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PRUMIERE ABDICATION. ·-

AVRIL

i814.

559

• - l'\'Iarmont: n'cn <lit pas davantage, et ses sol–

dats expliquerent ses réticences par le voisinage

de l'ennemi qui les cntourait de toutes parts. Ils

se calmerent, reprirent leurs rangs, et parurcnt

disposés 3 attendre patiemment ce qu'il ferait

d'eux. Au surplus il suffisait de quelques instants

de soumission pour qu'on n'eut plus rien

a

craindre de leur mutinerie. Les coalisés naturel–

Iement allaient placer entre le 6° corps et Fontai –

nebleau une barriere impossible

a

franchir.

l\farmont retourna tout de suite

a

Paris pour

annoncer l'heureux résultat de sa courte mis–

sion, pour reccvoir les flatteries de cct hotel de

la ruc Saint-Florentin qui l'avaicnt perdu, et

dont il ne pouvait plus se pas er. On l'y entoura

de nouveau, oo le combla de plus de caresses

que jamais, et on lui promit cctte étcrnellc

reconnaissance, qui, de In part des peuples, des

partis et des rois, n'est pas toujours assurée aux

services meme les plus purs et les plus avoua–

bles

!

Ainsi s'accomplit cclte défection , qu'on a

appclée la trahison du maréchal l\larmont. Si

l'acte de ce maréchal avait consisté

a

préférer

les Bourbons 3 Napoléon, Ja paix

a

la gucrre,

l'espérance de la liberté au despoLisme, rien

n'eut été plus simple, plus légitime, plus

avouable. l\fais meme en ne lenant aucun

compte des devoirs de la reconnaissance, on ne

peut oublier que l\Iarmont était 1·evelu de la

confiancc personnelle de Napoléon, qu'il était

sous les armes, et qu'il occupait sur l'Essonne un

poste d'unc importancc capitale : or, quitter en

ce moment cette position avec tout son corps

d' arméc, par suite d'une convention secrete

avcc le prince de Schwarzenberg, ce n'était pas

optcr comme un citoyen libre de ses volontés,

entre un gouverncment et un autre, c'était tcnir

la conduite du soldat qui désertc

a

l'ennemi

!

Cet acte malheureux, l\farmont a prétendu

depuis n'cn avoir qu'uue part, et il est vrai

qu'aprcs e11 avoir voulu et accompli lui-meme

le comliencement,

il

s'arreta au milieu, effrayé

tle .ce qu'il avait fait

!

Ses génél'aux division–

naires, égarés par une fau ssc terreur, reprirent

l'acte interrompu et l'acheverent pour lcur

1

ll

csl aussi difficilc de savoir ce qui s'esl passé dans celle

dernitire entrevue que.dans la précédente, dont

no.us

avo?s

parlé, pages 778 et suivanles. Le maréchal Ney n'a r1en écr1t,

el Napoléon, daos ses

~Jémoircs

de Sain le-Hélene, par respcct

pour l'inforlune et l'héroismc dn maréchal, a garrlé un com–

plet silence. Seulement il est facilc de reconoaitrc

a

quelques–

unes de ses expressions, qu'il avait senli vivemeol l'altilude

du maréchal Ney daos les dernie1·s jours de l'Empire. Le ma-

compte ; mais Marmont en venant s'en appro–

prier Ja fin par sa conduite

a

Versailles, con–

sentit.

a

l'assumcr tout éntier sur sa tete, et

a

en

porter le fardeau aux yeux de la postérité.!

Les agitations étaicnt tout aussi grandes mais

d'une autre nature

a

Fontainebleau. Les trois

plénipotentiaires y étaient rctournés vers la fin

de cctte journée du

D,

pour

y

transmeltre la

réponsc définitive des souverains alliés. Le

maréchal Ney, comblé des caresses du gouver–

nemcn t provisoirc, s'était fait fort d'obtenir et

de rapporler l'abdication pure et simple de

Napoléon. Aussi n'avait-il point attendu ses deux

collegues pour partir, soit désir d'etre seul, soi

exccs d'empresscment

a

tenir ses promesses. 11

avait trouvé Napoléon insLruit de la défection

du 6° corps, en appréciant mieux que personne

les conséquences militaires et politiques , calme

d'aillcurs, montrant d'autant plus de hauteur

que la fortunc montrait plus d'acharnement

contrc lui, et n'étant disposé

a

laisser voir ce

qu'il éprouvait qu'aux deux ou trois person–

nages qui avaient exclusivement sa confiancc.

Napoléon remercia polirnent le maréchal Ney

d'avoir accompli sa mission, muis ne le mit guere

sur la voie des épanchements et des conseils,

devinant

a

son attitude,

a

son cmpressement

·a

arriver le prcmier, qu'il avait un vif désir de

contribuer au dénoument, et peut-ctre de s'en

faire un mérite. Il écouta, presque sans répon–

dre, tout ce que voulut dire le maréchal, et en

cfict cclui-ci s'étendit longuement sur la réso–

lution ifrévocable des souvcrains, sur l'impos–

siuilité de les en faire changcr, sur l'especc

d'entrainement avec lequcl

011

se pronorn;ait

a

Paris pour la paix et pour les Bourbons, sur

l'état de délabrcment de l'armée, sur l'impossi–

bilité d'en obtenir de nou'vcaux c:fforls, et,

a

propos du sang si abondammcnt versé par elle,

il

parla des malhcurs présents avcc vérité, mais

sans ménagement, cur cette ame guerriere était

plus fortc que délicatc. Toutefois il ne s'éloigna

point du respect du

a

un maitrc so us lequel lui

et ses compagnons d'armes avaient contracté

l'habitudc de courber Ja tete

1

Napoléon

apres l'avoir écouté froidement et patiemment,

récbal eul le tort en enlranl

a

Paris de se vanlel', nolammenl

aupres du général Dupont , ministre de la guerre, qui en a

consigné le souvenir dans ses l\lémoircs, d'avoir forcé Napo–

léon

il

abdiqucr. Tou t prouve que le marécbai en cette occasion

s'accusa mal

a

propos, et qu'il s'élait borné, dans la scene de

Fonlaineblcau,

a

manc¡uer de ménagemen ls cnvers le malheur,

sans se permellre une violence de propos qui n'était guere

possible. Ce qui oous porte

a

le croire, c'est

que!\~.

de Cau lain-

*