Table of Contents Table of Contents
Previous Page  543 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 543 / 616 Next Page
Page Background

PREl\IIERE

ABDICATION; -

AvRrL

tsu..

!:i55

a

ccLle constitution, et, si c'c

t

parmi vous, qui

par vos services et volrc gloirc réunissez tant de

litres, qu'il fout aller prendrc ce nouveau chef

de la France, nous

y

consentirons de grand

cccur, et nous l'adopterons avec cmpressement,

pourvu qu'il ne mcnacc ni notrc repos ni nolrc

indépcndan cc. - -

Le maréchal Ncy, que son impétuosité natu–

rclle portai

L

toujours

a

se mcltrc en avant, se

h ala de répondrc aux paroles courloises du czar,

cL, trop prcssé rucme d'cntrrr dans ses idécs,

il

dit

qu'il avaienL souífert plus que personne de ces

gucrrc inccssantes dont se plaignait l'Europe,

que ce dominateur absolu dont clic ne voulait

plus, il en avaicnt été les prcmicrcs victimes,

car le conLinent était couvcrt des corps de lcurs

compag·nons d'armes, et que, quant

a

eux, ils ne

eraicnt. pas le moins ardents

a

désirer son éloi–

gncment du treme. - Ce langagc , quclquc vrai

qu'il pú l clrc, était peu adroit, et pcu fait surtout

pour imposcr a des so nvcrains dont on ne pou–

vait modifier les résolutions qu'cn leur exagéranl

le dévouemcnt de l'arméc pour Napoléon. ll pro–

duisit sur Alcxandrc une imprcssion sensible,

que rcgrctterent les collegucs du trop fougu eux

maréchal.

11

poursuivit son discours, et r épon–

dant

a

l'in inuatiou flatteusc d'Alexandre en

fa–

''cur d'u n candidat choisi parmi les militaircs

franvais, insinuation qui, si clic avait été sé–

ricuse, n'aurait pu se rapporler q u'a Bernadottc,

il donna

a

enlcndrc que, parmi les hommcs

d'épéc,

il

n'y en avait qu' un qui fUt parvcnu

a

cette Jrnuteur d'oú l'on pcut régncr sur les peu–

ples, que celui-la , condamné par la fortunc,

s'était mis lui-mcmc hors de cause par son nbdica–

tion, qµ 'a prcs lui aucun militaire n'oserait afficher

de telles prélentions, et que le seul qui osat pcul–

etrc

y

penser , cou vert d u sang fran vais, r évolte–

rai t tous les cccurs; que le fils de Napoléon, avcc

sa mere pour r égentc, était done le seul gouver–

ncmcnt pré entable

a

l'armée et

a

la France.

Celte proposilion ncttement formulée , Ney et

i'\Iacd~mald,

l'un apres l'aulre, défcndirent avee

véhémencc, et une sorte d'éloquencc toute mili–

taire, la cause du roi de Rome. Ils s'éleverent

avec passion contre l'idée du rappel des Bour–

bons, s'attachant

a

démontrcr la difficulté de les

faire admcttre par la France nouvclle qui ne les

connaissait pas; et de leur foire acccpter

a

eux–

memes cctte France qu'ils ne

conna:i~saicnt

pas

davantage , la prnbabilité par conséquent de voir

bienlot éclaler cnlre le tróne et le pays une in–

compatibilité de sentiments qui amenerait des

troubles facheux, et tromperait les espérances

de repos que l'Europe fondait sur la restauration

de l'ancienne dynastie. Puis ils firent valoir

la

convcnance, bien grande suivant eux, <le laisser

les généralions nouvelles sous un gouvernement

de meme J)ature qu'elles, composé des hommcs

qui depuis vingt ans administraient les affaires

publiques, qui détcstaient autant que l'Europc

cllc-méme le systemc de la guerrc continuc, car

ils r n avaient suppo1·lé tout le poids, et qui d'ail–

lcurs auraient

a

Jcur tete une princcssc dont les

souverains alliés ne pouvaicnt se déficr, puis–

qu'clle élait la filie de l'un d'entre eux . Parlant

cwfin pour l'armée en particulicr, les maréchaux

dircnt qu'il était bien du quelque chose a ces

guer1·iers qui avaient tant versé leur sang pour

la Frunce, et qui étaient prcls

a

en verser le re te

si on les

y

obligeait, qui seuls en ce moment

relcnaient le désespoir de Napol éon, et qu'ou

lcur devait au moins, au Jieu de les faire vivre

sous des princes qui les flatteraient en les détcs–

tant, de les placer sous le fils du général auquel

ils ava icnt dévoué leur existencc, et qui les avait

conduits vingt

ans

a

la victoire.

Ces considérations, présentées avcc une ex–

treme chaleur , ne laisserant pas de produirc sur

Alexandre une impression visible. Essayant de

contrcclirc les dcux maréehaux , plutót pour les

pousscr

a

donner toutes leurs raisons que pour

les combattre,

il

leur cita les acles réccnts du

Sénat, leur fit remarqucr qu'on ava it

cléja

fait

bien des pns vcrs la rcstauration de l'ancieone

dyoastic, et que les représentants les plus quali–

fiés de la Révolution et de l'Empirc n'avaicnt pas

hésité

a

se prononcer en sa faveur.

,\u pr cmicr mot dit sur le Sénat, le maréchal

Ncy ne put contcnir sa colerc. - Ce misérable

Sénat, s'écria-t-il, qui aurait pu nous épargoer

Lant de maux en opposant quelquc résistance

it

la pass ion de Napoléon pour les conquetes, ce

misérable Sénat toujours pressé d'obéir aux vo–

lontés de l'homme qu'il appelle aujourd'hui un

tyran , de quel droit éleve-t-il la voix en ce

momcnt?

11

s'est tu quand il aurait dí1 parler ,

comment se permet-il de parler maintenant que

tout lui commande de se taire? La plupart de

messicurs les sé11ateurs jouissaicnt pn"isiblcment

de Jeurs dotations pcndant que nous arrosions

l'Europe de notre sang. Ce n'cst pas eux qui on t

droit de se plaindrc du rcgnc impérial' c'est

nous, militaires, qui en avons supporté les ri–

gucurs; et si, oubliant toute convenance , ils

osent afficher des prétentions, mettez-nous en