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-.

..

PRE1'1IERE

ABDICATION. -

MARs

!8:14.

50f

sion avcc sa fidélité ordinairc, non pas toutcfois

dans l'intenlion de tromper les souverains alliés,

car il n'eUt voulu tromper per·sonne, pas meme

les cnnemis de son pays ,'mais dans l'espérance

de faire renaitre quclques rclations entre un

rnaitre intrailable et l'Europe victorieuse. ll par–

til

done pour Paris, tandis que Napoléon partait

pour Fontainebleau aprcs avoir ordonné aux

troupes qui arrivaient de prendre posilion sur

la rivicre d'Essonne et de s'y établir solidement.

C'est derriere cctle Iigne que Napoléon voulait

opérer la eoncentration de ses forces. Il était si

animé qu'on eüt pu le eroire

a

la veille de l'une

des grandes vietoires de sa vie, aussi bien qu'au

Jendemain du plus grand des désastres. Dans sa

tete ardente il avait déja con<;u un dessein qui

pouvait, selon lui, changer les dcstinées.

11

ame–

nait

a

sa suite environ 50 mille hommes, aux–

qucls allaien t se joindrc les 15 ou

·18

mille sortan L

de París. Avee ce qu'il pouvait attirer

a

lui des

bords de la Seine et de l'Yonne,

il

n'aurait pas

moins de 70 mille combattants.

JI

-roulait les

concentrer entre Fontainebleau et Paris, le long

de l'Essonne, sa droiLe

a

la Seine, sa gauebe dans

la direction d'Orléaus, ou étaient sa femmeeLson

fils. L'ennemi serait dispersé dans Pads, par–

tagé sur les deux rivcs de la Seine, et avcc

70 mille soldats qui avaicnt au crem· la ragc de

l'honncur et du patriotisme, Napoléon ne dés–

espérait pas de frapper encorc des coups terri–

bles, des coups qui retentiraient

a

t.ravcrs les

siccles

!

Qui sait mcmc

!

il

refcraít peut-ctrc, en

unejournée sanglante, la grandeur de la Frnnce

!

- Ces idécs s'étaient succédé dans son esprit

avee la rapidité de l'éclair, et aprcs uvoír cxpé–

dié

l\f.

de Cau laincourt

a

Paris,

il

donna des

ordres au général Belliard, luí prescrivit de se

porter sur la rivicrc d'Essonnc, d'y appeler les

deux maréchaux, et de les y éLablir du bord de

la

Seine a la route d'Orléans.

JI

lui annoni;:a que

le .lendemain il leur fouruirait, au moycn du

grand pare d'artilleric, d6 quoi remplaccr ce

qu'ijs avaient perdu dans la gloríeuse et funeste

bataillc de París. Cela fait,

il

quilla .MM. de

Caulaincourt et Belliard, et parlit avec Berthier

pour Fontainebleau, afin d'y attendre et d'y

rallier l'armée.

Tandis que Napoléon prenaitcc chemin, M. de

Caulaincourt avait pris celui de París, et s'était

rendu

a

l'hoteldeville, aupres del'autorité muni–

cipale, la seule qui subsistat encore dans notre

eapitale abandonnéc. Mais déja celte autorilé

s'était transportée au chateau de Bondy, pour

recommander aux souverains alliés la popula–

tion parisiennc. La moitié de la nuit s'était

écoulée. L'empercur Alcxandre avait accucilli

de son rnieux les deux préfets et la députation

qui les accompag nait. Ce monnrque, maitre

cnfin de París, était au comble de la joie. Son

orgueil une fois satisfait, tous ses bons senti–

menls avaient repris le dessus. Son penchant le

plus prononcé était le désir de plaírc , et il

n'était personne

a

qui

il

vouhlt plaire autant

qu'a ces Frani;:ais, qui l'avaient vaincu tant de

fo

is, qu'il venait de vaincre

a

son tour, et dont

il ambitionnait les applaudissements avec pas–

sion. Surprendre a force de générosité ce peuple

génércux étaít en ce moment son revc le plus

cher: noble faiblcsse, si c'en était une!

Il rei;:ut done avec une extreme courloisie les

deux préfcts et Ja députation parisienne, leur

répéta ce qu'il avait déja <lit si souveut qu'il ne

fai sait po int Ja guerre

a

la France, mais

a

la

folle ambition d'un seul hommc; qu'il n'entcn–

clait imposcr

a

la France ni un gouvernement,

ni une paix humiliantc, mais

la

délivrer d'u11

dcspotisme dont elle n'avait pas moins

sou.íl

'ert

que l'Europe.

11

garantit pour la capitule les

traiternents les plus doux, moyennant que le

pcuplc pnrisien demcur:.lt paisible, et se mon–

trat aussi amical cnvcis ses nouveaux hótcs que

ceux-ci voulaient l'etre envers lui. Il consentit

sans difficullé

a

laisser la police de París 1t la

gard c nationale, et

a

ne pas Ioger ses solda ts

chez les lwbitanls.

11

demanda seulemcnt des

vivres qu'on avait, et qu'on luí promit.

Aussitot la eonversation générale tcrminée,

il s'adrcssa individuellement

a

chaque membre

de la députation, et affirma de nouveau qu'en

apportant

a

la Frnncc la paíx la plus honorable,

il Jui Jaisscrait en outre la plus entierc liberté

dans le choix de son gouvcrnement.

JI

parut

surlout fort irnpatient de savoir ce qu'était dc–

venu M. de Tallcyrand, ce que faisait ce grand

personnagc, et ou

il

était actuellement.

l\L

de

Nesselrode, présent

a

l'entreticn , pria

1\1.

de

Laborde, qu'il connaissait, et qui était membre

de la députalion, de se rendre aupres de M. de

Talleyrand, de le retenir

a

Paris s'.il n'était pas

parti , et de l'assurer, de Ja part des souverains,

de toute leur considération.

Pendant que les préfets étaient aupres d'A–

lexandre, les officiers des deux armées avaient

arre té les conditions de l'évacuation de Paris. Ils

élaient convenus que vers sept hcures du malin

les soldats des maréchaux Marmont et l\fortier