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LIVRE CINQUANTE-TROISIEME.
craindre, ou bien en Jajetant des hauteurs dans le
:flanc des colonncs d'attaqúc, comme la configura–
tion des lieux le permettait, il était possible cer–
tainement d'interdire
a
l'ennem i l'entrée de París,
au moins pour quelques jours. Les lieux eux–
memes, bien étudiés, eussent offert des ressources
dont on aurait pu se servir tres-utilement.
Tout le monde connait, ou pour l'avoir habi–
tée, ou pour l'avoir visitée, la grande capitale
qu'il s'agissait de défendre. L'ennemi arrivant
par la rite droile de la Seine, rencontrait forcé–
ment le demi-cercle de hauteurs qui entoure
París, de Vincennes
a
Passy, et qui renferme sa
partie la plus populeuse et
la
plus riche. Du
confluent de la Mame et de la Seine, pres de
Charenton, jusqu'a Passy et Auteuil (voir la carte
n° 62), une chaine de hauteurs plus ou moins
élevées, té\,11tot élargics en plateau comme
a
Ro–
mainviUe, tantót saillantes comme a Montmar–
tre, enceignent Paris, et offraient de précieux
moyens de résistance, meme avant qu'un _roi
patriote eút couvert ces positions de fortifica–
tions invincibles. Au sud et
a
l'est de ce demi–
cercle (en restant toujours sur la rive droite de
la Seine), se trouvent Vincennes, sa foret, son
chateau, et les escarpements de Charonne, de
Ménilmontant, <le Montreuil. La colonne enne–
mie qui se présente de ce coté est presque saos
communication avcc celle qui se présente au
nord-est, c'est-a-dire dans la plaine Saint-Denis,
a
moins qu'elle n'ait eu d'avance la précaution
de s'emparer du plateau de Romainville. Si cette
précaution n'a pas été prise, une force défensive,
bien établie sur le plateau de Romainville, peuL
tomber dans le flanc de la colonne ennemie qui
arrive par Vincennes, ou dans le flanc de celle
qui, traversantla plaine Saint-Denis, veutattaquer
les barrieres de la Villette, de Saint-Denis, de
Montmartre. Cette derniere colonne venant par
le nord-est
a
travers la plaine Saint-Denis, ren–
contre forcément la butte Saint-Chaumont, les
hauteurs de Montmartre, de l'Étoile et de Passy,
et si elle appuie trop vers l'Étoile, elle s'expose
a
etre acculée sur le bois de Boulogne, et jetée
dans la Seinc, grace au retour que cette rivicre
fait sur elle-mcme de Saint-Cloud
a
Saint-Denis.
Les hauteurs de l'Étoile; de Montmartre, de
Saint-Chaumont, de Romainville, étant couvcr–
tes de fortes redoutes et de beaucoup d'artillerie,
la ville étant barricadée et défendue par la popu–
lation, l'armée étant distribuée entre les bar–
rieres les plus menacées, mais réservéc surtout
pour occupcr le plateau de Romainville, une ré-
sistance
DC)2J
pas invincible assurémcnt, mais
prolongée quelques jours au moins, pouvait ctre
opposée
a
la coalition, et donner a Napoléon
le temps de manceuvrer sur ses derrieres, temps
sur lequel
il
avait compté, ·n'imaginaht pas que
la défensc de París se réduisit
a
une journée,
c'est-a-dire au nombre d'heures que 2!> mille
hommes mettraient
a
se battre en rase campagne
contre 200 mille.
Mais on n'avait songé ni
a
faire ces études de
terrain, ni
a
se servir de la population de Paris,
parce que, Napoléon étant absent, personne ne
savait ni peuser, ni agir. A peine restait-il a
ccux qui le
rempla~ai ent
le courage du soldat,
qui, dans notre pays, fait rarement défaut . Au–
dessous de Joseph, au-dessous de Clarke, qui au–
raient dú commander et ne commandaient pas,
le général Hulin était chef de la place de París,
et le maréchal Moncey chef de la garde natio–
nale. Chacun des deux s'occupait, sans aucun
concert avec l'autre, de ce qui le concernait spé–
cialement. Le général Hulin, brave homme, tres–
dévoué, mais habitué depuis longtemps
a
som–
meiller dans París, s'étaithatéd'envoyerquelqucs
picces de canon sur Montmartre et sur la butte
Saint-Chaumont. N'ayant pas l'autorité nécessaire
pour employer les chevaux des partiCuliers
a
transpo1·ter l'artillcrie de Vincenncs, il avait pu
a
peine trainer sur les hauteurs quelques bouches
a
feu' drcssées.sur desplates-formes inachevées,
et pourvues de munitions insuffisantes ou n'al–
lant pas au calibre des canoos. Le maréchal
~Ion
ccy, toujours disposé a remplir son devoir, apres
avoir vainement réclamé des fusils pour la
garde nationnale, avait obtenu au dcrnier mo–
ment les 5 mille fusils disponibles, les luí avait .
fait distribuer, pu is avait rangé les 6 mille gar–
des nationaux qu'il était parvenu
a
armer, les
uns derriere les palissades élevées aux barrieres,
les autres en réserve afin de les envoyer sur les
points les plus menacés.
Quant aux maréchaux l\farmont et l\fortier, le
ministre Clarke s'était borné
a
leur assigncr
comme terrain de combat le pourtour de París,
sans cxamincr s'il était raisonnable ou non de li–
vrer une bataille -en avant de la
capitale.Ilavait
confié la droite de ce pourtour
a
J.\Iarmont, qui
devai t défendre ainsi le sud et l'est des hauteurs,
c'est-a-dire l'avenue de Vincennes, les barrieres
du Tróne et de Charonne, le plateau de Romain–
ville, plus une partie du revers nord de ce pla–
tcau, jusqu'aux Prés Saint-Gervais. 11 avait con–
fié la gauche
a
Morlier, qui devait défendre le