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LlVRE CINQUANTE-TROISlEl\lE.
s n uniforme rus e sCT it
l\I.
de SchouvalofI
plu que son langage, et il par int
a
calmer les
plus mportés. Pendant ce temps, les oiturcs
'chapperent au péril. Aux relais suivants, les
cenes de violence allerent en diminuant, et elles
e serent tout
a
fait en approchant de la mer.
Durant ces cruelles épreuves, Napoléon im–
mobile, silencieux, affectant le plus souvent le
mépris, ne put cependant demeurer toujours
1n
en ible aux cris répétés de la haine publique,
·t
une fois enfin
il
fondit en !armes. Il se rcmit
promptement, et t:icha de reprendrc une hau–
laine impassibilité, saos pouvoir toutefois s'em–
pccher de sentir,
a
travers la bassesse de ces
démonstrations, cette tardive mais infaillible
justice des choses, qui scrait odieusc
a
contem–
plcr i on ne la considérait que dans les vils
in truments qu'elle emploie, mais qui parait
bientót, si on élevc la vue jusqu'a elle, aussi
profonde que terriblcment rémunératricc. Il ne
reste aux grands esprits qui l'ont provoquéc par
leurs fautes, qu'un honneur, une consolation,
e e t de la reconnaitre, de la comprendre, et de
se résigner
a
ses arrcts. Apres avoir fait couler,
non par méchanceté de coour' mais par exces
d ambition, plus de sang que n'en versercnt les
conquérants d'Asie, Napoléon sentait bien, sans
le dire, qu'il s était exposé
a
ce violentes mani–
fcstations de la mullitudc. Hélas
!
elle a souvent
trainé daos une boue sanglante des sages, d
héros vertueux, qui n'avaient mérité que s
hommages, et il faut bien avouer que si elle
n'avaitjamais été plus basse qu'en cette occasion,
il lui était souvent arrivé d'etre plus injuste !
Ce suppliee fut terrible, mais heureusement
court. Napoléon trouva au golfe de Saint-Ra–
phael une frégate anglaise, l'
Undaunted,
que le
eolonel Campbell (eommissaire pour
l'
Angleterre)
avait fait préparer. Il s'embarqua, le28 avril, pour
l'ile d'Elbe , et jeta l'ancre, le 5 mai, dans la rade
de Porto-Ferrajo. Le lendemain 4,
il
débarqua
au milieu des cris de joie d'une population qui
était fiere d'avoir pour souverain ce monarque
tombé du plus grand des trónes, apportant,
clisai t-on, d'immenses trésors, et devantcombler
l'ile de bienfaits. Pour le dédommager des hom–
mages de l' univers, il avait ainsi les applaudisse–
ments de quelqucs mille insulaires vivant de la
peche ou du travail des mines! Vaine et eruellc
comédie des choses humaines
!
Napoléon, em–
pereur du grand Empire qui s'était étendu de
Rome
a
Lubcck, Napoléon était aujourd'hui le
monarque applaudi de l'ile d'Elbe!