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LUTZEN ET BAUTZEN. -

llIAI

i8i5.

59

ment secret, mais formel et écrit, que les Russes

auraient été autorisésa publiersi on l'avait violé.

Il n'y avait done pas moyen de se plier aux exi–

gences rle M. de Narbonnc, et M. de Metternich

fut obligé de luí résister, tres-doucement daos la

forme, mais tres-opiniatrément dans le fond. -

Oui,je suis votre allié, répondit-il a M. de Nar–

bon·ne ; je le suis, je vcux continuer

a

l'etre; mais

je suis médiateur aussi, et tan t que mon róle de

médiateur nesera pas épuisé par le refus de con–

ditions raisonnables, je ne puis pas redevenir

belligérant. - M. de Mettemich reproduisit

ensuite tout ce systeme d'argumentation adroite

et subtile, que l'on connait déja, et dont nous

n'avions pas intéret

a

le fairc sortir, tant que

nous ne voulions pas en arriver a un éclat avec

l'Autriche, et

a

la guerre avee cette puissance.

Puis abandonnant les subtilités, et abordant les

considéra.tions de bon seos,

1\1.

de Metternich

supplia M. de Narbonne de ne pas insisler davan–

tage, de ne pas le mettre daos une fausse posi–

tioo, en lui demandant ce qu'il ne pouvait pas

aceorder, c'est-a-dire la reprise des hostilités

contre les Russes. - Si je vous refuse trente

mille hommes aujourd'hui, répéla-t-il, c'est pour

vous en donner cent cinquante mille plus lard,

lorsque noJis serons d'accord sur une paix pro–

posable et acceptablc par l'Europe. - Ces paroles

fort sages ramcuaient la seule, la grande ques–

tion du moment, celle des conditions de la paix,

s11r laquelle nous avions complétement tort, et

qui devait entrainer notre ruine. M. deNarbonne

revenant encore

i:i.

la charge,

.M.

de l\fotternich

alla jusqu'a luí dire que c'était une

fa

ute d'insis–

ter a ce point, car il croyait savoir que Napoléon

_ne voulait pas qu'on poussat a bout la

CO Ul'

d'Au–

triche. En effet,

l\L

de Bubna revenant de París

fort touché des soins dont

il

avait été l'objet.,

affirmait que Napoléon désirait marcher d'accord

avec son beau-pere, et que , si on s'y prenait

bien, on amenerait bientót un arrangement rai–

sonnable des affaires européeones.

1\1.

de Bubna

courut effectrvement chez M. de Narbonne, le

pressa de ne pas troubler l'intimité prete a re–

O'aitre entre le gendre et le beau-pere,

le

supplia

de prendre patience, lui disant que, moyennant

qu'on

füt

tant soit peu taisonna:ble, Fes coalisés

le seraien:t si peu, que de gré ou de force la cour

d'Autriche reviendrait

3'

Napoléon, et qu'alors ce

n'étaient pus trente mi!JFeAutrichiens qu'on aurait,

mais deux cent mille.

Ce langage était fort sensé, mais M. de Nar–

boone, tout plein desdépeches qu'il avait rei;ues,

alar-mé de ce qui pourrait arriver si les ordres

de Napoléon parvenant

a

Cracovie a M. de Fri–

mont n'y 1·encontraient que la désobéissance, si

le prince Poniatowski rcfusant de se laisset' désar–

mer,

il

éclatait une collision entre les Polonais

et les Autrichiens, cédant aussi

a

l'impulsion de

son role, qu'il s'était attaché a entendre tout

autrement que son prédécesseur

1\1.

Otto, crut

bien faire en remettant une note formelle par

laquelle, invocyuantle traité d'alliance du

14

mars

1812,

rappelant la confirmation que les Autri–

chiens lui en avaient plusieurs donnée,

il

som–

mait la cour de Vienne ou d'exécuter ce lraité,

ou de déclarer qu'il n'existait plus. Craignarit

néanmoins apres cette démarche la réponse qui

pourrait lui etre adressée, et voulant la prévenir,

il demanda une enlrevue

a

l'empereur Frnnc;ois,

et admis tout de suite aupres de ce monarque,

le conjura de ne pas rejeter l'Autriche et la

France, l'une a l

'éga.rd

de l'autre, d:ins un état

d'hostilité qui jusqu'ici n'ava it amené que des

mal heurs, et pouvait en entr11iner de plus grands

encore. L'cmpereur accueillit M. de Narbonne

avec beaucoup de politesse et de calme, lui

répéta !out ce que luí avait dit M. de Metternich,

ajouta meme nssez finement que s'il ava it voulu

s'assurer de l'accord qui existait entre le souve–

rain et le ministre dirigeant, il allait se retirer

édifié; que pour luí , il désirait r ester l'allié de

son gendre, mais saos abandonner un róle qui

éta it le seul que le peuple autrichien lui vit

adopter avec plaisir, celui de médiateur ; qu'il

y

persisterait jusqu'au bout, et ne! s'en départirait

que lorsqu'il aura it perdu toute espérance d'opé–

rer un rapprochement entre les puissances belli–

géranles.

11

finit, comme

l\f.

de Melternich, par

d ire qu'il était porté

a

croire que M. de Narbonne,

sans doute pour dégagcr sa responsabilité per–

sonnelle, en faisait trop, et allait au dela des

vraies intcntions de son maitre.

M. de Narbonne insista de nouveau sur les

graves conséquences que pourrait avoir un éclat

public a Cracovie, sur la nécessité de le prévenir,

et refusa de tetirer sa note.

M. de Melternich, obligé enfin d'y répondre,

avait un moyen tout simple de sortÍ'r d'embarras,

c'était de recóurir

a

la déclaration qu'il avait

faite le

12

avril, quand on lui avait proposé

d'entrer dans les événemcnts par une action des

plus vives. Il avait pris acle alors de ce qu'on lui

proposait pour avouer le role demé<liateur a.:.-mé,

pour annoncer des armements considérables mis

~u

service de la médiation, et pour établir que