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PRE1\11ERE ABDICA'fION. -

llIARs

l8i4.

491

aurions pu . en ce

~oment

infliger un grave

échec aux alliés. Mais loin d'etre en mesure de

prendre l'offensive, nous avions

a

peine de quoi

défendre nos positions. Dans cet état de choses,

le prince de Schwarzenberg attendant ses deux

ailes qui étaient en retard, et nos deux maré–

chaux étant réduits

a

la défensive, on se bornait

de part et d'autre

a

canonner et

a

tirailler, avec

grande supériorité, du reste, de notre cóté, grace

au zele des troupes et

ti

l'avuntage du terrain.

A cette heure, J oseph tenait conseil sur

la

butte Montmartre, ou il était allé s'établir.

Plusieurs officiers envoyés aupres des marécbaux

lui avaient apporté de leur part, avee la pro–

messe de se faire tuer eux et leurs soldats jus–

qu'au dernier homme, de tristes pressentiments

pour les suites de la journée, et

a

peu pres

In

eertitude d'etre obligés de rendre la eapitale. Ces

nouvelles agitaient fort Joseph , qui redoutait

non pas le danger, mais les humiliation s, et qui

ne voulait

a

aueun prix devenir prisonnier de la

eoalition. Orles progres de l'attaque lui faisaient

craindre d'etre en quelques heures au pouvoir

de l'cnnemi. On voyait du haut de Montmartre

les masses naires et profondes de Blucher tra–

verser la plaine Saint·Denis, et des officiers

venus des environs de Vincennes affirmaient

qu'a l'est et au sud on apercevait une nouvelle

armée qui tournait París, et cherchait a y péné–

trer par les barrieres de Charonne et du Tróne.

Ainsi ce qu'on recueillait par les yeux, ce qu'on

recueillait par la bouche des allants et ven:rnts,

tout annonc;ait une catastrophe imminente. Jo–

seph en délibéra avec les ministres qui l'avaient

accompagné, avec les directeurs du génie et de

l'artillerie, et tout le monde fut d'avis que sous

quelques heures il faudrait rendre París. En effet

la défcnse étant réduite

a

une bataille livrée en

plaine dans la proportion d'un contre dix, le ré–

sultat ne pouvait etre douteux, quelque braves

que fussent nos soldats et nos généraux. En pré–

sence d'une telle certitude, Joseph résolut de

s'éloigner. Des reconnaissances lui ayant appris

qu'on découvrait déjal es Cosaques sur le chemin

de la Révolte et

a

la lisiere du bois de Boulogne,

il se bata de partir, en ordonnant aux ministres

.de le suivre, ainsi qu'on en élait convenu,

lorsque le moment supreme serait arrivé. Pour

toute instruetion il autorisa les deux maréchaux,

quand ils ne pourraient plus se défendre,

a

sti–

puler un arrangemen-t qui garantit la sureté de

Paris, et procurat

a

ses habitants le meilleur .

traitement possible.

Sus ces entrefaites, l'attaque de l'ennemi avait

fait des progres inévitables. Au nord, e'est-a–

dire dans la plaine Saint-Denis, le maréchal

Blucher avait francbi enfin la distance qui le

séparait de nos positions. Le général Langeron

avait repoussé d'Aubervilliers et de Saint-Denis

nos faibles avant-postes, et envoyé sa cavalerie et

son infanterie légeres par le chemin de la Ré–

volte jusqu'a la Jisiere du bois de Boulogne. Le

gros de son infanterie se dirigeait vers le pied

de 1\'Iontmartre, tandis que Je corps du général

d'York prenant a gauche (gaucbe des alliés) se

portait sur la Chapelle par la route de Saint–

Denis, et que les corps de Kleist et de Woron–

zoff, prenant plus agauche encore, marchaient

sur la Villette. Le prince de Scbwarzenberg,

voyant Blucher en ligne, lui demanda un renfort

pour aider le prince Euger;ie de Wurtemberg

a

enlever Pantin, les Prés Saint-Gervais, tous les

villages, en mot, situés au pied du plateau de

Romainville. La division p1•ussienne Kotzler, les

gardcs prussienne et badoise furent alors en–

voyées au secours du corps de Rajeífsky, et pas–

serent le canal de l'Ourcq, pres de la ferme du

Rouvray, pour participer

a

une nouvelle attaque.

Tandis que ces mouvements s'exécutaient au

nord, le prince royal de 'Vurtemberg au sud

av~it

franehi également la distance qui le séparait

du point d'attaque, et apporté son concours aux

troupes alliécs. Apres avoir traversé le pont de

Neuilly-sur-1\farne, et y avoir laissé le corps de

Giulay pour garder ses derrieres,

il

avait marché

sur deux colonnes, l'une longeant les bords de

la l\'Iarne, l'autre traversant par le cbemin le

plus court

la

foret de Vincenncs. La premiere

avait enlevé le pont de Saint-1'\faur, eontourné la

foret, et assailli Charenton par la rive droite.

Les gardes nationales des environs, qui avee

l'École d'Alfort défendaient le pont de Charcn–

ton' se trouvant prises

a

rcvers ' avaient été

forcées, malgré une vaillante résistancc, d'aban–

donn er le poste, et de se jeter

a

travers la cam–

pagne sur Ja gauche de la Seine. Cette colonne

ennemie ayant atteint son but, qui était d'oc–

cuper tous les p0nts de la Marne pour empecher

aucun corps auxiliaire de venir troubler l'atta–

que de Paris , s'était mise

a

tirailler avec la

garde nationale devant la barriere de Bercy. La

seconde colonne du prince de "Vurtemberg avait

travcrsé en ligne droite le bois de Vincennes, et

preté assistance au comte Pahlen, ainsi qu'aux

troupes de Rajeffsky et de Paskewitch qui atta–

quaient Montreuil, Bagnolet, Charonne.