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CONCLUSION.

?S73

Jord Whitworth, et de la ruptnre de la paix

d'Amiens. Le Premier · Consul jura des Iors de

périr ou de punir l'Angleterre. Funeste serment

!

Les émigrés, nous voulons parler des irréconci–

liables, ne se bornerent pasa écrire, ils conspi–

rerent. Le Premier Consul avec son reil péné–

trant découvrant les trames que sa police ne

savait pas découvrir, frappa les conspirateurs, et

croyant 11percevoir parmi eux des princcs, ne

pouvant pas saisir ceux qui paraissaient les vrais

coupables, aila en pleine A.llemagne, sans s'in–

quiéter du droit des gens, arreter le descendant

des Condé

!

11

le

fit

fusiller sans pitié, et lui, le

sévere improbateur du 21 janvier, égala autant

qu'il put le régicide, et sembla éprouver une sorte

de satisfaction de le commettre

a

la face de l'Eu–

rope,

a

son mépris, en la bravant

!

Le sagc Consul

était devenu tout

a

coup un furieux, ayant deux

égarements: l'égarement de I'homme blessé qui

ne respire que vengeance, I'égar emcnt du victo–

rieux bravant volonticrs les ennemis qu'il est

sur de vaincre

!

Puis pour mieux braver ses

adversaires, et satisfaire son ambition en meme

temps que sa colere,

il

posa la couronne impé–

riale sur sa tete. L'Europe, oífensée et intimidée

a

.Ja fois, regarda d'un reil nouveau la France et

son chef. Au brnit de Ja fusillade de Vincennes,

la

Prusse qui allait nouer avec la France une

alliance formelle , recula , garda Je silence, et

renorn;a

a

une intimité qui cessait d'etre hono–

rable. L'Autriche, plus calculée, ne manifesta

rien, mais profita de l'occasion pour ne plus

observer de mesure daos l'exécution du rccez

de

1805.

Le jeune empereur de Russie, Alexan–

drc, honncteetplein d'honneur, osa seul, comme

garant de la constitution germanique, dcmander

une explication pour la violation du tcrritoire

hadois. Napoléon Iui répondit par une allusion

injuricuse

a

la mort de Paul J•r. Le czar se tut,

blessé au creur, et avec la résolution de vcnger

son outrage. Ainsi la Prusse glacée, l'Autricbe

encouragée daos ses exces, la Russie outragée,

assisterent dans ces dispositions aux débuts de

notre lutte avec l'Angleterre.

Alors fut préparée l'expédition de Boulogne.

Napoléon aurait pu organiser lentement sa ma–

rine, diriger des expéditions lointaines contre

Jes colonies anglaises, et laissant tranquille le

continent mal disposé mais intimidé, attendre

que ses expéditions causassent de sensibles dom–

mages

a

l'Angleterre, que nos corsaires désolas–

sent son commerce, et qu'elle se fatiguat d'une

guerre

01.i

nous pouvions peu contre elle, mais

ou elle ne pouvait rien contre nous, notre trafic

étant alors purement continental. Mais ce génie

puissant, le plus grand triomphatcur de diffi–

cuJtés physiques qui ait peut-etre existé, voulut

prendre l'AngJeterre corps

a

corps , et

fit

bien,

car s'il était permis

a

quelqu'un de tenter Je

passage du détroit de Calais avec une nombreuse

armée, c'était

a

lui saos aucun doute.

11

joignait,

en effet, au génie profond des combinaisons, le

génie foudroyant des batailles;

il

y

joignait sur–

tout le prestige qui fascine les soldats, qui décon–

eerte l'ennemi, et

il

pouvait, apres avoir opéré

le prodige de franchir

Je

détroit, en opércr un

second, cclui de terminer la guerre d'un seul

coup. Ses préparatifs, demeurés sans résultat)

seront, pour les militaires et les administrateurs,

des monuments immo1·tels de l'esprit de rcs–

source. Mais admirez la conséquence des carac–

teres! Cet homme qui avait Ja plus grande des

difficultés

a

vaincre, cellc de passer la mer avec

une armée de cent cinquante mille soldats, qui

avait besoin par conséquent de la parfaite im–

mobilité du continent, cct homme audacicux,

étant alié prendre

a

Milan la couronne d'ltalie,

déclara de sa seulc aulorité que Genes serait

réuni

a

l'Empire. Sur-le-champ la coalition euro–

péenne fut formée de nouveau. La Russie, bles–

sée au creur par l'outrage qu'elle avait rcQU du

Premier Consul, mais offusquée aussi par les

prétentions maritimes de l'Angleterre , avait

songé a se poser en médiatrice, et n'avait pu se

dispcnser de demander l'évacuation de Malte. A

la nouvellc de l'a nnexion de Genes , elle ne de–

manda plus ríen; elle se coalisa avec l'Angleterre

et l'Autriche, mit ses armées en mouvement, et

se promit d'cntrainer la Ptusse en passant, la

Prussc que la prudence et la modération de son

roi retenaient encore. Ainsi, des ce jour, le sage

pacificateur de

1805

était devenu le provocateur

d'une guerre générale, uniquement pour n'avoir

pas su maitriser ses passions!

Mais cet homme était un hommc de génie,

comme Alexandre ou César, et la fortune par–

donne beaucoup et longtemps au génie. Les

menaces du contincnt n'avaient point interrompu

les apprets de sa grande expédition : Ja faute

d'un amiral la

fit

échouer, et ce fut heureux,

car s'il eut été embarqué au moment ou l'armée

autrichienne passait l'Inn, il cut été bien pos–

sible que, tandis qu'il se serait ouvert la route

de Londres, l'armée autrichienne se fUt ouvcrt

celle de Paris. Quoi qu'il en soit, son expédition

ajournée, il s'élanita comme un lion qui d'un