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LIVRE CINQUANTE-TROISIEl\IE.

une faute grave, qui cependant ne lui avait pas

altiré tous les reproches qu'il aurait mérités, et

il en voulai t

it

Napoléon au licu de s'cn vouloir a

lui-mcme. Ces miscrcs de la vanité, M. de Tal–

leyrand les avait parfaitemcnt démelées dans l'en–

Lrcticn qu'il avait cu avec Marmont le

50

mars

au soir, el il avait désigné ce maréchal comme le

but auquel devaient tcndre toutes les séduetions.

La vanité mécontcnte est, en effet, dans les mo–

ments de crisc, un but vers lequel !'intrigue pcut

se diriger avcc grande probabilité de succes.

Ajoutez que Marmont avait dans la circonstancc

présente une position qui devait, autant que son

caraclere, attire1· sur lui les efforts des séduc–

teurs. 11 venait de défendre París avec éclab,

s'était attribué tout I'honneur de eetle défcnsc,

bien que la moitié en revint de droit au maréehal

Mortier. 11 était enfin avec son corps d'arméc

µlacé sur PEssonnc, il couvrait

le

rassemblcment

qui se for:mait

a

Fontainebknu, et le foire passcr

du cóté du eouvcrnemcnt provisoirc, <fétuitdéci–

der

Ja

question que le génie et le caractcre in–

domptables de Napoléon scmblaient rendre dou–

teuse cncorc. On avait cherché un intcrmédiaire

qu'on put employer en cette occasion, et on en

avait trouvé un parfaitement choisi, dans la per–

sonne d'un ancien. ami, d'un aneien nide de camp

de MarmÜnt, de M. de Montcssuy, qui avait jadis

quiLLé l'armée pour Ja finanee et honorablcment

réussi dans cette nouvellc carricre, qui pnrtageai·t

toutes les idées saines de la haute bo1ugeoisie

sur le despotisme impérial et sur la gucrre,

qu~

avaitcnfin sur Marmontl'iníluence qu'on.t sou vent

les aides de camp sur Jeurs généraux, inOucnec

consistant a cormaitre leurs faihlesscs et

a

savoir

s'en servir. On chargea M. de Montessuy de letlrcs

des principaux pcrsonnages du nouvcau gouvcr–

vernemcn l, tant pour l\Iarmont que pour d'autres.

chef::; de I'armée, et on l'cnvoya

a

Essonnc. A eo

moyen , on en ajouta un aulre non moins efficaee.

Depuis que Napoléon, retiré

lt

Fontaioeblcau,

avait paru y concentrer ses forces, on avnit trans–

porté une parlie de l'arrnéc coaliséc SUil' la rive

gauche de la Scinc. On avaib réuni

11

Pa 1is et

- daos les environs les réservcs des nlliés, plus

le corps de Bulow employé d'nbord au blocus de

Chalons, et on avait rangé entre Juvisy, Choisy–

le-Roi, Longjumcau, Monllhéry, une portioa

notable des troupes de la coalition. On avaH établi

non loin d'Essonne le quartier général du prince

<le Scbwarzenbcrg, pour que le généralissimc se

Llnt prct

a

proflter des prcmieres faiblesses de

Murmont. l\Iarmont ne fut pas le se1,1l objct de

ces menées; on expédia auprcs du maréchal Ou.:.

dinot un officici>de ses parents, on

fil

écrire par

.JBeurnonvillea son ami Je maréchal Maedonald, on

dépecha onfin

a

Fontainebleau unequantitéd'émis–

saires , qui étaientmilitaires pour Ja plupart, et que

le désir ardent d'avoir des nouvelles dcvait faire

accueillir par la euriosité, la fatigue ou l'infidélité.

Le thcme dévcloppé dans toutes les commu–

nications ·écrites ou verbales-, c'est qu'on appar–

tcnait au pays et non

a

un homme ; que cct

homme avait perdu la France ; que si , aprcs

l'avoir compromise ,

il

avait les moyeus de la

sauvcr', On devrait pcut-clrc Se dévouer CnC(_)l'e

a

luí, mais qu'il ne pouvait plus rien que répandFc

inutilcment un snng généreux déja v01·sé

a

trap

grands flots ; que l'Eur0pe étai_t résoluc

a

ne

plus traiter avec lui , et qu'a tout gouverncmenl,

cxcepté Je sien, clic serait prcte

a

concéder des

conditions honoi:ables;

fIU'il

fallait done, sans

plus tardcr, se rnttacher au gouvcrnemcnt pro–

visoirc, avcc -lcqucl i'Europe était disposée

a,

traitcr; qu'cn se rattacbanl

a

ce gouvcrncmcnt

on lui donncraü de la force, de l'autori té, tous

1

les moyens en un mot de s.c Faire rcspeclcr, soit

des monarques coalisés, soit des llo.urbo1 s_co.nlrc

lesqucls on vouhtit, en l,cs 1·app.ela-ríf, prcodrc

des précautions légalcs. Enfin

a

ces raisons

parfaitcmcnt sensécs et honnelcs, on en dcvai.t

ajoulcr de moins élcvécs., qu,oi'!luc a\·Quab:lcs,

c'cst que les IloUl'bons, dont le retour était pro–

cbain, aceueillcraicnla

bras.011.vc

!'.'ts les mititaires

qui reviendriaicnl

i1

el!lx, et parlicuHC.rement

ceux <tui se pron,onccraicn,t les prcmiers.

Indép.endamm~nt

de ces ID.cnécs, Jics auteurs

prin.ei.paux de la nouv.clle révolution avaicnt cu

s0in

de

faire p.arlir ele Paris M. de Caulaincourt,

car ce personnage, admis ai,iprcs d'Alcxandre

auss i intimcment que Jorsqu'il représcntait

a

Saint-Pótersbourg le vainqueur d'Auslcrlilz et

de Frjedland , les offusquail par sa présenee au–

tant q,ue les avait offusqués naguere le congres

de Chatillon. En clJ'et, lanl

qM.(>n

semblaib négo–

cicr avcc l'cmpcreur décl1:u , ríen n'était sur

a.

Jcurs ycux, et

i.ls

avaicn.t.

fait

sentir au czar qu'jJ

n'étail ni sage ni généreux de les engagcr

a

s<; _

compromettre davantage, s'il reslait quelque

ch ance de rapprochc1:n.cnt avec Napoléon.

Alexandre l'avait compris, et bien que par un

sentimcnt de pure

h<m~é

il lui en coUtat de dire

In vérité !out cntiere

a

M. de Caulaincourt,

il

avait fini par le découragcr complétemcnt, afin

de Je contraindne

a

quittcr

p,~ ris

saos etre obligé

de lui en donneF l'ordrc. M. de Caulaincou vt luí

(