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a
ccLle constitution, et, si c'c
t
parmi vous, qui
par vos services et volrc gloirc réunissez tant de
litres, qu'il fout aller prendrc ce nouveau chef
de la France, nous
y
consentirons de grand
cccur, et nous l'adopterons avec cmpressement,
pourvu qu'il ne mcnacc ni notrc repos ni nolrc
indépcndan cc. - -
Le maréchal Ncy, que son impétuosité natu–
rclle portai
L
toujours
a
se mcltrc en avant, se
h ala de répondrc aux paroles courloises du czar,
cL, trop prcssé rucme d'cntrrr dans ses idécs,
il
dit
qu'il avaienL souífert plus que personne de ces
gucrrc inccssantes dont se plaignait l'Europe,
que ce dominateur absolu dont clic ne voulait
plus, il en avaicnt été les prcmicrcs victimes,
car le conLinent était couvcrt des corps de lcurs
compag·nons d'armes, et que, quant
a
eux, ils ne
eraicnt. pas le moins ardents
a
désirer son éloi–
gncment du treme. - Ce langagc , quclquc vrai
qu'il pú l clrc, était peu adroit, et pcu fait surtout
pour imposcr a des so nvcrains dont on ne pou–
vait modifier les résolutions qu'cn leur exagéranl
le dévouemcnt de l'arméc pour Napoléon. ll pro–
duisit sur Alcxandrc une imprcssion sensible,
que rcgrctterent les collegucs du trop fougu eux
maréchal.
11
poursuivit son discours, et r épon–
dant
a
l'in inuatiou flatteusc d'Alexandre en
fa–
''cur d'u n candidat choisi parmi les militaircs
franvais, insinuation qui, si clic avait été sé–
ricuse, n'aurait pu se rapporler q u'a Bernadottc,
il donna
a
enlcndrc que, parmi les hommcs
d'épéc,
il
n'y en avait qu' un qui fUt parvcnu
a
cette Jrnuteur d'oú l'on pcut régncr sur les peu–
ples, que celui-la , condamné par la fortunc,
s'était mis lui-mcmc hors de cause par son nbdica–
tion, qµ 'a prcs lui aucun militaire n'oserait afficher
de telles prélentions, et que le seul qui osat pcul–
etrc
y
penser , cou vert d u sang fran vais, r évolte–
rai t tous les cccurs; que le fils de Napoléon, avcc
sa mere pour r égentc, était done le seul gouver–
ncmcnt pré entable
a
l'armée et
a
la France.
Celte proposilion ncttement formulée , Ney et
i'\Iacd~mald,
l'un apres l'aulre, défcndirent avee
véhémencc, et une sorte d'éloquencc toute mili–
taire, la cause du roi de Rome. Ils s'éleverent
avec passion contre l'idée du rappel des Bour–
bons, s'attachant
a
démontrcr la difficulté de les
faire admcttre par la France nouvclle qui ne les
connaissait pas; et de leur foire acccpter
a
eux–
memes cctte France qu'ils ne
conna:i~saicnt
pas
davantage , la prnbabilité par conséquent de voir
bienlot éclaler cnlre le tróne et le pays une in–
compatibilité de sentiments qui amenerait des
troubles facheux, et tromperait les espérances
de repos que l'Europe fondait sur la restauration
de l'ancienne dynastie. Puis ils firent valoir
la
convcnance, bien grande suivant eux, <le laisser
les généralions nouvelles sous un gouvernement
de meme J)ature qu'elles, composé des hommcs
qui depuis vingt ans administraient les affaires
publiques, qui détcstaient autant que l'Europc
cllc-méme le systemc de la guerrc continuc, car
ils r n avaient suppo1·lé tout le poids, et qui d'ail–
lcurs auraient
a
Jcur tete une princcssc dont les
souverains alliés ne pouvaicnt se déficr, puis–
qu'clle élait la filie de l'un d'entre eux . Parlant
cwfin pour l'armée en particulicr, les maréchaux
dircnt qu'il était bien du quelque chose a ces
guer1·iers qui avaient tant versé leur sang pour
la Frunce, et qui étaient prcls
a
en verser le re te
si on les
y
obligeait, qui seuls en ce moment
relcnaient le désespoir de Napol éon, et qu'ou
lcur devait au moins, au Jieu de les faire vivre
sous des princes qui les flatteraient en les détcs–
tant, de les placer sous le fils du général auquel
ils ava icnt dévoué leur existencc, et qui les avait
conduits vingt
ans
a
la victoire.
Ces considérations, présentées avcc une ex–
treme chaleur , ne laisserant pas de produirc sur
Alexandre une impression visible. Essayant de
contrcclirc les dcux maréehaux , plutót pour les
pousscr
a
donner toutes leurs raisons que pour
les combattre,
il
leur cita les acles réccnts du
Sénat, leur fit remarqucr qu'on ava it
cléja
fait
bien des pns vcrs la rcstauration de l'ancieone
dyoastic, et que les représentants les plus quali–
fiés de la Révolution et de l'Empirc n'avaicnt pas
hésité
a
se prononcer en sa faveur.
,\u pr cmicr mot dit sur le Sénat, le maréchal
Ncy ne put contcnir sa colerc. - Ce misérable
Sénat, s'écria-t-il, qui aurait pu nous épargoer
Lant de maux en opposant quelquc résistance
it
la pass ion de Napoléon pour les conquetes, ce
misérable Sénat toujours pressé d'obéir aux vo–
lontés de l'homme qu'il appelle aujourd'hui un
tyran , de quel droit éleve-t-il la voix en ce
momcnt?
11
s'est tu quand il aurait dí1 parler ,
comment se permet-il de parler maintenant que
tout lui commande de se taire? La plupart de
messicurs les sé11ateurs jouissaicnt pn"isiblcment
de Jeurs dotations pcndant que nous arrosions
l'Europe de notre sang. Ce n'cst pas eux qui on t
droit de se plaindrc du rcgnc impérial' c'est
nous, militaires, qui en avons supporté les ri–
gucurs; et si, oubliant toute convenance , ils
osent afficher des prétentions, mettez-nous en
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