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1502

LIVRE CI NQUANTE-TROISIEIUE .

livrcraient les barrieres aux soldats des armées

alliées, apres quoi les souverains feraient leur

entrée dans Paris.

Sur ces entrefaitcs,

l\f.

de Caulaincourt n'ayant

pas trouvé

a

l'hótel de ville les autorités pari–

siennes, s'était rcndu lui-meme au cMteau de

Bondy, avait rencon tré en route la députation

qui s'en relournait, avait cu quelque difficullé

a

se fairc admettre aupres d'Alexandre, et y avait

cnfin réussi. En le voyant, Alexandrc l'accueillit

avec la meme cordialité qu'autrefois, l'embrassa

mcme de

fa

m~niere

la plus affectucuse' lui

expliqua pourquoi il ne l'avait pas reC(U

a

Prague,

puis arrivant aux grands événements du jour,

lui dit qu'exempt de tout ressentiment, ne dé–

sirant que la paix, la venant chercher

a

París

puisqu'il n'avait pu la trouver

a

Chatillon,

il

la

voulait honorable pour la France, mais surc

pour l'Europe, et que pour ce motif ni lui ni

les alliés ne consentiraient plus

a

négocier avec

Napoléon; qu'ils n'auraient pas de peine d'ailleurs

a

trouver quelqu'un avec qui on put traiter, car

il leur· revenait de toule part que la France était

aussi fatiguée de Napoléon que l'Europe elle–

meme, et qu'elle ne demandait pas mieux que

d'etre débarrassée de son despotisme ; qu'au

surplus les alliés n'avaient pas le projet de faire

violcnce

a

cette noble France, qu'ils eutcndaient

au contrairc la respccter profondément , lui

laisser le choix de son souverain, et conclure Ja

paix avec ce souverain des qu'elle l'aurait <lési–

gné; qu'une fois entrés dans Paris ils consultc–

raieo t les gens les plus notables, qu'ils les pren–

draient dans toutes les nuances d'opinion, et

que ce que les personnages les plus accrédités du

pays auraient décidé, les alliés l'adopteraient, et

Je consacreraient par l'adhésion de l'Europe.

, Consterné de ce langagc calme, doux, mais

resolu,

M.

de Caulaincourt essaya de combattre

les idées émises par Alexandre. Il s'efforc;a de

lui faire sentir le daoger pour les alliés de se

conduire, eux, rcprésentants de l'ordre social et

monarchique en Europe, comme des fautcurs

de révolution, de détróner un prince longtemps

reconnu, adulé de loutes les cours, accepté par

elles comme allié, et par l'une d'elles comme

gendre; le danger d'en croire

a

cct égard des

mécontents, qui ne consulteraient que leurs

passions, de se tromper ainsi sur les vrais senti–

ments de la France, qui, tout en désapprouvanL

les

gu~rres

continuelles de Napoléon, restait re–

conna1ssante de la gloire et de l'ordre intérieur

dont elle avaít joui sous son regne, et était peu

disposée

a

échanger sa puissante et glorieuse

main contre la main débile et oubliée. des

Boi.ir

bons; le danger enfin de pousser au désespoir

:fapoléon et l'arméc, de commettre

a

de nou–

veaux et affreux hasards un triomphe inespéré,

triomphe qu'on pourrait consolider

a

l'instant

memc, et rendrc définitif par une paix équitable

et modérée.

Alexandre parut pcu touché de ces raisons. 11

répondit qu'on écouterait non pas des mécon–

tents, mais des hommes sensés, n'ayant ni parti

pris, ni intéret suspect; que le gout de renverser

des trónes, les souverains alliés ne l'avaient pas

et ne pouvaient pas l'avoi1• ; que le danger de

réduire Napoléon au désespoir, ils en tenaient

compte; mais qu'ils étaientrésolus, apres etre ve–

nus si loin, et maintenant surtout qu'ils étaint si

unis, de pousser la lutte

a

bout, pour n'avoir pas

a

la reeommencer dans des conditions peut-etre

moins favorables; qu'ils s'attendaient sans doute

a

des cou ps exlraordinaircs de la part de Napo–

léon, tant qu'il lui r esterait une épée dans les

mains, mais que, fussent-ils repoussés de Paris,

ils

y

reviendraient, j11;squ'a ce qu'ils eussent

conquis une paix sure, et qu'une paix sure on

ne pouvait pas l'espérer de l'homme qui avait

ravagé l'Europe de Cadix a l\foscou.

11 était visible néanmoins que tout en affectant

de ne pas craindrc un dernier acte désespéré de

Napoléon, Alexandre en était intérieuremcnt

troublé, et que ce scrait un argument d'un

poids considérable dans les négociations qui al–

laient suivre. A propos de ces résolutions qui

paraissaient si fcrmement arretées de la part des

puissances,

M.

de Caulaincourt demanda au

czar si cependant l'Autriche n'aurait aucuue

consi<lération pour les liens de fomille, et si clic

aurait conduit si loin ses soldats pour avoir

l'honncur de détróner sa filie ; que ce ne serait

plus alors le cas de tant reprocher au peuple

franC(ais d'avoir égorgé une archiduchesse, quand

on ve nait soi-meme en détróner une autre. -

L'Autriche, reprit Alexandrc, a eu de la peine

a

se décider; mais depuis que vous avez refusé

l'armistice de Lusigny, imaginé par elle pour

ménager un aceommodement, elle est aussi con–

vaineue que nous qu'on ne peut pas traiter avec

son gcndre, et que pour obtenir une paix du–

rable il faut la signer avec un autre que lui.

A cette déclaration Alexandre ajouta <le nou–

vellcs assuranees d'amitié pour

l\'I.

de Caulain–

court, l'engagea

a

venir le revoir dans la journée,

lui promit de l'aceueillir a toute heure, mais lui