percevoir parmi eux des princcs, ne
pouvant pas saisir ceux qui paraissaient les vrais
coupables, aila en pleine A.llemagne, sans s'in–
quiéter du droit des gens, arreter le descendant
des Condé
!
11
le
fit
fusiller sans pitié, et lui, le
sévere improbateur du 21 janvier, égala autant
qu'il put le régicide, et sembla éprouver une sorte
de satisfaction de le commettre
a
la face de l'Eu–
rope,
a
son mépris, en la bravant
!
Le sagc Consul
était devenu tout
a
coup un furieux, ayant deux
égarements: l'égarement de I'homme blessé qui
ne respire que vengeance, I'égar emcnt du victo–
rieux bravant volonticrs les ennemis qu'il est
sur de vaincre
!
Puis pour mieux braver ses
adversaires, et satisfaire son ambition en meme
temps que sa colere,
il
posa la couronne impé–
riale sur sa tete. L'Europe, oífensée et intimidée
a
.Ja fois, regarda d'un reil nouveau la France et
son chef. Au brnit de Ja fusillade de Vincennes,
la
Prusse qui allait nouer avec la France une
alliance formelle , recula , garda Je silence, et
renorn;a
a
une intimité qui cessait d'etre hono–
rable. L'Autriche, plus calculée, ne manifesta
rien, mais profita de l'occasion pour ne plus
observer de mesure daos l'exécution du rccez
de
1805.
Le jeune empereur de Russie, Alexan–
drc, honncteetplein d'honneur, osa seul, comme
garant de la constitution germanique, dcmander
une explication pour la violation du tcrritoire
hadois. Napoléon Iui répondit par une allusion
injuricuse
a
la mort de Paul J•r. Le czar se tut,
blessé au creur, et avec la résolution de vcnger
son outrage. Ainsi la Prusse glacée, l'Autricbe
encouragée daos ses exces, la Russie outragée,
assisterent dans ces dispositions aux débuts de
notre lutte avec l'Angleterre.
Alors fut préparée l'expédition de Boulogne.
Napoléon aurait pu organiser lentement sa ma–
rine, diriger des expéditions lointaines contre
Jes colonies anglaises, et laissant tranquille le
continent mal disposé mais intimidé, attendre
que ses expéditions causassent de sensibles dom–
mages
a
l'Angleterre, que nos corsaires désolas–
sent son commerce, et qu'elle se fatiguat d'une
guerre
01.i
nous pouvions peu contre elle, mais
ou elle ne pouvait rien contre nous, notre trafic
étant alors purement continental. Mais ce génie
puissant, le plus grand triomphatcur de diffi–
cuJtés physiques qui ait peut-etre existé, voulut
prendre l'AngJeterre corps
a
corps , et
fit
bien,
car s'il était permis
a
quelqu'un de tenter Je
passage du détroit de Calais avec une nombreuse
armée, c'était
a
lui saos aucun doute.
11
joignait,
en effet, au génie profond des combinaisons, le
génie foudroyant des batailles;
il
y
joignait sur–
tout le prestige qui fascine les soldats, qui décon–
eerte l'ennemi, et
il
pouvait, apres avoir opéré
le prodige de franchir
Je
détroit, en opércr un
second, cclui de terminer la guerre d'un seul
coup. Ses préparatifs, demeurés sans résultat)
seront, pour les militaires et les administrateurs,
des monuments immo1·tels de l'esprit de rcs–
source. Mais admirez la conséquence des carac–
teres! Cet homme qui avait Ja plus grande des
difficultés
a
vaincre, cellc de passer la mer avec
une armée de cent cinquante mille soldats, qui
avait besoin par conséquent de la parfaite im–
mobilité du continent, cct homme audacicux,
étant alié prendre
a
Milan la couronne d'ltalie,
déclara de sa seulc aulorité que Genes serait
réuni
a
l'Empire. Sur-le-champ la coalition euro–
péenne fut formée de nouveau. La Russie, bles–
sée au creur par l'outrage qu'elle avait rcQU du
Premier Consul, mais offusquée aussi par les
prétentions maritimes de l'Angleterre , avait
songé a se poser en médiatrice, et n'avait pu se
dispcnser de demander l'évacuation de Malte. A
la nouvellc de l'a nnexion de Genes , elle ne de–
manda plus ríen; elle se coalisa avec l'Angleterre
et l'Autriche, mit ses armées en mouvement, et
se promit d'cntrainer la Ptusse en passant, la
Prussc que la prudence et la modération de son
roi retenaient encore. Ainsi, des ce jour, le sage
pacificateur de
1805
était devenu le provocateur
d'une guerre générale, uniquement pour n'avoir
pas su maitriser ses passions!
Mais cet homme était un hommc de génie,
comme Alexandre ou César, et la fortune par–
donne beaucoup et longtemps au génie. Les
menaces du contincnt n'avaient point interrompu
les apprets de sa grande expédition : Ja faute
d'un amiral la
fit
échouer, et ce fut heureux,
car s'il eut été embarqué au moment ou l'armée
autrichienne passait l'Inn, il cut été bien pos–
sible que, tandis qu'il se serait ouvert la route
de Londres, l'armée autrichienne se fUt ouvcrt
celle de Paris. Quoi qu'il en soit, son expédition
ajournée, il s'élanita comme un lion qui d'un