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~22

LlVRE CINQUAN'rE-TROISIEl\IE.

son armé.e, refoulcr les 80 mille Liommes de

Schwarzcnhcrg sur les foubou rgs de Paris, fa ire

appcl aux Parisiens pour qu'ils e joignissent

a

lui , t, profilant du troublc probable des con]isés

assa illis

i1

l'impro,·istc, les écraser, soit qu'il

cntrat dans la viUc

a

Jcur suite, soit qu'il passa t

brusqu cmcnt sur

la

droitc de In Scinc par tous

les ponts dont il disposait, et qu'il se précipilat

sur lcur lignc de retraitc. 11 est en cffct probable

qu'avc~ I~

70 millc J10mmcs r éunis sous sa

main , Napoléon eulbuter ait les 80 millc hommcs

qui Jui étaicnt directcmcnt opposés, que ccux–

ci refoulés sur Paris y r entreraient en désordre,

que le moindre concours des P arisiens convcr–

tirait ce <lésordre en déroutc, et que Napoléon

les suivaut

i1

hrulc-pourpoint, ou se portant p;ir

In

droilc de la Seinc sur leur Jignc de rclraitc,

placcrait la coalition dans une posilion donl elle

aurait hcaucoup de peine

ti

se Lirer, cut-clic

:1

sa

lclc ce qu'clle n'avait pas, le plu s ¡;rnnd des ca–

pitaincs . 11 cst

trcs-prabab.le

cncorc qu'aprcs un

tcJ événemcnt, et aidé des paysans de la Bour–

gogne, de

Jn

Champngnc, de la Lorrninc, qui ne

manqi!tcraicnl pas <le se jetcr sur les vaincus

puisqu'ils se jctaicnt déjii sur les vainqueurs,

Kapoléon aura it bienlót r amené Ja coalition jus–

qu'au Rhin. S'il se trompait,

ii

nous scmble,

quant

a

nous, qu'il vnlait mieu x se tromper avcc

lui ce jour-la, que s'ctre trompé avec lui

a

Wilna

en 1812,

a

Dresde en

1815.

Du r este, s'inquié–

lant pcu des dangers de Paris, il raisonnait

a

l'égard de eclle capilale commc les Russes

l1

J'égard de Moseou, et

il

pensait qu'on ne pouvait

payer d'un prix trop élevé l'cxtermi nation de

l'cnnemi qui avnit pénétré au creur de la Francc.

Impertu rbable au milicu des siLuations les

plus violentes, et toujours passa nt sur-J e-ehamp

de la conccption de ses plans aux détails d'cxécu·

lio n, iJ nva it donné ses ordres en conséquence.

JI

ava it rnngé les mar éehaux iiiarmont et 1\fo rtier

le long de la rivicre d'Essonne, llfarmont

a

Es–

sonn c mcme, 1\Jorticr

a

Mcnnccy . 11 avait rcn–

forcé le corps deMarmont de la di vision Souham,

9ui corn ptait au moins six millc Lommcs; rcm–

pla é 1artilleric de Marmont et de ' Jortier, res–

tée en partie sous les murs de Pnris, et fourn i

[1

ces deux marécLaux , au moyen des rcssourccsd u

grnnd pare, soixanle bouches: fc u parfailcmcn t

approvi ionnées . 11 leur avait prescril d'cntou rcr

Corbcil

J

ouvragcs de campagnc, afi n de s'cn ap –

proprier le pont , iodépcndammen t de cclui de

Mclun donl

il

était mailrc, de maniere

a

pourn ir

manreu rcr

a

volonté sur l'unc et l'autrc ri Ye de

la Seine; de réunir

a

Corbeil tous les approvi–

sionnemenls de grains répandus en abondance

sur

la

droite de eetle ri vicre, el, de fobriqucr

a

Ja

poudrerie d'Essonnc autant <le poudro qu'on

pourraít. Il avait cehelonné sa eavalcrie daos la

dircclion d'Arpajon , afin de se mcLlre en commu–

nicn Lion avcc Orléans, ou il vcnait d'appclcr sa

fcmme, son fils, ses frcrcs et ses ministres. II

avail

fait

avancer la jcunc..,garde entre Chailly et

Ponthierry, pour ménager de la place aux corps

d'Oudinol, de 1\facdonald el de Gérard qui allaient

arri vcr. Enfin

íl

avait mandé les troupes qui,

sons · le

g~néral

Alix, avaicnt si bien défendu

l'Yonne, et prcnait ainsi toutes ses dispositions

pour avoi!: l'armée cnlierc concenlrée dcrriere

1'Essonne dans la journéc du 4, lermc Je plus

rapproché possiblc en considérant la dislancc

it

parcourir de Saint-niziei·

a

Fontainchlcau.

Chaquc jour il passail en rcvuc les corps qui rc–

joig naicnt, et, sans s'explique1· clairement, leur

laissaít cntrcvoir une éclatanlc ref anohc du re–

vers essuyé sous les murs de la

capi,ta~'c .

La garde

a

son aspect poussait des cris rfr.énétiqucs. Fan–

tassins et cavaliers, agilaut les uns leurs fu sils,

les autres 1eurs sabres, mclaicnt au cri ordinaire

de

Vive

l'Empereur,~e

cri bien plus significatif:

A París !

a

Paris

!

-

Les autres corps de l'ar–

méc, plus jcuncs cbplus sensibles

lt

la soulfrancc,

1

arri vaicnt quclqucfois fatigués et

tris~es.

Mais ils

ne résistaient pas

a

la préscncc de

Napoléon~

a

Ja

"\'Ue

de

SOl'l

visage lout

a

la

fois sombre Ct in–

spiré, et, aprcs un peu cle rcpos, recevaicnl la

contagion das sentimcnts dont Je foyer ardent

était dans Ja gardc impériale. Les chefs de l'a:i;–

mée, au conlraire, élaicnt constcrnés, et Ja pré–

scnee de Napoléon les cmbarrassait, les irritait

mcmc¡ sans les ranimer. Jls n'osaicnt pas contes–

lcr qu' unc dcrnicrc et sanglanlc bataille

fUt

un

devoir

a

rcmplir cnvcrs Je pays, si on pouvait

ainsi le sauvcr, mais ils se récriaicnt contre l'idée

de

la

livrcr dans l'intéricur de Paris, si c'était la

q ue Napoléon vouhlt combattre, ce qu'ils igno–

raient, mais ce qu'ils répandaicnt autour d'cux,

pour rcndre ce projct odicux. Lcurs aides de

camp et Jeurs eomplaisants tcnaienl le meme lan–

gage. 11 en ét.ait autremcnt des officiers atlach és /

aux trou pes . Ceux-la ne parlaicnt que de vcnge1·

l'honncur des armes, et souffiaient Jeurs passions

a

lcurs soldats. Aussi des que Napoléon se mon–

trait, des transporls violents éclataient de toute

part, et il se manifeslait un scnlimcnt commun,

non pas de dévoucment

a

sa personne, mais

d'exaspéra lion contre l'ennemi et conlre les