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PREMIERE ABDICATlON. -

AVRIJ.

18-14.

!>45

terent ce qu'ils lui avajent déja dit

a

propos de

son abdication conditionnelle, c'est qu'en des–

cendant ainsi du troó.e il se montrait plus grand

que

j~mais.

11 permit

a

leur joie secrete ces der–

nieres flatteries, et les laissa dire, car

il

ne vou–

lait pas plus les abaisser que s'abaisser lui-meme

par de misérables r écriminations. D'ailleurs, qui

les avait faits tels? Lui seul, par le despotisme

qui avait brisé leur caractere, par les guerres

interminables

qui

avaient épuisé leurs forces :

il

n'avait done pas droit de se plaindre, et il agis–

sait noblement en reconnaissant les conséquences

inévitables de ses erreurs, et en s'y soumettant

sans éclat humiliant ni pour lui ni pour les

au tres.

11 fut ensuite eonvenu que

1\1.

de Caulaincourt,

suivi comme auparavant des maréchaux Maedo–

nald et Ney, se rendrait

a

Paris, pour porter a

Alexandre l'acte définitif de l'abdication, acte

dont il resterait l'unique dépositaire, et qu'il de–

vait échanger contre le traité qui assurerait a la

famille impériale un traitement convenab!e. Na–

poléon insista encore une fois pour qu'il ne füt

fait d'efforts, s'il en fallait pour réussir, qu'en ce

qui concernait son fils et ses proches. 11 congédia

les maréchaux et serra affectueuscment la main

a

M. de Caulaincourt, toujours le dépositaire

principal de sa confiance.

A peine cette nouvelle fut-elle connue dans

Fontainebleau, que la tristesse se répandit dans

les rangs des vieux soldats. Au contraire, parmi

les officiers de hautgrade, on éprouva un immense

soulagement. On pouvait, en effet, quitter- saos

trop d'embarras l'ancien maitre pour lenouveau.

La plupart des maréchaux chercherent comment

ils feraient arriver leur adhésion au gouverne–

ment provisoire. lis auraient volontiers chargé

M. de Caulaincourt de ce soin , si sa hauteur

n'eut écarté ce genre de confiance. Mais leur

supplice touchait a son terme, et vingt-quatre

heures allaient suffire pour que les modeles

d'adhésion abondassent, avec des signatures ca–

pables de mettre les plus scrupuleux d'entre

eux

a

leur aise.

M. de Caulaincourt et les deux maréchaux re–

partirent immédiatemcnt pour Paris, ou ils arri–

vererrt a uneheure fortavancée delajournéedu6.

A minuit ils étaient chez l'empereur de Russie,

qui les attendait avec une extreme impatience,

impatience partagée par le gouvernement pro–

visoire et par ses nombreux adhérents. Bien

quc la défection du

6e

corps eut fort díminué les

craintes qu'inspirait encore Napoléon, bien que

les assurances données par le maréchal Ney et

par la plupart des personnages militaires avec

lcsquels on s'était mis en correspoudance, eussent

laissé peu de doute sur la prochaine adhésion de

l'armée, on était toujours saisi d'un sentiment de

terreur en songeant

a

tout ce que pouvait tenter

le génie infernal, comme on l'appelait, qui s'était

retiré

a

Fontainebleau, et qu'on honorait par la

peur qu'on éprouvait, tout en cherchant

a

le

déshonorer par un débordement d'injures inoul.

Ce fut une sorte de joie universelle, quand le

maréc}lal Ney cut dit aux plus pressés de l'hótel

Saint-F!orentin, qu'ils pouvaient ctre tranquilles,

et qu'on apportait l'abdication pure et simple.

Lorsque les envoyés de .Napoléon entrerent chez

l'empereur Alexandre, ce prince, qui réservait

toujours a M. de Caulaincourt son premier ser–

rement de main , courut cette fois au maréchal

Ney pour le remercier de ce qu'il avait fait, et

lui dire qu'entre tous les se!'Vices qu'il avait

rendus

a

sa patrie, le dernicr ne serait pas le

moins grand. Le monarque russe faisait allusion

a

Ja lettre de la vcille, dans laquelle le maréchal

Ney s'était vanté d'avoir décidé l'abdication, et

avait promis d'en apporter !'acle formel. M. de

Caulaincourt et le marécha 1 l\facdonald, ignorant

l'existence de cette lettre, et n'ayant rien vu qui

put leur faire considérer le maréchal Ney comme

l'auteur des dernieres r ésolutions de Napoléon,

furent singulierement surpris, et laisserent aper–

cevoir leur surprise au marécbal Ney qui en

parut embarrassé. Alexandre se hata de rendre

communs aux deux autres négociateurs les re–

merciments qu'il avait d'abord adressés au maré–

chal Ney, et s'étant enquis des conditions aux –

quelles ils livreraient l'acte essentiel dont ils

étaient dépositaires,

il

n'y trouva rien

a

objecter.

Quant

a

l'ile d'Elbe pourtant, il déclara qu'il tien–

drait sa parole, parce qu'il se regardait commc

engagé par les quelques mots qu'il avait dits a

M. de Caulaincourt, mais que ses alliés jugeaicnt

cette concession imprudente, et la blamaient

ouvertement, qu'il en serait néanmoins comme

il

l'avait promis ; que, relativement au roi de

Rome, a l\farie-Louise, une principauté en Italie

était le moins qu'on put faire , et que l'Autriche

allai t recou vrcr assez de terri toire dans cette

contrée pour ne pas marchander avec sa proprc

fille; que; quant aux freres de Napoléon, asa

premiere femme,

a

ses enfants adoptifs, au prince

Eugene,

a

la reine Hortense, on accorderait tout

ce qui serait dú, qu'il s'y engageait personnelle–

ment, que son ministre M. de Nesselrode serait