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LIVRE CINQUANTE-TROISIEME.
poussc, forme la barriere sur eux, et rétablit la
défen e au mur d'octroi.
Mortier de son coté se bat héro'iquement dans
Ja plaine Saint-Denis, entre la Villette et la Cha–
pellc. La Villctte, asa droite, défenduc contre
Klci t et d'York par les divisions Curial et Char–
pcntier , vient enfin d'etre envahic par un flot
d'ennemis. A ce spcctacle 1\fortier, qui occupait
la Chapclle avec Ja division de vicillc garde
Christiani , prcnd une partie de cette division , et
se r abattant de gauche
:1
droite sur la Villette, y
entre
a
la poi'nte des ba"ionnettes, et parvient a
rejeter en dehors la garde prussicnne aprcs en
avoir fait un aff-reux carnage. l\fais bientót de
nouvellcs masscs cnnemies prenant Ja Grandc–
Villette a revers par le canal de l'Ourcq, et pé–
nétrant entre la Villette et la Clrnpclle,
il
est
contraint d'abandonner Ja plaine et de se replier
sur les bl!_rricrcs. Au meme instant Langeron
s'avance vers le picd de Montmartre. Langeron,
un Franctais,dirige sur Paris les soldats ennemis
!
En se portant sur Montmartre
il
s'attend aes–
suyer des flots de mi traille, mais surpris de
trouver ces hauteurs silencicuses, il les gravit,
et s'empare de la faibl e artillerie qu'on y avait
placée, et que gardaient
a
peine quelques sa–
peurs-pompiers.
ll
marche cnsuite sur la bar–
riere de Clichy, que les gardes nationaux, sous
les yeux du maréehal l\Ioncey, défendent brave–
ment, et avcc un courage qui prouve ce qu'on
aurait pu obtenir de la population parisicnnc
!
Telle élait la fin de vingt-deux ans de triom–
phes inoui:s, qui ayant eu successivcment pour
théa Lres Milan, Venise, Rome, Naplcs, le Caire,
l\Iadrid, Lisbonne, Vienne, Dresde, Berlin, Var–
sovie, Moscou, venaient se terminer d'une ma–
niere si lugubre aux portes de París
!
Rien n'ayant été préparé pour une résistance
prolongée avec les rues barricadées, la popula–
tion derriere les barricades, et les troupes en
réserve, toute défense ayant été réduite
a
une
bataille livrée en dchors de Paris avec une poi–
gnée de soldats cóntre une armée formidable,
t
ceLte bataille se trouvant inévitablement per–
due, ce n'élait pas en lui opposant le mur d'oc–
tro i qu'il eut été possible d'arreter l'ennemi. 11
fallait done épargner
a
Paris un désastre inutile.
l\Jarmont ne voyant plus d'autre rrssource,
avait songé
a
user des pouvoirs conférés par Jo-
eph aux deux maréchaux commandant l'armée
ou Paris, et avait succcssivemeut envoyé deux
officicr
n parlemenlaires pour proposer au
princ de chwarzenberg une suspension d'ar-
mes. L'animation du eombat était si grande,
que l'un n'avait pu pénétrer, et que l'autre avait
été blessé. Marmont alors en avait dépeché un
troi ieme.
En ce moment était arrivé
a
perte d'haleine
le général Dejea'Il, pour annoncer que Napoléon ,
,apprenant la marche des coalisés sur la capitale,
avait changé de direction, qu'il s'avanctait en
toute bate vers París, qu'il suffisait de tenir
deux jours pour le voir paraitre
a
In
tete de for–
ces considérahles, qu'il fallait done s'efforcer de
résister a tout prix, et essayer, si on ne pouvait
résister davantage, d'occuper l'ennemi au moyen
de quelqucs pourparlers. En effet, Napoléon,
daos cette extrémité, et le congres de Chatillon
étant dissous, avait écrit
a
son beau-pere pour
rouvrir les négociations, et il autorisait a le dire
au prince de Schwarzenberg, afiu d'obtenir une
suspension d'armes de quelqucs heures. Lema–
réchal l\fortier rectut le général Dejean, sous une
grele de projectiles, et lui montrant les débris
de ses divisions qui disputaient encore la Villette
et la Cba,pelle, il l'eut bientót convaincu de
l'impossibilité de prolonger cette résistance. 11
fut done reconnu qu'il n'y avait pas autre chose
a
faire que de s'adresser au prince de Schwar–
zcnberg, et le maréchal lui écrivit effectivement
quelques mots sur la caisse d'un tambour percé
de balles.
ll
lui disait que Napoléon avait rouvert
les négociations sur des bases que les alliés ne
pourraient pas repousser, et qu'en attendant il
était <lésirable, dans l'intéret de l'humanité,
d'arreter l'effusion du sang.
Un officier porteur de cette lettre partit au
galop, traversa les rangs des deux armées, et
parvint
a
joindr~
le prince de Schwarzenberg.
Celui-ci répondit qu'il n'avaít aucune nouveHe de
la r eprise des négociations et ne pouvait sur e.e
motif interrompre le combat, mais qu'il était dis–
posé
a
suspendre cette boucherie si on lui livrait
París sur-Ie-champ. Au meme instant, le troi–
sieme officier envoyé par le maréchal l\Iarmont,
ayant réussi
a
pénétrer auprcs du généralissime,
et ayant annoncé qu'on était pret, pour sauver
Paris,
a
souscrire
a
une capitulation, les pour–
parlers s'engagerent plus séricusement, et un
r endez-vous fut assigné
a
la Villette aux deux
maréchaux. Ils s'y rendirent, et y trouvcrent
M. de Nesselrode, avec plusieurs plénipoten–
tiaires. On cornmencta, sans perdre un instant,
a
traiter d'une suspension d'hostilités. Diverscs
prétentions furent d'abord mises en avant par
les représentants del'arméecoalisée. Ils voulaient