PRE.l\JIERE ABDICATION. -
DIAns
1814.
489
terrain depuis le canal de l'Ourcqjusqu'a la Seine,
c'est-a-dire la plaine Saint-Denis.
Ces deux maréchaux, apres tous les combats
qu'ils avaient soutenus pendant leur relraite,
ne ramenaient pas en tout -plus de 12 mille
hommes. On lcur adjoignit le général Compans
qui s'était sauvé par miracle, et qui avait avee
lui la division de jeune garde récemment orga–
nisée a Paris, et la division Ledru des Essarts
tirée des dépóts. Il avait environ 6 mille bafon–
nettes. On le plat;a sous les ordres du maréchal
l\iarmont. Le général Ornano, commandant les
dépóts de la garde, en avait. tiré encore une di–
vision de 4 mille jeunes gens, n'ayant jamais vu
le feu, et arrivés a Paris depuis quelques jours
seulement. Elle était commandée par le général
1'fichel, et fut mise sous les ordres du maréchal
1'fortier. Gr:ice a ce dcrnier sccours, les forces
actives des deux maréchaux s'élevaient
a
22mille
hommcs. En arriere d'eux, 6 mille gardes na–
tionaux, quelqucs centaines de vétérans et. de
jeunes gens des Écoles attachés au se1·vice de l'ar–
tillerie, portaient a environ 28 ou 29 miIJ c les
défenseurs de la capitale, et ces bravcs gens,
comme on vient de le voir, avaient, pourles pro–
téger, quelques pieces de canon sur les hauteurs
de:Montmartre, de Saint-Chaumont, de Charonne,
et quclques palissades en avant des barrieres.
Les maréchaux, arrivés dans la soirée du 29 ,
eurent tout jusle le temps de voir le ministre de
la gucrre, et de s'entretenir un instant avcc lui,
pendant que lcurs troupes prenaient un rcpos
indispensable. La confusion était si gr ande, que
quoiquc l'administralion des subsistances eut
réuni des vivres en suffisantc quantité, les soldats
eurent
a
peine de quoi se nourrir. Il vécurcnt
uniquement de Ja bonnevolonté des habiLanLs. Les
deux maréchaux les laisserent reposer quelqucs
beures, pour les portcr ensuite sur le terrain oú
ils devaient combaLLr e.
Les souverains alliés ét:iient le 29 au soir au
cbateau de Bondy, et, abordant París par Je
nord-est, ils avaient résolu de l'atlaquer par la
r ive droi te de la Seine, car aueun ennemi, a moins
d'y eLre contraiut par des circonslances extra–
ordinaires, n'aurait voulu joindre aux difficul–
tés naturelles de l'attaque celles d'une opération
exécutée au dela de la Scine, avec charge de re–
passer cette r ivierc en cas d'insucccs. Ayant
done a opérer sur la rive droite de la Scinc,
les généraux de la coalition combinerent leurs
efforts conformément a la nalure des lieux. lis se.
décidcrcnt a trois aLLaqucs simultanées : une
a
l'est, exécutée par Barclay de 'folly, avec le corps
de Rajeffsky et toutes les réserves {
oO
mille
hommes environ), ayant spécialement pour but
d'enlever , par Rosny et Panlin, le plateau de
Romainville; une au sud, pour seconder la pré–
cédcnte, exécutée par le prince royal de Wurtcm–
berg, avee son corps et eelui de Giulay (a peu
pres 50 mille hommes), et devant aboutir a tra–
vers le bois de Vincennes aux barrieres de Cha–
ronne et du Tróne; enfin, une troisieme, au
nord, dans Ja plaine Saint-Denis, exécutée par
Blucher
a
la tete de 90 mille hommes, et parti–
culierement dirigée contre les hauteurs de Mont–
martre, de Clichy, de l'Étoile. De ces trois co–
lonnes, la plus
ava n~ée
dans sa marche était
celle de Barclay de Tolly . Celle de Blucher, ve–
nue par la route de 1'feaux, et ayant
a
gagncr
Ja cbaussée de Soissons, était, le 29 au soir, moins
rapprochée du but que les deux au tres. Le prince
de Wurtcmberg qui avait eu
a
longer la Marne,
el l'avait passée tard, était également en arrierc.
11 fut convenu que les uns et les autres entre–
raient en action le plus tót qu'ils pourraient.
De notre cóté les maréchaux Marmont et Mor–
tier, étant arrivés a une heure fort avancée
d~
la
soiréc, et ayant couché entre Charcnton, Vin–
ccn ncs, Charonne, durcnt venir par le sud occu–
per les hau teurs. l\1armont avec ses troupes
gravit les escarpements de Charonne et de
Montrcuil, pour aller s'établir sur le plateau de
Romainville et sur le revcrs nord de ce plateau
jusqu'aux Prés Saint-Gervais. (Voir le plan de
París dans la carte n° 62.) 1"1ortier avait encore
plus de chcmin a parcourir. Montant par le
boulevard extérieur de Charonnc a Belleville,
ayant ensuitc a descendre sur Pantin, la Villette
et la Chapelle, il devait enfin, gagner la plaine
Saint-Denis, pour s'établir la droiLe au canal de
l'Ourcq, la gauche
a
Clignancourt, au picd meme
des bauteurs de Montmartrc. Il lui fallait done,
pour etre en ligne, beaueoup plus de temps qu'a
Marmont. Heureusemcnt
il
devait avoir affaire
a
Blucher, qui était lui-meme en retard, et
il
avait ainsi la certiLude de n'etre pas devaneé par
l'cnnemi.
.
Marmont, se fiant trop légerement au rapport
d'un officier, n'avait pas cru que le plateau de
Romai nviIJe
fUt
occupé, et par ce molif ne s'était
gucre pressé d'y arriver. Lorsqu'il s'y présenta ,
les troupes de Rajcífsky en avaient déj a pris
possession. Avec 1,200 hommes de la division
Lagrange,
il
se jeta sur les avant-posLes cnnemis,
les chassa du plateau, et les refoula sur Pantin