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LlVRE CINQUAN'rE-TROISIEl\IE.
son armé.e, refoulcr les 80 mille Liommes de
Schwarzcnhcrg sur les foubou rgs de Paris, fa ire
appcl aux Parisiens pour qu'ils e joignissent
a
lui , t, profilant du troublc probable des con]isés
assa illis
i1
l'impro,·istc, les écraser, soit qu'il
cntrat dans la viUc
a
Jcur suite, soit qu'il passa t
brusqu cmcnt sur
la
droitc de In Scinc par tous
les ponts dont il disposait, et qu'il se précipilat
sur lcur lignc de retraitc. 11 est en cffct probable
qu'avc~ I~
70 millc J10mmcs r éunis sous sa
main , Napoléon eulbuter ait les 80 millc hommcs
qui Jui étaicnt directcmcnt opposés, que ccux–
ci refoulés sur Paris y r entreraient en désordre,
que le moindre concours des P arisiens convcr–
tirait ce <lésordre en déroutc, et que Napoléon
les suivaut
i1
hrulc-pourpoint, ou se portant p;ir
In
droilc de la Seinc sur leur Jignc de rclraitc,
placcrait la coalition dans une posilion donl elle
aurait hcaucoup de peine
ti
se Lirer, cut-clic
:1
sa
lclc ce qu'clle n'avait pas, le plu s ¡;rnnd des ca–
pitaincs . 11 cst
trcs-prabab.lecncorc qu'aprcs un
tcJ événemcnt, et aidé des paysans de la Bour–
gogne, de
Jn
Champngnc, de la Lorrninc, qui ne
manqi!tcraicnl pas <le se jetcr sur les vaincus
puisqu'ils se jctaicnt déjii sur les vainqueurs,
Kapoléon aura it bienlót r amené Ja coalition jus–
qu'au Rhin. S'il se trompait,
ii
nous scmble,
quant
a
nous, qu'il vnlait mieu x se tromper avcc
lui ce jour-la, que s'ctre trompé avec lui
a
Wilna
en 1812,
a
Dresde en
1815.
Du r este, s'inquié–
lant pcu des dangers de Paris, il raisonnait
a
l'égard de eclle capilale commc les Russes
l1
J'égard de Moseou, et
il
pensait qu'on ne pouvait
payer d'un prix trop élevé l'cxtermi nation de
l'cnnemi qui avnit pénétré au creur de la Francc.
Impertu rbable au milicu des siLuations les
plus violentes, et toujours passa nt sur-J e-ehamp
de la conccption de ses plans aux détails d'cxécu·
lio n, iJ nva it donné ses ordres en conséquence.
JI
ava it rnngé les mar éehaux iiiarmont et 1\fo rtier
le long de la rivicre d'Essonne, llfarmont
a
Es–
sonn c mcme, 1\Jorticr
a
Mcnnccy . 11 avait rcn–
forcé le corps deMarmont de la di vision Souham,
9ui corn ptait au moins six millc Lommcs; rcm–
pla é 1artilleric de Marmont et de ' Jortier, res–
tée en partie sous les murs de Pnris, et fourn i
[1
ces deux marécLaux , au moyen des rcssourccsd u
grnnd pare, soixanle bouches: fc u parfailcmcn t
approvi ionnées . 11 leur avait prescril d'cntou rcr
Corbcil
J
ouvragcs de campagnc, afi n de s'cn ap –
proprier le pont , iodépcndammen t de cclui de
Mclun donl
il
était mailrc, de maniere
a
pourn ir
manreu rcr
a
volonté sur l'unc et l'autrc ri Ye de
la Seine; de réunir
a
Corbeil tous les approvi–
sionnemenls de grains répandus en abondance
sur
la
droite de eetle ri vicre, el, de fobriqucr
a
Ja
poudrerie d'Essonnc autant <le poudro qu'on
pourraít. Il avait cehelonné sa eavalcrie daos la
dircclion d'Arpajon , afin de se mcLlre en commu–
nicn Lion avcc Orléans, ou il vcnait d'appclcr sa
fcmme, son fils, ses frcrcs et ses ministres. II
avail
fait
avancer la jcunc..,garde entre Chailly et
Ponthierry, pour ménager de la place aux corps
d'Oudinol, de 1\facdonald el de Gérard qui allaient
arri vcr. Enfin
íl
avait mandé les troupes qui,
sons · le
g~néral
Alix, avaicnt si bien défendu
l'Yonne, et prcnait ainsi toutes ses dispositions
pour avoi!: l'armée cnlierc concenlrée dcrriere
1'Essonne dans la journéc du 4, lermc Je plus
rapproché possiblc en considérant la dislancc
it
parcourir de Saint-niziei·
a
Fontainchlcau.
Chaquc jour il passail en rcvuc les corps qui rc–
joig naicnt, et, sans s'explique1· clairement, leur
laissaít cntrcvoir une éclatanlc ref anohc du re–
vers essuyé sous les murs de la
capi,ta~'c .
La garde
a
son aspect poussait des cris rfr.énétiqucs. Fan–
tassins et cavaliers, agilaut les uns leurs fu sils,
les autres 1eurs sabres, mclaicnt au cri ordinaire
de
Vive
l'Empereur,~e
cri bien plus significatif:
A París !
a
Paris
!
-
Les autres corps de l'ar–
méc, plus jcuncs cbplus sensibles
lt
la soulfrancc,
1
arri vaicnt quclqucfois fatigués et
tris~es.
Mais ils
ne résistaient pas
a
la préscncc de
Napoléon~
a
Ja
"\'Ue
de
SOl'l
visage lout
a
la
fois sombre Ct in–
spiré, et, aprcs un peu cle rcpos, recevaicnl la
contagion das sentimcnts dont Je foyer ardent
était dans Ja gardc impériale. Les chefs de l'a:i;–
mée, au conlraire, élaicnt constcrnés, et Ja pré–
scnee de Napoléon les cmbarrassait, les irritait
mcmc¡ sans les ranimer. Jls n'osaicnt pas contes–
lcr qu' unc dcrnicrc et sanglanlc bataille
fUt
un
devoir
a
rcmplir cnvcrs Je pays, si on pouvait
ainsi le sauvcr, mais ils se récriaicnt contre l'idée
de
la
livrcr dans l'intéricur de Paris, si c'était la
q ue Napoléon vouhlt combattre, ce qu'ils igno–
raient, mais ce qu'ils répandaicnt autour d'cux,
pour rcndre ce projct odicux. Lcurs aides de
camp et Jeurs eomplaisants tcnaienl le meme lan–
gage. 11 en ét.ait autremcnt des officiers atlach és /
aux trou pes . Ceux-la ne parlaicnt que de vcnge1·
l'honncur des armes, et souffiaient Jeurs passions
a
lcurs soldats. Aussi des que Napoléon se mon–
trait, des transporls violents éclataient de toute
part, et il se manifeslait un scnlimcnt commun,
non pas de dévoucment
a
sa personne, mais
d'exaspéra lion contre l'ennemi et conlre les