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PREl\flERE ABDICATION. -

MARS

18:14.

499

manda-t-il. -Général -Belliard, répondit le prin–

cipal d'entre eux. - C'était en effet le général

Belliard, qui, en exécution de la eapitulation de

Paris, se rendait a Fontainebleau, afin d'y

chercher un emplacement convenable pour les

troupes des deux maréchaux. Napoléon, se pré–

cipitant alors a has de sa voiture, saisit par le

bras Je général Belliard, le conduit sur le cóté

de la route, et la multipliant ses questions, il lui

donne

a

peine le temps d'y répondre, tant elles

sont pressées. - Ou est l'armée? demande-t-il

tout de suite. - Sire, elle me suit. - Ou est

l'ennemi? ·- Aux portes de París. - Et qui

occupe Paris? - Personoe; il est évacué

! -

Comment, évacué

!. ..

et mon fils, ma femme,

mon gouvernem,ent, ou sont-ils? - Sur la Loire.

- Sur la Loire

!...

Qui a pu prendre une réso–

lution pareille? - Mais, Sire, on dit que c'est

par vos ordres. - Mes ordres ne portaient pas

telle ehose... Mais Joseph , Clarke, Marmont,

Mortier, que sont-ils devenus? qu'ont-ils fait? -

Nous n'avons vu, Sire, ni Joseph, ni Clarke, de

toute Ja journée. Quant

a

Marmont et

a

Mortier,

ils se sont conduits en braves gens. Les troupes

ont été admirables. La garde nationale ellc–

meme, parlout ou elle a été au feu, rivalisait

aveé les soldats. On a défendu héro'iquement les

hauteurs de Belleville, ainsi que leur revers

vers la Villette. On a meme défend u

l\f

ontmar–

tre, ou

il

y

avait

a

peine quelques pieccs de

canon , et l'ennemi , croyant qu'il

y

en avait da–

vantage, a poussé une colonne le long du chemin

de la Révolte pour tourner Montmartre, s'expo–

sant ainsi

a

etre précipité dans la Seine. Ah!

Sire, si nous avions cu une réscrve de 10 mille

hommes, si vous aviez été la, nous jetions les

alliés dans la Seine, et nous sauvions Paris, et

nous vengions l'honneur de nos armes!. .. -

Sans doute si j"avais été la, ma-is je ne puis etre

partout

!. ..

Et Clarke, Joseph, ou étaient-ils?

l'\lcs· deux cents bouches

a

feu de Vinccnnes,

qu'e~

a-t-on fait? et mes braves Parisicns, pour–

quoi ne s'est-on pas servi d'eux? - Nous ne sa–

vons rien, Sire. Nous étions sculs et nous avons

fait de notre mieux. L'ennemi a perdu 12 mille

hommes au moins. - Je devais m'y attendre

!

s'écrie alors Napoléon. Joseph m'a perdu l'Es–

pagne, et il me .perd la France... EL Clarke !

J'aurais bien du en croire ce pauvre Rovigo, qui

me disait que Clarke était un Iachc, un traltre,

et de plus un homme incapable. Mais c'est assez

se plaindre ,

il

faut réparer le ma

1,

il

en est

temps encol'e. CaulaincourL l ma Yoiture ... -

Ces mots dits, Napoléon se meta marcher dans

la direction de París, en commandan t a tout le

monde de le suivre, comme s'il pouvait ainsi ga–

gner du temps. Mais Belliard et ceux qui l'en–

touren t s'efi'orcent de le dissuader. - 11 est trop

tard, lui dit Belliard, pour vous rendre

a

Paris;

l'armée adule quitter; l'ennemi

y

sera bientót,

s'il n'y est déja. - Mais, r épond Na poléon,

l'armóe nous la ramenerons en avant, l'cnnemi

nous le jetterons hors de Paris; mes braves Pari–

siens entendront ma voix, ils se ICveront tous

pour refouler les barbares hors de leurs murs. ____,

Ah! Sire,

il

est trop tard, répeLe Belliard ,

l'infanterie est la qu i me suit; d'ailleurs nous

avons signé une capitulation qui ne nous permet

pas de rentrer. - Une capitulation ! et qui done

a été asscz lache pour en signer une? - De

bravcs gens, Sire, qui ne pouvaicnt fa ire autre–

ment. - Au milieu de ce colloque , Napoléon

marche toujours, ne voulant ri en écouter, de–

mandant sa voiture que Caulaincourt n'amene

point, lorsqu'on

aper~oit

un officier d'infanterie.

C'était Curial. Napoléon l'appellc, et apprend

alors que l'infanlerie est la' c'est-a-dire

a

trois

ou quatre lieues de Paris, et qu'il n'est plus

temps d'y rentrer. Vaincu par les faits, par les

explications qu'on lui donnc,

il

s'arrete aux dcux

fonlaincs qui s'élevent sur la ro ute de

J

uvisy,

s'assied au bord, et demeure quclque temps la

tete dans ses rnains, plongé dans de profondes

réflexions.

On se tait, on regardc, on aLlend. Enfin il se

leve,

il

demande un lieu ou

il

puisse s'abriter

quelques instants.

JI

anit foit, outre trente licues

en voiture, trente lieues a cheval, il élait acca–

blé par la fatigue, mais il ne la sentaiL pas. 11

voulait une table, de la lumiere, pour étaler ses

cartcs, pour donner ses ordres. On se rend chez

le rnaitre de poste voisin . On fait luire un pcu

de lamiere et on

apcr~oit

cnfin son visage, qui

conservait un reste d'animation , mais sans aucun

troublc; et ne laissait paraitre qu'une invincib!e

énergie.

On étalc des cartes;

il

examine, il réfléchit,

puis

il

dit : Si j'avais ici l'armée, tout scrait ré–

paré

!

Alexandre va se montrer aux Parisiens ;

il

n'cst pas méchant, il ne veut pas brUlcr Paris,

il ne veut que se faire voir a cette grande ville.

11 passera demain une revue, il aura une partie

de ses soldats a droite de la Seine, une autre

a

gaucbe;

il

en

aur~

une portion dans París , une

autre dehors, et, daos cette position, si j'avais

mon arméc, je les écras.rais lous. La population