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PREl\HERE ABDICATION. -

nrAns

tSU.

495

.En ce moment se passait

a

Vincennes un fait

a

jamais glorieux pour ·1a jeunesse francaise. En

avant de la barriere du Treme se

tro~vait

une

batteric scrvie par des vétérans et par les éleves

de l'Écolc polytechniqnc, que l\Iarmont, cxclusi–

vement occupé de ce qui se passait sur le plateau

de Romainville, avait prcsque laissée sans appui. ·

Cctte hatterie s'étant cngagée trop avant sur

l'avenuc de Vinccnnes, afirl de tirer contre la

cavalerie de Pahlen, fut tournée par quelques

escadrons qui, passant par Saint-Mandé, vinrenl

la prendre

a

rcvcrs. Les braves élcves de l'École,

abrés sur leurs pieces, résisterent vaillammcnt,

et furent heurcusement secourus par la garde na–

tionale postée

u

la barriere du Trone, et par un

détachement dcdragons. Ces dernicrs, s'élarn;ant

sur les pieces, parvinrent

a

les reprcndre. On

ramena la ba tterie sur les hauteurs de Charonne,

et la, aidés d'une foulc d'hommes du peuple

armés de fusils de chassc, nos braves jeuncs gens

continuerent

a

fairc un fcu meurtrier.

La clef de toute la positfon était

a

Belleville :

tant que ce point culminant de la chalne des

hauteurs n'était pas emporté, la massc cnncmic

qui combattait au nord, devant la Villettc, la

Chapclle et l\fontmartrc, celle qui combattait au

sud, entre Vincennes et Charonne, ne pouvaient

pas faire de progres sérieux. La ligne courbe des

alliés était commc arretée vcrs son milicu,

a

un

point fixe qui était Belleville. Belleville en efl'et

domine le plateau deRomainville lui-mernc. Des

clOtures nombreuses, jointcs

a

l'avantage de la

position, y rendaient la résislance plus facile.

l\farmont, établi en cet cndroit avec les débris

des divisions Lagrangc, Ricard, Padoue, Ledru

des Essarts, disposant en outre d'une nombreuse

artillerie de campagne,

y

tenait ferme contre

une multitude d'assaillants,et il avait fait répon–

dre. au message de Joseph qui autcirisait les ma–

récbaux a traiter, que jusqu'ici

i1

n'était pas

encorc réduita se rendrc. L'officierdu maréchal,

porteur de cettc réponse, avait trouvé J oscph

parti, et

il

était revenu sans avoir pu rcrnplir sa

mission.

Cependant l'heure

fa

tale approcbait. Le prince

de Schwarzenberg ne voulan t pas finir la

j

ournée

sans avoir enlevé le point décisif, avait ordonné

d'y diriger deux colonnes d'attaque, une au 'sud,

qui passant entre l\fénilmontant et le cimetiere

du Pere Lachaise, s'emparerait du boulevard

extérieur, et séparerait ainsi Belleville de l'en–

ceinle de Paris; une au nord, qui serait chargée

d'emportcr

a

tout prix les Prés Saint-Gervais;

la Pclitc-Villette, la buttc Saint-Chaumont, et

viendrai t par le nord donncr la main

a

la colonne

qui aurait passé par le sud.

Vaincre ou périr était dans ce moment la loi

des coalisés, et

i1

lcur fallait forcer tous les

obstaclcs sans aucunc perte de temps, car

a

chaquc instant Napoléon pouvait survenir, et

s'il les cut trouvés repoussés de Paris, il les au–

rait cruellemcnt punis d'avoir osé s'y montrer.

Vers trois hcures de l'apres-midi l'action recom–

rnen9a violemment. Le chef de bataillon d'artil–

lerie Paixbans, qui prouva dans cettc journée ce

qu'on aurait pu faire avec de la grosse artillerie

bien postéc, avait placé huit pieces de gros cAli–

bre au-dcssus de Cbaronne, sur les pentes de

l\lénilmontant, quatrc sur le revers nord de Bel–

leville, et huit sur la buttc Saint-Chaumont. 11

était pres de ses pieces chargées

a

mi traille, avec

ses canonniers les uns vétérans, les autres jeunes

gens des Écoles, et attendait que l'ennemi, mai–

trc de la plaine, essayat d'aborder les bauteurs.

En eífet les grcnadiers russes s'avancent les uns

au sud du plateau par Charonne, les autres sur

le platcau meme en face de Belleville, les autres

enfin au nord,

a

travers les Prés Saint-Gervais.

Tout

a

coup ils sont couverts de mitraille ; des

lignes entieres sont renversées. Pourtant ils sou–

tiennent le fcu avec constancc, gravissent au sud

les pentes de Ménilmontant, et vicnnent par le

boulevard cxtérieur prendre Belleville

a

revers,

Belleville ou le maréchal l\farmont se défend

avec acharnemcnt. L'autrc division de grena–

dicrs, qui avec les Prussiens et les Badois atta–

quait Pantin, les Prés Saint-Gervais, la Petitc–

Villctte, et les avait arrachés aux divisions Boyer

et Michel presque détruites, gravit la butte Saint–

Chaumont sous le feu plongeant des batteries

du commandant Paixhans, cmporte la bi.Itte qui

faute de troupes n'était pas défendue par de l'in–

fanterie, et se joint a la colonne qui arrive du

revers sud par Charonne et Ménilmontant. Les

ennemis, ayant gagné le boulevard extéricur par

ses deux pentes nord et sud, se trouvent ainsi

entre Bellcville et la barriere de ce nom, qu'ils

sont pres d'enlever.

A

cettc nouvellc le maréchal l\farmont, qui

n'avait pas cessé de se maintenir

a

Belleville, se

voyant coupé de l'enceinte de Paris, réunit ce

qui luí reste d'hommes, et ayant

a

ses cotés les

.généraux Pelleport et l\feynadier, le colonel

Fabvier, fond l'épée a la main sur

l~s

grenadiers

russes qui commern;aicnt a pénétrer dans la

grande rue du Faubourg du Temple. 11 les re-