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PREMI:ERE ABDICATION. -

DIAUS

1814.

487

pas, ne sachant que dire, que résoudre, et pleu·

rant. Enfin des messages réitérés de Clarke an•

norn;ant que la cavalerie légere de l'ennemi inon–

dait déja ]es environs de ]a capitale, elle parLit

vcrs midi, dévorée de chagrin, emmenant son

fils qui trépignait de dépit, et demandait ou on

le menait. - Ou on le mcnait, malheureux en–

fant

!...

AVicnne, oú il deva_it mourir, sans pere,

presque saos mere, sans patrie, rédu it

a

ignorcr

son origine glorieuse

!...

Malheur eux enfant, né

de la prodigieuse aventure qui avait uni un sol–

dat

a

la fille des Césars, et dont la destinée, aprés

nos revers, est ce qu'il y a de plus digne de pitié

dans ces événements extraordinaires

!

Le long cortége de cette cour consternée ,

triste exemple des vicissitudes humaines, fait

pour effrayer tout ce qui est heureux, s'écoula

vers Rambouillet, au milieu de la foule mécon–

tente, mais silencieuse, et prévoyant en ce mo–

ment !'avenir comme s'il lui cut été dévoilé tout

cntier. Douze cents soldats de la vieille garde

escortaient la Cour fugitive. Cette funeste jour–

née du 29, veille d'une journée plus funeste

encore, fut consacrée

a

quelques préparatifs de

défense. Joseph avait employé la matinée

a

exé–

cuter, en compagnie de plusieurs officiers, une

rcconnaissance des environs de Paris, ce qui

avait retardé ses réponses

a

l'Impératrice, et

il

en avait rapporté la conviction qu'avee les

moyens dont on disposait, on ne défendrait pas

la capitale vingt- quatre heures. 11 est certain

qu'avec les forces amenées par les deux maré–

chaux, avec les dépóts cxistant dans Paris, on

ne pouvait guere opposer plus de 22 ou 25 mille

soldats

a

l'ennemi qui en comptait pres de

200 millc. La garde nationale comprenait bien

12 mille hommes que le sentiment du devoir,

l'horreur de l'étranger, auraient convertís en

so]dats dévoués, rnais il y en avait tout au lJlus

5 ou 4 mille qui eussent des armes. Parmi le

peuple on aurait trouvé <les bras vigoureux, et

daos ce danger commun tres-dociles, mais on

n'avait pas de fusils

a

leur donner. Quant aux

ouvrages défensifs, nous avons dit qu'ils se bor–

naient

a

quelques rcdoutes mal armées ' et

a

quelques tambours en avant des portes, con–

struits en palissades et saos fossés. Napoléon ce–

pendant avait envoyé des ordres, malheureuse–

ment tres-généraux, tels qu'il

l.ui

était possiblc

de les envoyer de loin, et au milieu des mouvc–

ments si multipliés de l'armée

a~ti:ve.

D'ailleurs,

comme il s'agissait d'une résistance irréguliere,

outenue en e servant de tout ce qu'on avait

sous la main, rien ne pouvait etrc prévu ni

prescrit d'avance. 11 eut fallu que Napoléon füt

présent, avec sa volonté, son activité, son esprit

inventif , son indomptable énergie, pour tirer

partí des ressources qu'oITrait París ; et l'cxcel–

lent mais irrésolu Joseph , l'incapable et douteux

duc de Feltre, n'étaient guere propres

a

le sup–

pléer en parcille circonstance. Ils n'étaient frap–

pés que d'une chose, c'cst qu'ils avaient 20 ou

25 millc hommcs de troupes régulieres, et que

l'cnnemi en avait 200 mille. Certainement l'idée

d'une bataille daos ces conditions devait n'in–

spirer que du désespoir, mais c'éta it la plus

inepte des conceptions que de prétendrc livrcr

bataillc sous les murs de París, car la bataille

perdue, et

il

était impossible qu'ellc ne le füt

pas, tout était perdu, la bataille, Paris, le gou–

vernernent et la France. Il fallait défendre París

comme Je général Bourmont quclques jours au–

paravant avait défendu Nogent, comme le géné–

ral Alix avait défcndu Sens, commc lesEspagnols

avaient défendu leurs villes, comme le peup]c

parisien lui-meme a trop souvent défendu Paris

contre ses gouvernements, avec ses faubourgs

barricadés, avec sa population derriere les bar–

r icades, sauf

a

réserver l'armée de Jignc pour la

jeter sur les points ou l'ennemi aurait pénétré.

Or, pour une résistance de ce genre, lesressources

étaient loin de manquer. L'armée, avec ce qu'on

allait adjoindre aux corps des maréchaux Mar–

mont et Th'Jortier, pouvait bien etre portée

a

24,

ou 25 mille hommes. Il y avait 12 mille gardes

nn tionaux , auxquels on aurait pu livrer 5 ou

6 mille fusils ordinairement disponibles sur les

50 ou

4_.0

millc qu'on travaillait

a

réparer, et

que Clarke s'obstinait

a

conserver pour les

troupes actives, ce qui aurait élevé

a

8 óu 9 mille

le nombre de gardes nationaux qui auraient été

régulieremcnt armés. Le peuple de París aurait

fourni

a

cette époque 50

a

60 mille volontaircs

qu'il eut été facile d'arrner avec des fusils de

chassc dont la capitale a toujours ahondé, que

le zele des habitants cut offerts, et qu'en tout cas

on eút lrouvéles moycns de prendreadministrati–

vement. Vincennes contenail 200 bouches

a

feu

de tout calibre et des munitions immenscs. On

aurait pu en couvrir les bauteurs de Paris, et as–

surément personne n'eut refusé ses chevaux pour

les

y

transporter. En barricadant les rues des

faubourgs et de la ville, en plac¡ant Ja population

derriere ces IJarricades, en couvrant d'artillerie

cerlaines positions cboisies, en disposant l'armée

sur les points oú un succes de l'ennemi était

a