Table of Contents Table of Contents
Previous Page  504 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 504 / 616 Next Page
Page Background

494

LIVRE CINQUANTE-TROISIEME.

poussc, forme la barriere sur eux, et rétablit la

défen e au mur d'octroi.

Mortier de son coté se bat héro'iquement dans

Ja plaine Saint-Denis, entre la Villette et la Cha–

pellc. La Villctte, asa droite, défenduc contre

Klci t et d'York par les divisions Curial et Char–

pcntier , vient enfin d'etre envahic par un flot

d'ennemis. A ce spcctacle 1\fortier, qui occupait

la Chapclle avec Ja division de vicillc garde

Christiani , prcnd une partie de cette division , et

se r abattant de gauche

:1

droite sur la Villette, y

entre

a

la poi'nte des ba"ionnettes, et parvient a

rejeter en dehors la garde prussicnne aprcs en

avoir fait un aff-reux carnage. l\fais bientót de

nouvellcs masscs cnnemies prenant Ja Grandc–

Villette a revers par le canal de l'Ourcq, et pé–

nétrant entre la Villette et la Clrnpclle,

il

est

contraint d'abandonner Ja plaine et de se replier

sur les bl!_rricrcs. Au meme instant Langeron

s'avance vers le picd de Montmartre. Langeron,

un Franctais,dirige sur Paris les soldats ennemis

!

En se portant sur Montmartre

il

s'attend aes–

suyer des flots de mi traille, mais surpris de

trouver ces hauteurs silencicuses, il les gravit,

et s'empare de la faibl e artillerie qu'on y avait

placée, et que gardaient

a

peine quelques sa–

peurs-pompiers.

ll

marche cnsuite sur la bar–

riere de Clichy, que les gardes nationaux, sous

les yeux du maréehal l\Ioncey, défendent brave–

ment, et avcc un courage qui prouve ce qu'on

aurait pu obtenir de la population parisicnnc

!

Telle élait la fin de vingt-deux ans de triom–

phes inoui:s, qui ayant eu successivcment pour

théa Lres Milan, Venise, Rome, Naplcs, le Caire,

l\Iadrid, Lisbonne, Vienne, Dresde, Berlin, Var–

sovie, Moscou, venaient se terminer d'une ma–

niere si lugubre aux portes de París

!

Rien n'ayant été préparé pour une résistance

prolongée avec les rues barricadées, la popula–

tion derriere les barricades, et les troupes en

réserve, toute défense ayant été réduite

a

une

bataille livrée en dchors de Paris avec une poi–

gnée de soldats cóntre une armée formidable,

t

ceLte bataille se trouvant inévitablement per–

due, ce n'élait pas en lui opposant le mur d'oc–

tro i qu'il eut été possible d'arreter l'ennemi. 11

fallait done épargner

a

Paris un désastre inutile.

l\Jarmont ne voyant plus d'autre rrssource,

avait songé

a

user des pouvoirs conférés par Jo-

eph aux deux maréchaux commandant l'armée

ou Paris, et avait succcssivemeut envoyé deux

officicr

n parlemenlaires pour proposer au

princ de chwarzenberg une suspension d'ar-

mes. L'animation du eombat était si grande,

que l'un n'avait pu pénétrer, et que l'autre avait

été blessé. Marmont alors en avait dépeché un

troi ieme.

En ce moment était arrivé

a

perte d'haleine

le général Dejea'Il, pour annoncer que Napoléon ,

,apprenant la marche des coalisés sur la capitale,

avait changé de direction, qu'il s'avanctait en

toute bate vers París, qu'il suffisait de tenir

deux jours pour le voir paraitre

a

In

tete de for–

ces considérahles, qu'il fallait done s'efforcer de

résister a tout prix, et essayer, si on ne pouvait

résister davantage, d'occuper l'ennemi au moyen

de quelqucs pourparlers. En effet, Napoléon,

daos cette extrémité, et le congres de Chatillon

étant dissous, avait écrit

a

son beau-pere pour

rouvrir les négociations, et il autorisait a le dire

au prince de Schwarzenberg, afiu d'obtenir une

suspension d'armes de quelqucs heures. Lema–

réchal l\fortier rectut le général Dejean, sous une

grele de projectiles, et lui montrant les débris

de ses divisions qui disputaient encore la Villette

et la Cba,pelle, il l'eut bientót convaincu de

l'impossibilité de prolonger cette résistance. 11

fut done reconnu qu'il n'y avait pas autre chose

a

faire que de s'adresser au prince de Schwar–

zcnberg, et le maréchal lui écrivit effectivement

quelques mots sur la caisse d'un tambour percé

de balles.

ll

lui disait que Napoléon avait rouvert

les négociations sur des bases que les alliés ne

pourraient pas repousser, et qu'en attendant il

était <lésirable, dans l'intéret de l'humanité,

d'arreter l'effusion du sang.

Un officier porteur de cette lettre partit au

galop, traversa les rangs des deux armées, et

parvint

a

joindr~

le prince de Schwarzenberg.

Celui-ci répondit qu'il n'avaít aucune nouveHe de

la r eprise des négociations et ne pouvait sur e.e

motif interrompre le combat, mais qu'il était dis–

posé

a

suspendre cette boucherie si on lui livrait

París sur-Ie-champ. Au meme instant, le troi–

sieme officier envoyé par le maréchal l\Iarmont,

ayant réussi

a

pénétrer auprcs du généralissime,

et ayant annoncé qu'on était pret, pour sauver

Paris,

a

souscrire

a

une capitulation, les pour–

parlers s'engagerent plus séricusement, et un

r endez-vous fut assigné

a

la Villette aux deux

maréchaux. Ils s'y rendirent, et y trouvcrent

M. de Nesselrode, avec plusieurs plénipoten–

tiaires. On cornmencta, sans perdre un instant,

a

traiter d'une suspension d'hostilités. Diverscs

prétentions furent d'abord mises en avant par

les représentants del'arméecoalisée. Ils voulaient