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PREl\HERE ABDICATJON. -

AVRIL

i8i4.

?551

arríverent

a

Essonne. ll hésita d'abord

a

s'expli–

quer, et n'opposa que de vains prétextes aux

instances qu'ils lui firent pour l'cmmener

a

Paris. Cependant comme il n'avait pas !'ame

faite pour enfanter la trahison, pas plus que

pour

~n

porter le poids, il finit par tout avouer

a

Macdonald et

a

Caulaincourt, en palliant sa

conduite le mieux possible, et en la motivant

sur toutes les raisons qu'il pouvait donner, et

qui ressemblaient fort,

il

faut le díre,

a

ce11es

qui avaient porté les maréchaux eux-memes

a

exiger l'abdication de Napoléon. Macdonald ,

apres avoir vivement blamé !'acle de l\farmont,

s'efl'orc;a delui démontrer que le meilleur moyen

de r éparer sa faute, c'était de redemander son

engagement au prince de Schwarzenberg , en

s'appuyant sur l'abdication conditionnelle de

Napoléon, sacrifice qui les obligeait tous

a

dé–

fendre énergiquement les droits de son fils, et

puis de se rendre

a

París pour y plaíder aupres

des souverains la cause du roi de Rome. Mar–

mont, sans ríen obj ecter

a

ces raísonnements,

parut répugner néanmoíns

a

se mettre dans une

pareille contradiction avec lui-meme, et resta

plongé daos les plus vives perplexités. Un mo–

ment il se montra pret a courir a Fontainebleau

pour

y

sollicíter l'indulgence de Napoléon, en

luí avouant ses torts; mais soit craínte, soít con–

fusion, ii ne persista pas dans ce bon mouve –

ment, et revint au conseil de Macdonald, celui

de reprendre son engagemen t des mains du prince

de Schwarzenberg, d'aller ensuite

a

París sou–

tenir avec eux la cause du roí de Rome, en ayant

soin de suspendre jusqu'au retour tout mouve–

ment de son corps d'armée.

En effet, il appela ses généraux aupres de luí ,

les entretint de ce nouvcl état de choscs, leur

annonca l'abdícation conditíonnelle de Napo–

léon,

l~

négocíation qui allait s'entainer sur cettc

base, et convint avec eux de s'abstenir de tout

mouvement jusqu'a de nouveaux ordres de sa

part.

ll

rejoignít ensuite

1'1.

de Caulaíncourt

et les.marécbaux, et, l'autorisation de franchir

les avant-postes étant arrivée, il les suivit

11

Petit-Bourg. Toutefois

il

ne voulut point entrer

en meme temps qu'eux, sous prétexte qu'il avait

&

s'expliquer en tete-a-tete avec le prínce de

,,, Sehwarzenberg, avant de prendre part aux con–

férenees eommuties. M. de Caulaincourt et les

maréehaux introduits daos le cbateau, eurent de

'

.

d

vives altereations , d'abord avee Je prmee e

Sehwarzenberg qui soutenait imperturbable–

ment la froide politique du cabinet autrichien,

puis avec le prince royal de Wurtemberg qui'

parlait de Napoléon et de la France en termes

fort amers. Lemaréchal Ney, qui avait eu autre–

fois ce prince sous ses ordres, et ne l'avait guere

mónagé, luí répondit avec bauteur que s'il était

une maison en Europe qui eut perdu le droit

d'áccuser l'ambition de la France, c'était assu–

rément celle de Wurtemberg. On était engagé

dans ces facheux entretiens, lorsqu'on rec;ut la

permission de se rendre

a

Paris, demandée pour

les représentants de Napoléon.

Ceux~ci

parti–

rent , et retrouvercnt en sortant le maréchal

l\larmont qui les attendait, apres avoir obtenu,

disait-il, de la loyauté du prince de Schwarzen–

berg la res titution de son engagement. Malgré

cctte assertion, tout porte

a

croire que le prince

ne luí avait renda sa parole que. temporaire–

ment, pour la durée seule d'une négociation

dont,

a

ses yeux, le succes était impossible, et

a

la condition d'exiger l'exécution de l'engagement

pris, si cette négoeiation était rompue. Ce qui

le prouve, c'est la publicité que les coalisés don–

nerent immédiatement

a

la eonvention signée

avee le maréchal Marmont.

:M.

de Caulaincourt et les maréchaux arrive–

rent

a

l'holel dela rue Saint-Florentin, le !) avril,

vcrs une ou dcux heurcs du matin. Quand on

sut qu'ils venaien t offrir l'abdication de Napo–

léon au profit du roi <le Rome et de Marie–

Louise, et appuyer cette négociation de toute

l'autorité de l'armée, l'émotion fut grande au–

tour du gouvernement provísoire, qui ne cessait

d'avoir jour et nuit de nombrel1x assidus

a

sa.

porte, solliciteurs ou curieux. On trembla

a

l'idée

de voir Napoléon exerc;ant le pouvoir derriere sa

femme et son fils, et se vengeant de ceux qui

l'avaient abandonné. Depuis le 2 avril au soir,

moment ou la déchéance avait été prononcée,

les royalistes s'étaient fort multipliés, les uns

s'enhardissant peu

a

pcu

a

professer une foi an–

cienne chez eux , les autres sentant le royalisme

naitre dans leur creur avec le sueces. Le nombre

des gens compromis et disposés a s'alarmer s'é–

tait done augmenté considérablement, et les

alarmes furent poussées

a

ce point que le plus

engagé de tous, M. de Talleyrand, se demanda

lui-meme s'il ne faudrait pas s'arreter dans

la

voie ou il avait fait tant de pas qu'on devait

croire saos retour. En efl'et, importuné par

M. de Vitrolles, qui insistait, comme on l'a vu,

sur l'admission immédiate et sans condition de

l\L le comte d'ArloisaParis, ilenétait

a

débattre

ces exigences, et

all~t

meme remettre une