PRE1'1IERE AJ,3DICATION. -
MARS
181.5.
479
Soudé-Sainte-Croix,
a
une demi-marche de Vi–
try. S'ils trouvaient une issue
a
travers les colon–
nes de l'armée coalisée, leur intention était de
s'y jeferaveuglément afin de rejoindre Napoléon.
S'ils n'y pouvaient réussir, et si cette &rmée res–
tait interposée en masse compacte entre Napoléon
et eux , leur projet était de suivre ses mouve–
ments avec précaution, et , de se replier pour .
couvrir París, si elle se dirigeait sur celte capitale.,
11 n'y avait en effet que cette conduitc
a
tenir,
une fois Ja faute commise de s'etre retiré sur Fis–
mes au 1ieu de se retirer sur Reims.
Le lendemain 24 mars, les deux maréchaux
se rendirent
a
Soudé-Sainte-Croix; mais lemaré–
chal l\fortier, voulant savoir ce qui se passait du
coté de Cbalons, im::igina de prendre la traverse
de Vatry qui devait néccssairement allonger sa
route. Le soir Marmont, arrivé
a
Soudé·Saintc–
Croix, se trouva seul au rendez-vous, et en fut
fort inquiet. Une ligne immense de feux se déve–
loppait devant lui, et l'horizon en paraissait em–
brasé. Il choisit trois de ses officiers parlant
a
la
fois allcmand et polonais, et les envoya en rc–
connaissancc. L'un de ces trois officiers, Polonais
d'origine , aussi brave qu'intelligent , pénétra
daos les bivacs ennemis, et y apprit tout ce
qu'il voulait savoir. 11 revint aussitót faire son
rapport au maréchal Marmont. Suivant ce rap–
port, on avait devant soi toutes les armées de la
coalition, deux cent mille hommes
a
peu pres, et
on était par cette masse énorme séparé de Napo–
léon partí pour Saint-Dizier. Il n'était guere pos–
sible de parvenir
a
travers un pareil obstacle
jusqu'a l'armée impériale. Marmont dépecha un
officicr
a
l\fortier pour l'inviter
a
le rejoindre au
plus vite, et l'engager
a
prendre en arrierc une
posilion qui les mit
a
l'abri du dangcreux voisi–
n:ige dont on venait de faire la découvertc.
Le jour suivant, 25 mars , Mortier se trans–
porta aupres de :Marmont pour avoir un entre–
tien avec luí. 11 avait perdu du temps
a
exécuter
le. trajet par la traversc de Vatry, et y avait re–
cucilli les memes informations que son collegue.
En préscnce de cette conformité de renscigne–
ments, tous deux furent _d'avis de rétrogradcr sur
Ja Ferc-Champenoise. Les colonncs de l'ennemi
paraissant se diriger sur eux, rendaient d'ailleurs
ce mouvement inévitable. Marmont s'appreta
done
a
se retirer sur Sommesous, en priant
instamment son colleguc de se diriger sur ce
point.
Telles avaient été jusqu'au 25 mars au matin,
moment oú les armées alliées s'ébranlaient pour
marcher sur París, les opérations des maréchaux
Marmont et Mortier. Deux autres corps, ceux du
général Pacthod et du général Compans, allaient
se trouver dans une situation
a
peu pres sem–
blable. Le général Pacthod avait été Jaissé
a
Sézanne avec
53
division de gardes nationales,
pour escorter les rcnforts destinés a l'armée.
11
avait successivement recueilli divers bataillons,
les uns de ligne, les autres de jeune garde venus
de París sous le général Compans, et une im–
mense artillerie, le tout comprenant environ une
dizainc de mille hommes, sur fesquels Napoléon
avait compté pour le renforcer, et qu'il avait
plusieurs fois rccommandés
a
la surveillance du
ministre de la guerre. Ce ministre ne s'en était
guerc occupé, et ces bataillons erraient
a
!'aven–
ture, attendant des instructions qu'on ne lcur
envoyait point. Le généra l Pacthod, informé par
diverses rcconnaissances qu'il était pres de Mar–
mont et de l\Jortier, avait écrit
a
ce dernier qui
n'avait su quoi lui prescrire, et, ne recevant pas
de réponse,
il
s'était acheminé de Sézanne sur la
Fer e-Champenoise, daos la direction de l'Aube a
la i\farne, ce qui devait le faire tomber en tra–
vers de la ligue suivie par les deux maréchaux ,
et lui fournir le moyen de seréunir
a
eux. Daos
cette mcme matinée du 2!> il avait déja traversé
cettc ligne, et il était pres d'un endroit appelé
Villcscneux. (Voir la carte nº 62.) Le général Com–
pans avait suivi de tres-Join le général Pacthod .
.Voili1 quelle était la position des divers corps
fran<;ais Jorsque le 25 au matin, les armées coali–
sécs, abandonnant
a
Wintzingerode la poursuite
de Napoléon, prirent le chemin de Paris. Blu–
cher s'avan<;ait
a
droite s'appuyant.
a
la Marne,
Schwarzenbcrg
a
gauche, s'appuyant
a
l'Aube.
Pres de vingt mille hommes de cavalerie précé–
daient les deux colonnes. L'infanterie suivait
a
une demi-hcure de distance.
Des que le maréchal Marmont vit l'orage se
diriger de son cóté, il comprit que l'ennemi dé–
laissait Napoléon pour se porter sur Paris, et
il
rebroussa chemin vers Sommesous, route de la
Fere-Champenoise.Lemaréchal,excellentmanreu–
vricr, rélrograda en bon ordre, abri tant sa cava –
Jcrie, trop peu nombreuse, derriere ses carrés
d'infanterie. Achaque position tenable il s'arré–
tait, couvrait de mitraille l'enncmi trop pressant,
puis se remettait en marche, protégeant toujours
son artillerie et sa cavalerie avec ses carrés dont
la solidité ne se démentait point.
A Sommesous,
il
éprouva une nouvelle con–
trariété. l\fortier, quoique en se hatant, n'avait