Table of Contents Table of Contents
Previous Page  502 / 616 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 502 / 616 Next Page
Page Background

492

LIVRE

CINQUANTE~TROISIEME.

Toutes les forces alliécs se trouvant portées

en Jigne, l'action recommcm;a avec plus de vio–

lence. Au nord, la division du prince Eugene de

Wurtcmberg, secondéc par les grenadicrs russes

déja venus

a

son secours , et par les troupes

prussienncs récemment arrivées, se jeta sur Pan–

tin et les Prés Saint-Gervais, mais fut chaude–

ment

re~ue

par les divisions de jcune garde

Boyer de Rebeval et Michel, que commandait le

général Compans. Un momcnt les coalisés réus–

sirent a

s~eµi parer

des deux villages, mais nos

jeunes soldats s'adossant alors au pied des hau–

teurs ou ils rencontraicnt l'appui d'unc artiJlcrie

bien postée, reprirent courage, et rentrerenl

dans les viIJages, ou le earnage devint épouvan–

table. De ce coté, l'ennemi ne réussit done point,

quelque vigoureuse que fllt son attaque.

Sur le plateau de.Romainville, la défense fut

non pas moins énergique, mais moins heureuse.

Les troupes des généraux Helfreich et Mezenzoff,

soutenues par les grenadiers de Paskew.i.tch,

quoique d'abord repoussées, avaient fini par ga–

gner du terrain. Ayant réussi notamment

a

s'emparer de Montreuil et de Bagnolet, elles

s'étaient établies sur le versant sud du plateau,

et bien sccondées par les troupes du comte Pahlen

et du prince royal de Wurtemberg qui opé–

raient ' entre Vincennes et Charonnc, elles

avaient conquis les premieres maisons de Ménil–

montant. La division de réserve ' du duc de Pa–

doue qui formait la droite de l\farmont, se trou–

van t débordée, avai t été forcée de se replicr, et

<le découvrir les divisions ILagrange et Ricard

qui occupaient le milicu du plateau . Sur la

gauche de Marmont, Ja division Ledru des Es–

sarts, vivemcnt poussée d'arbrc en arbre dans le

bois de Romainville, voyait également le bois lui

échapper peu

a

peu.

Se sentant ainsi prcssé sur ses deux flanes,

I\farmont imaginn de tcnter un cJfort au centre

contre la masse ennemie qui s'avanc;'ait bien

serrée, couverte sur son front par une artillerie

nombrcuse, ap puyée sur ses ailcs par de forts <lé–

tachements de grosse cavalerie. Le maréchal se

mit lui-merne

a

la tete de quatre bataillons for –

més en colonne d'attsque, et fon tlit sur les g1·e–

nadiers russes qui marchaient en premiere ligne.

Douzc picces de canon chargées

a

mitraille t.ire–

rent de fort pres sur nos soldats, qui soutinrent

ce feu avec une fermeté héro'iqu e, et continue–

rcnt de se porter en avant. l\fais au meme instant

ils furent abordés de front par les grcnadiers

russes, et pris en flane par les

chevaliers-garde~

que conduisait Miloradowitch. Accablés par le

nombre, les quatre bataillons de I\farmont furent

ob~gés

de plier , apres s'ctre battus corps

a

corps avec une véritable fureur. Le maréchal

les ramena sur Belleville, et

il

allait succomber

sous la masse des assaillants de toutes armes,

quand un brave officier nommé Ghesseler, em–

busqué sur la droite, dans un petit pare dit des

Bruycres, dont il ne reste plus aujourd'hui que

Je souvenir, s'élan9a

a

la tete de

200

hommes

dans le flan c de la colonnc ennemie, et parvint

en dégageant le maréchal a lui faciliter la retraite

sur Belleville. Dans le meme moment le bois de

Romainville fut définilivement abandonné; et le

plateau étant évacué de toutes pa1'Ls, la défense

se trouva reportée, au centre sur Belleville,

a

droite (revers sud), vcrs Ménilmontant que Ja

division de Padoue était venue occuper, agauche

enfin (revers nord),

a

la

co.te

de Beauregard, ou

la division Ledru des Essarts avait trouvé un

asile. Au pied de celle-ci, les divisions Boyer

et l\lichel lutlaien t opiniatrément. Elles avaient

perdu Pantin, mais elles défendaicnt les Prés

Saint - Gervais avec la derniere obstinalion.

Parlout le combat étáit acharné, et les hommes

lombaient. par milliers , notamment parmi les

coalisés qui r ecevaient de tous cótés un feu plon–

geant. Dans la plaioe Saint-Denis, Kleist et Wo–

ronzoff avaient attaqué la ViJlette , défendue par

la division Curial; York attaquait la Chapelle, dé–

fendue par la division Christ iani, sous les yeux

du maréchal l\fortier . En avant de Clignancourt,

les escadrons de Blucher étaient aux prises avec

la cavalerie du général Bclliard, et avaient rare–

men t l'avantage.

Ainsi de la plaine Saint-Denis

a

la barriere du

Tróne, le combat continuait avec des chances

diverses. Notre ligue avait re'culé, mais les alliés

avaient déja perdu 10 mille hommes, et nous 5

a

'6 mille seulement. Nos soldats épuisés é·taient

soutenus par cet te idée que París éthit derriere

eux, et 24 mille hommes luttaient sans trop de

désavantage· contre

170

mille. Un moment on

annon9a l'arrivée de Napoléon (c'était la subite

apparition du général Dejean qui avait occasionné

ce faux bruit), et le cri de

Pi've l'Ernpereur!

propagé par une espcce de commotion électrique,

retentit dans nos rangs. Nos troupes, ranimées

par l'espérance, se jeterent avec fureur sur l'en–

ncmi. De part et d'autre on combattait avec une

sorte de r nge, car pour les uns il s'agissait d'at–

teindred'un seul couplcbut de l'a guerre,et pour

les autres d'arracher lcur palrie

a

un désastre.