PRElUJERE ABDICATJON. -
nrAns
1814.
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Le général Pacthod en e.ffet, chercliant
a
re–
joindre les marécbaux, s'était porté au dela. de la
Ferc-Champeooise, et, pour les'rctrouver, s'était
avancé jusqu'a Villeseueux. Ayaot appris la leur
mouvement rétrograde, il revenait, poursuivi
par la cavalcrie de
Wassiltsiko.ff, et se dirigeait
sur l.a Fcre-Champenoise au moment meme ou
Mortier en .;ortait. Le génér,al Pacthod, qui ne
se flattait plus d'y arriver, avait pris le parti
de se retirer vers Pierre-1\forains et Banncs,
da ns l'espérance de ·trouver un asile pres des
marais de Saint-Gond. 11 marchait avcc trois
mille gardes nationaux formés en cinq carrés, et
avait -été contraint de se réfugier dans un fond
couronné de tous cótés par les troupes cnnemies.
Ces troupes ne se reconnaissant pas d'abord, car
elles appartenaient celles-ci a Blucher, cellcs-la
au prince de Schwarzenberg, avaient tiré les
unes sur les autres . Bieotot revenues de leur
erreur, eJles avaient croisé leurs feux sur les mal–
heureux carrés du général Pacthod.. Les deux
derniers de ces carrés, chargés de faire l'arriere–
garde depuis Villeseneux, n'avaient cesséde mon–
trer une con tenance hérolque, quoique eomposés
de gardes nationauxqui pour la plupart n'avaient
jamais fait la guerre. Entourés et accablés de
mitraille ~
ils avaient tenu fcrme jusqu'a ce que
clémolis par l'artilleric, et enfoneés enfin par la
cavalerie, ils fussent sabrés presque jusqu'au
dernier hommc. J,es trois autres, poussés vers
le marais de Saint-Gond, finirent par se confon–
dre en une seulc masse, se refusant toujours,
sous des flots de mi traille, a mcttre has les armes.
Chaque décharge d'artillerie y produisait d'af–
freux ravages.
L'empereur Alexandre et le roi de Prusse,
accourus sur les lieux, furent touchés de tant
<l'héro'isme. Alexandre envoya un de ses officiers
les sommer en son nom, et alors ce· qui en
r estait se rendit a lui. Ce prince ne put s'empe–
cher de concevoir des inquiétudes en voyant de
simples gardes nationaux se défendre avec cclte
énergie, et
il
en témoigna son étonnement et
son admiration quelques jours plus tard. Noble ·
et triste épisode de ces guerres aussi folles que
sanglantes
!
Cette cruellejournée de Ja Fere-Champenoisc,
que les coalisés ont décorée du nom de batai!Je,
et qui ne fut que la rencontre fortuite de 200
mille bommes avec quelques corps égarés qui
se battirent daos la proportion d'un contre dix,
nous coUta environ 6 mille morts, blessés ou
prisonniers, saos comptcr une artillcric tres-
coNSOLAT.
5.
nombreuse. Le corps du général Compans, ayant
de bonne heure pris le parti de rétrograder,
avait marché sur Coulommicrs, et
il
put de–
vancer sain et sauf les masses cnncmies sur la
route de l\Ieaux.
Le lendemain 26 mars, les deux maréchaux ,
comptant
a
peu pres 12 mille hommcs a eux
deux, se dirigerent sur la Ferté-Gaucher, pour
gagner la Marnc entre Lagny et Meaux, et venir
défendrc París, car la Marne, comme on sait, se
jetant daos la Seine
a
Charenton, c'est-a-dire
au-dcssus de Paris, protége cctte capitale contre
l'ennemi arrivant du nord-est. (Voir la cartc
ne
62.) Ils travcrserentSézanne debonne heure,
n'y trouverent que qiielques Cosaques qu'ils
dispersercnt, et continuerent leur chemin par
Mreurs et Esteroay. Le maréchal l\fortier for–
mai t la tete, le maréchal Marmont Ja queue de
la colonne.
Dans la scconde moitié du jour, les postes
avancés de notre cavalerie signalercnt l'ennemi
a la Fcrté-Gaucher, ce qui causa une extreme
surprise et une sorte d'épouvante. Le général
Compans ayant pu y passer quelques heures
auparavant, et l'ennemi qui nous poursuivait
étant derriere nous, on ne comprenait pas com–
ment on était ainsi devaneé. Pourtant la chose
était fort naturclle, quoiqu'elle parut ne pas
l'etrc. Blucher, en se portant sur Chalons pour
s'y joindre a l'armée de Boheme, avait laissé
Bulow devant Soissons, et lancé Kleist et d'York
sur les traces des deux maréchaux. Kleist et
d'York les avaient suivis sur Chateau-Thierry,
et de Chateau-Thierry s'étaient jetés dirccte–
ment sur la Fepté-Gaucher, pour leur coupcr Ja
route de París.
Mortier et Marmont délibérerent sur le ter–
ra in meme, et convinrent, le premier de forcer
le passage
a
la Ferté-Gaucher, pendant que le
sccond eontiendrait l'ennemi acharné
a
les pour–
suivre, en défendant la position de Moutils
a
oulrance. En e.ffet la division de vieille gardc
Cbristiani attaqua vigoureusement la Ferté–
Gaucher, mais ne put délogcr l'ennemi bien
posté sur les bords du Grand-Morin. De son
coté le maréchal Marmont se défendit vaillam–
ment au défilé de Moutils. On remplit ainsi la
journée, mais le creur dévoré de soucis, et sans
savoir comment on sortirait de ce coupe-gorge,
car on avait les troupes alliécs devant et derrierc
soi. Vers la nuit cependant on imagina de se
rabattre agauche, en marchanta tx·avers champs,
et d'essayer de gagner Provins par la traverse
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