LUTZEN ET BAUTZEN. -
MAI
i8.f5.
3!i
Donnenberg et de Czernichef. Napoléon prescri–
vit
a
cette division de se diriger en toute bate sur
Wittenberg, pour se joindre au dela de Torga u
au maréchal Ney. Il s'en fiait de la sureté du
has Elbe et des départemcnts hanséatiques au
général Vandamme, qui déja était a Breme avec
une partie des bataillons des anciens corps recom–
posés, et a la victoire de Lutzen elle-meme. Le
maréchal Ney, qui de ses 48 mille hommes en
conservait 55 ou 56, allait done recucillir Reynicr
avec 15 ou 16 mille Fran<;ais et Saxons, le duc
de Bellune ame
·1
o
mille Fran<;ais , le général
Sébastiani avec 14 mille, ce qui devait former un
total de 80 milie hommes sous huit jours. C'est a
lui que revenait l'honneur de poursuivre Blucher,
si Blucher prenait la route de Bcrlin, et d'entrer
dims cette capitule apres lui. Napoléon voulait
ainsi opposer la fougue de Ney
a
la fougue du
héros de la Prusse. Si au eontraire l'ennemi, ne
s'étant pas divisé, songeait
a
combattre encorc
une fois avant de repasser l'Elbe, ce qui élait peu
vraisemblable,
il
suffisait de deux jours pour
ramener les 80 mille hommes de Ney dans le
flanc de l'armée coalisée. Napoléon, poursnivant
au lieu d'etre poursuivi, avait le ehoix du mo·
ment et du lieu oú
il
luí conviendrait de livrer
une seeonde bataille.
Napoléon se réservait le soin de marcher lui–
meme a la suite de Ja principale masse des coalisés
avec Oudinot et Bertrand, renforcés l'un d'une
divísion bavaroise, l'autre d'une division wurtem–
hergeoise, aveel\farmont qui n'avait pas perdu plus
de 600 a 700 hommes, avec Macdonald qui en avait
perdua peine 2 mille, avecLaurist<m, qui en avait
Jaissé 600 ou 700 devant Leipzig, avec la garde
enfin, diminuée d'un millier d'hommes , c'est-a–
dire avec environ 140 mille combattants. Ces
dispositions arretées, et apres avoir recommandé
a
Ney de bien remettre ses troupes, d'exiger
l'établissemcnt de six mille liits pour ses blessés
a
Leipzig, de se pourvoir daos Ja meme ville de
tou:t ce dont
il
aurait bcsoin, Napoléon partit de
Pégau en trois colonncs. La principale, composée
de Macdonald, de l\farmont, de la
gard~,
et diri–
gée par le prince Eugenc en personne, devait
gagner par Borna Ja grande rou te de Dresde,
eelle qui passe par Waldheim et Wilsaruff. La
seconde, composée de Bertraad et d'Oudinot, se
tenant a quatre ou cinq lieucs sur la droite, devait
suivre par Rochlítz, l\Iittwejda et Freyberg le
pied des montagnes de Bohemc. La troisieme,
formée du corps de Lauriston seulement, et se
tenant
a
quelques lieues sur
fa
gauche,
deva~t
par
'Vurtzen eourir sur Meissen, l'un des points de
passage de l'Elbe les plus utilcs
a
occuper, et
lier Napoléon avec le maréchal Ney. L'ennemi
était assez évidemment en retraite pour qu'on ne
füt pas exposé
a
le trouver en masse sur un point
quelconque, et des colonnes de cinquante, de
soixante mille hommes, suffisaient pour toutes les
rencontres probables. D'ailleurs en quelques heu–
res on pouvait réunir deux de ces colonnes, ce
qui permettait de prévenir tout accident, et
outre qu'on vivait plus a l'aise, qu'on s'éclairait
mieux en suivant les trois routes qui menaient
a
l'Elbe, on avait aussi la chance d'envelopper par
cette sorte de réseau les détachements égarés,
qu'on ne pouvait pas prendre a
la
course faute
de cavalerie.
Napoléon partit le 5 mai au matin pour Borna,
afin de se mettre a la suite de sa principale
colonne. Le prince Eugene le précédait.
Arri~
a Kolditz sur la l'\Iulde, ce prince trouva l'arriere–
garde des Prussiens postée le long de la riviere,
dont les ponts étaient détruits. 11 remonta un
peu
a
droite' découvrit un passage pour une
eolonne et pour une partie de son artillerie, et
vint s'établir sur une hauteur qui dominait la
grande route de Dresde. Les Prussiens furent
alors obligés d'abandonner les bords de la riviere,
et de se retirer en toute bate, en défilant sous le
feude vingt pieces de canon. lis perdirent ainsi
quelques centaines d'hommes , et se retirerent
vers Leissnig, en passant
a
travers les lignes d'un
corps russe qui était en position
a
Seyfersdorf,
en avant de Har ta. Ce corps était celui de l\'lilo–
radovich, qu'une fausse combinaison avait privé
d'assister
a
la bataille de Lutzen. l\'Iiloradovich
était un vaillanthomme, impaticnt de sesignaler,
comme
il
l'avait déja fait tant de fois, et désireux
aussi de répondre aux Prussiens, qui se plai–
gnaient fort de ce qu'a Lutzen on avait laissé
pcser sur eux seuls tout le poids de la hataille,
propos assez fréquents entre alliés as-sociés a une
oouvre aussi difficile que la gucrre. Apres s'etre
ouvert pour Jaisser défiler les Prussiens, l\filora–
dovich reforma ses r angs, et. profitant des avan–
tages de sa position, il tint forme.
te
prince
Eugene l'attaqua avec vigueur, et ne par"\'.'int
a
le
déloger qu'en le· tournant. On perdit 70'0
a
800
hommcs de part et d'autre, mais faute de cava–
lerie nous ne pumes fai're des prisonnicrs. Les
Russes, bien qu'ayant sacrifié plusicurs cirn–
taines d'hommes poúr ralentir notre marche'
furent obligés de nous livrer un grand nom–
bre d:e vo'itures chargées de blessés, et d'en dé-