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PRElUJERE ABDICATJON. -

nrAns

1814.

481

Le général Pacthod en e.ffet, chercliant

a

re–

joindre les marécbaux, s'était porté au dela. de la

Ferc-Champeooise, et, pour les'rctrouver, s'était

avancé jusqu'a Villeseueux. Ayaot appris la leur

mouvement rétrograde, il revenait, poursuivi

par la cavalcrie de

Wassiltsiko.ff

, et se dirigeait

sur l.a Fcre-Champenoise au moment meme ou

Mortier en .;ortait. Le génér,al Pacthod, qui ne

se flattait plus d'y arriver, avait pris le parti

de se retirer vers Pierre-1\forains et Banncs,

da ns l'espérance de ·trouver un asile pres des

marais de Saint-Gond. 11 marchait avcc trois

mille gardes nationaux formés en cinq carrés, et

avait -été contraint de se réfugier dans un fond

couronné de tous cótés par les troupes cnnemies.

Ces troupes ne se reconnaissant pas d'abord, car

elles appartenaient celles-ci a Blucher, cellcs-la

au prince de Schwarzenberg, avaient tiré les

unes sur les autres . Bieotot revenues de leur

erreur, eJles avaient croisé leurs feux sur les mal–

heureux carrés du général Pacthod.. Les deux

derniers de ces carrés, chargés de faire l'arriere–

garde depuis Villeseneux, n'avaient cesséde mon–

trer une con tenance hérolque, quoique eomposés

de gardes nationauxqui pour la plupart n'avaient

jamais fait la guerre. Entourés et accablés de

mitraille ~

ils avaient tenu fcrme jusqu'a ce que

clémolis par l'artilleric, et enfoneés enfin par la

cavalerie, ils fussent sabrés presque jusqu'au

dernier hommc. J,es trois autres, poussés vers

le marais de Saint-Gond, finirent par se confon–

dre en une seulc masse, se refusant toujours,

sous des flots de mi traille, a mcttre has les armes.

Chaque décharge d'artillerie y produisait d'af–

freux ravages.

L'empereur Alexandre et le roi de Prusse,

accourus sur les lieux, furent touchés de tant

<l'héro'isme. Alexandre envoya un de ses officiers

les sommer en son nom, et alors ce· qui en

r estait se rendit a lui. Ce prince ne put s'empe–

cher de concevoir des inquiétudes en voyant de

simples gardes nationaux se défendre avec cclte

énergie, et

il

en témoigna son étonnement et

son admiration quelques jours plus tard. Noble ·

et triste épisode de ces guerres aussi folles que

sanglantes

!

Cette cruellejournée de Ja Fere-Champenoisc,

que les coalisés ont décorée du nom de batai!Je,

et qui ne fut que la rencontre fortuite de 200

mille bommes avec quelques corps égarés qui

se battirent daos la proportion d'un contre dix,

nous coUta environ 6 mille morts, blessés ou

prisonniers, saos comptcr une artillcric tres-

coNSOLAT.

5.

nombreuse. Le corps du général Compans, ayant

de bonne heure pris le parti de rétrograder,

avait marché sur Coulommicrs, et

il

put de–

vancer sain et sauf les masses cnncmies sur la

route de l\Ieaux.

Le lendemain 26 mars, les deux maréchaux ,

comptant

a

peu pres 12 mille hommcs a eux

deux, se dirigerent sur la Ferté-Gaucher, pour

gagner la Marnc entre Lagny et Meaux, et venir

défendrc París, car la Marne, comme on sait, se

jetant daos la Seine

a

Charenton, c'est-a-dire

au-dcssus de Paris, protége cctte capitale contre

l'ennemi arrivant du nord-est. (Voir la cartc

ne

62.) Ils travcrserentSézanne debonne heure,

n'y trouverent que qiielques Cosaques qu'ils

dispersercnt, et continuerent leur chemin par

Mreurs et Esteroay. Le maréchal l\fortier for–

mai t la tete, le maréchal Marmont Ja queue de

la colonne.

Dans la scconde moitié du jour, les postes

avancés de notre cavalerie signalercnt l'ennemi

a la Fcrté-Gaucher, ce qui causa une extreme

surprise et une sorte d'épouvante. Le général

Compans ayant pu y passer quelques heures

auparavant, et l'ennemi qui nous poursuivait

étant derriere nous, on ne comprenait pas com–

ment on était ainsi devaneé. Pourtant la chose

était fort naturclle, quoiqu'elle parut ne pas

l'etrc. Blucher, en se portant sur Chalons pour

s'y joindre a l'armée de Boheme, avait laissé

Bulow devant Soissons, et lancé Kleist et d'York

sur les traces des deux maréchaux. Kleist et

d'York les avaient suivis sur Chateau-Thierry,

et de Chateau-Thierry s'étaient jetés dirccte–

ment sur la Fepté-Gaucher, pour leur coupcr Ja

route de París.

Mortier et Marmont délibérerent sur le ter–

ra in meme, et convinrent, le premier de forcer

le passage

a

la Ferté-Gaucher, pendant que le

sccond eontiendrait l'ennemi acharné

a

les pour–

suivre, en défendant la position de Moutils

a

oulrance. En e.ffet la division de vieille gardc

Cbristiani attaqua vigoureusement la Ferté–

Gaucher, mais ne put délogcr l'ennemi bien

posté sur les bords du Grand-Morin. De son

coté le maréchal Marmont se défendit vaillam–

ment au défilé de Moutils. On remplit ainsi la

journée, mais le creur dévoré de soucis, et sans

savoir comment on sortirait de ce coupe-gorge,

car on avait les troupes alliécs devant et derrierc

soi. Vers la nuit cependant on imagina de se

rabattre agauche, en marchanta tx·avers champs,

et d'essayer de gagner Provins par la traverse

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