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PREMIERE ABDICATION. -

MARS

i8U.

497

l'évacuation de Par·is, et les deux préfets, avec

une députation choisie parmi les membres du

conseil municipal et les chefs <le la garde

nationale, partirent de l'hotel de ville pour se

rendre au chateau de Bondy, et y invoquer les

bons sentiments des souverains victoricux.

En ce moment meme Napoléon arrivait aux

portes de Paris. On l'a vu s'arrétant le 25 mars

_aux environs de Saint-Dizier, pour

y

fairc

reposer ses troupes, et se donner le temps de

raJJ1er les garnisons dont il était venu chercher

lé- renfort. Le 24, le 2?>, il avait opéré divers

mouvements entre Saint-Djzier et Vassy, se

flaltant'toujours d'avoir attiré asa suite le prince

de Schwarzenberg, et autorisé

a

le croirc par

les rapports de ses Iieulenants, qui , sous

l'impression de Ja journée d'Arcis-sur-Aubc,

s'imaginaient voir autour d'eux des masses

innombrables d'ennemis. Du reste il était résolu

a

s'en assurer d'une maniere positive, en abor–

dant de tres-pres, a la premiere occasion , la

nombreuse troupe de cavalerie qui s'était atta–

chée

a

ses pas. Pendant ce temps,

M.

de CauJain–

court, inconsolable de Ja rupture des négocia–

tions, insistait pour qu'on essayat de les rouvrir,

a

quoi Napoléon ne paraissait guere disposé.

Une circonstanee favorable s'était offerte pour–

tant, et

M.

de Caulaincourt lui avait fait une

sorte de violence pour l'amener

a

Ja mettre

a

profit. Le général Piré, battant l'estrade avec Ja

cavalerie légere, avait fait prisonniers le baron

de Wessenberg, et

f\I.

de Vitrolles Jui-merne qui

revenait de sa mission auprcs du comte d'Artois,

mais qu'heureusement pour luí on ne rcconnut

point.

M.

de Caulaincourt, sccondé par Berthier,

avait obtenu qu'on renverrait

l\'I.

de Wesscnberg

libre avec une Jettre pour le prince de

l\f

etter–

nich, daos laquelle M. de Caulaincourt affirmerait

que Napoléon était enfin résigné a de grands

sacrifices, sans toutefois dire lesquels. C'est tout

ce que

M.

de Caulaincourt nvait pu arracher

a

son maitre, bien qu'il et"1t voulu donner un peu

plus de précision

a

ces nouvelles ouvertures , afin

de les faire accueillir. Délivré

a

condit.ion de

remplir cette mission ,

l\I.

de Wessenberg s'en

était chargé, et fai sant passer M. de Vitrolles

pour un de ses domestiques, l'avait sauvé du

plus grand des périls.

Le 26, l'occasion d'une forte reconnaissance

s'étant présentée, Napoléon n'avait cu garde de

la laisser échapper. Tandis qu'il était entre

Saint-Dizier et Vassy sur Ja gauche de la Marne,

remplissant de ses partís le pays entre la Marne

CONSULAT.

5.

et l'Aubc, il avait

aper~m

une cavalerie tres–

nombreuse sur la rive droite de la l\farne, un

peu irn-dessous de Saint-Dizier, daos la direc–

tion de Vitry. A la vue de l'ennemi se montrant

en force, il n'y avait pas

a

hésiter; i1 fallait

rnarcher

a

luí pour le battre d'abord, et ensuite

pour savoir qui cet enncmi pouvait etre. Malgré

le grave inconvénient de traverser une rivicre

devant une troupe en bataille, on marcha droit

au gué d'Hcericourt, on y franchit la Marne en

masse,

a

l'exception du corps d'Oud ínot

qu~

fut

envoyé un peu au-dessus' pour la passer

a

Saint-Dizier. L'ennemi fut embarrassé en recon–

naissant que c'était

a

l'armée

fran~aise

tout

cntiere qu'il avait affaire. Néanmoins

il

avait

1

O mille chevaux et quelques milie hommes

d'infanterie légcre, et il les

lan~a

sur nous au

moment ou nous traversions la Marne. On

re~ut

les uns et les autres comrne

i1

convenait. La

cavalerie de la garde, apres s'etre melée avec

les escadrons ennemis, les mil en complete

dérou te. Ils furent obligés de se replier, et

Wintzingerode, car c'était lui , voyant qu'il s'était

cngagé fort imprudemment, résolut de gagner

la route de Bar-sur-Aube, malgré l'inconvénient

de défiler a portée de Saint-Dizier qu'Oudinot

venait d'occupcr. On chargea

a

outrance l'ennemi

en retraite, et tandis qu'il était vivcment poussé

en queue, il fut pris en flanc par notre infanterie

qui débouchait de Saint-Dizier. Dcux bataillons

d'infanterie ayant voulu se formcr en carré, le

brave Letort fondiL sur eux

a

la tete des

dr~gons

de la gar<le, et les coucha par terre. L'élan était

tel que les dragons continucrent lcur coursc

sans s'inquiéter des fantassins russcs ·qu 'ils

avaient enfoncés et dépassés. Ces derniers, qui

avaient paru se rendre, voyant les dragons

parlis, essayerent de se relever, et tirereut sur

eux par derriere. Nos cavaliers alors, rebrous–

sant chcmin, les sabrerent impitoyablement.

Cette poursuite dura jusqu'a la nuit, et on revint

a

Saint-Dizier apres avoir tué ou pris a l'arriere–

garde de Wintzingerode, cbargée de nous suivre

et de nous tromper, environ 4 mille hommes et

trente bouches

a

feu.

11

nous en avait

a

peine

co'IHé 5 ou 4 cents hommes, brillant trophée,

le dernier, hélas, de cette hérolque et fatale

campagae

!

Le Jcndemain 27, Napoléon informé que

l'ennemi lcnait encore Vitry, s'en approcha pour

l'enlever. l\fais un vieux mur un fossé plcin d'eau,

opposaient un obstacle a scz difficile

a

vaiocre.

Macdonald, que nos récents malheurs avaient